Masters 2022 : réactions d’Adam, Evgeniia et Geoffrey, Camille et Pavel, Océane et Denys, et Maé-Bérénice

Evgeniia et Geofrey
On est contents de notre danse libre et de notre compétition. On n’avait pas vraiment de stress, mais beaucoup de choses à prouver. On a passé 6 semaines à Montréal avec l’équipe d’IAM [Ice Academy of Montreal], on a beaucoup travaillé, on voulait que ça se voit. On sait qu’on peut faire encore mieux, mais c’était une bonne performance, qui lance la saison.

A Montréal, c’était juste exceptionnel. On avait comme retour qu’on était de bons techniciens, mais qu’on manquait de connexion entre nous. C’est ce point en particulier qu’on a travaillé.
Un jour par exemple, Gabriella nous a dit ‘maintenant, vous allez vous regarder tout le temps pendant le programme, et si vous arrêtez, on recommence au début’. La première fois ce n’est pas évident, la deuxième fois ça vient un peu plus facilement, puis ensuite c’est presque automatique. Au point où on nous dit désormais ‘vous vous regardez, c’est bien, mais pas trop non plus, n’oubliez pas les juges et le public !’. Ca a été une expérience formidable. Dès le premier jour, on a senti qu’on aurait autant d’importance que n’importe quel autre couple de l’Académie.

Choisir des musiques d’Edith Piaf, l’idée vient surtout d’Evgeniia qui est une très grande fan ! C’est Guillaume qui a fait le montage. Il y a eu déjà pas mal de programme sur ces musiques, on voulait se démarquer. Travailler avec lui, c’est en fait comme avec les autres coachs, exceptionnel !

Pendant 2-3 semaines, on a travaillé sur l’interprétation, mais aussi sur le cardio pour pouvoir mixer le tout, sans voir ce que ça donnait. Puis on a vu des vidéos, la différence était très nette ! Et ce après seulement 3 semaines, sachant qu’on y est restés deux fois plus longtemps. On a vraiment l’impression d’avoir franchi un cap, c’est ce dont on avait besoin pour préparer le prochain cycle olympique. Pour les prochains mois on va rester en Europe, avec la compétition à Budapest la semaine prochaine ; on aura ensuite un peu de temps pour préparer nos Grand Prix. On pense retourner à Montréal après les France Elite, pour préparer les Europes, où on vise un top 6, et les Mondes où on espère être dans les 10 premiers.

Adam
Je suis content de mon programme libre. Hier sur le court j’étais stressé, surtout de vouloir bien faire. Je me suis trouvé mou en rentrant sur la piste, alors que non, tout allait bien ! J’ai ressenti la même chose avant le libre, ce coup-ci je me suis fait plus confiance.

Tout le travail que j’ai effectué paye, ça fait plaisir, tout va dans la bonne direction. Je sais pourtant que je ne suis pas à mon maximum. Je n’ai pas fait trop attention au score technique, ce que je cherche avant tout c’est faire une bonne performance et présenter un programme de bonne qualité.

C’est sûr, cette victoire me lance dans la bonne direction pour la suite de la saison, je vais chercher à me rapprocher des podiums sur les Grands Prix, aux Europe voire aux Mondes. Techniquement je pense avoir ce qu’il faut, je ne suis pas en retard. Et qui sait, je vais peut-être rajouter un autre quadruple. Le Lutz ou le flip, ça dépend de celui qui sera plus stable le moment venu, en ce moment c’est plus le Lutz (Cédric Tour, son entraîneur, confie juste après que pour le moment, le but est de stabiliser le programme en l’état, sans rajout d’autres quadruples).

Cet été j’ai beaucoup travaillé pour améliorer mes notes de composantes, c’était assez intense. Surtout dans la souplesse, il faut savoir être relâché dans la chorégraphie, mais rapidement redevenir tonique pour lancer les sauts, ça a été beaucoup de répétitions.

Venir à Nice après Poitiers et Courbevoie, ça a été une décision sur laquelle j’ai beaucoup réfléchi. Je me suis demandé ce qu’il me fallait pour repartir sur un cycle olympique, et le choix s’est ensuite fait logiquement.

Océane et Denys
On est très contents ! Ca ne fait que 7 mois qu’on patine ensemble, c’est un très beau résultat.

Denys, comment t’es-tu adapté à ta nouvelle partenaire ?
Au départ, j’avais tendance à faire les portés, et même le Twist d’ailleurs, de la même façon qu’avec Cléo, alors qu’Océane n’a pas la même morphologie ni le même centre de gravité. Sur les portés on a beaucoup travaillé la position des mains pour retrouver le bon équilibre. Pour le Twist, mon expérience passé a déjà apporté 50% du job, on travaille particulièrement la sortie, je dois être très précis dans la façon avec laquelle je la rattrape car c’est ce qui détermine le niveau de l’élément est les GOE. On sait faire le triple, mais un double bien exécuté peut rapporter plus.

Océane, qu’est-ce qui a été le plus dur avec Denys ?
J’ai déjà fait un an de couple, j’avais donc des bases, mais je ne faisais pas énormément de choses avec mon ancien partenaire, ça n’allait pas. Denys avait eu des très bons résultats avec son ancienne partenaire, j’avais un peu peur de ne pas être au niveau. Mais je sais où je veux aller, donc il n’y avait qu’une chose à faire : travailler ! Et les portés ne me font pas peur, j’adore ça !

Denys : je pense qu’elle est un peu folle pour ça (rires)

Quels sont vos objectifs pour la suite ?
Nos objectifs pour cette saison : confirmer notre participation au Grand Prix d’Angers, peut-être ensuite les Europes ou les Mondes, il faut qu’on réalise les minima d’abord.

Camille et Pavel
C’était dur ! Je pense que ça s’est vu sur la fin, même sur le milieu en fait. Mais vu les notes, surtout en composantes, on sent qu’on a encore de la marge, car on s’est trouvés lents, et le score n’est pas mauvais dans l’ensemble. Un de nos objectifs cette saison était de faire plus de 160, là on les dépasse, il va falloir trouver de nouveaux challenges ! On vise un top 5 en Challenger, ce qui nous permettrait d’engranger des prize money, et intégrer le top 10 aux Europes, si c’est nous qui y allons, pour ramener deux quotas, et un top 10 aux mondes également.

L’année dernière on n’était pas sûrs de pouvoir continuer cette année, même si l’envie était là. Mais notre 8ème place aux Mondes nous a permis d’être sur les listes ministérielles et d’avoir des subventions, ça compte beaucoup.

Au point de vue technique, on pense inclure le triple flip lancé dans le court, et le triple Salchow parallèle plus tard dans la saison. On pensait le faire ici, mais j’ai été malade après Oberstdorf, c’était risqué. On a préféré jouer la sécurité pour patiner propre et montrer le travail qu’on avait fait sur la vitesse, la finition des éléments, tous les points qu’on avait eu comme retours en fin de saison dernière comme axe de progrès. Sinon on travaille la spirale en dehors avant, mais vous ne la verrez pas tout de suite, on en est loin !

Maé-Bérénice

Comment te sens tu ?
Je me sens bien ! Physiquement tout va bien, la cheville, et même le genou vont bien, ça fait une grosse différence. Je suis très contente d’être de retour sur la glace, c’est beaucoup d’émotions. Ma première compétition c’était aussi beaucoup d’émotions, peut-être trop. Mais je suis là, je prends vraiment du plaisir à patiner. C’est différent par rapport à l’avant blessure : avant chaque programme j’avais presque une peur bleue de les faire, ça ne se voyait peut-être pas mais ils étaient vraiment difficiles, avec les douleurs à droite à gauche, qui pouvaient devenir insupportables, il fallait tout gérer, ce n’était pas évident. Désormais le mot-clef c’est ‘plaisir’, car si je ne me concentre pas dessus, personne ne le fera pour moi !

Et même si j’ai mes années de patinage derrière moi, il me faut encore beaucoup apprendre pour appréhender les compétitions sous cet angle, je n’ai pas tellement l’habitude de patiner dans cette optique. C’est pour cela que j’ai prévu plusieurs compétitions dans les mois à venir : la coupe de Nice, ensuite Courmayeur, je croise les doigts pour le Grand Prix à Angers, les championnats de France, le début de saison va être bien rempli. Pour optimiser mes déplacements, mon camp de base sera Egna en Italie, je retournerai en Floride plus tard.

Comment as-tu géré ton retour sur glace ?
C’est comme toujours beaucoup de travail ! Il y a toujours quelque chose à améliorer, ça peut être du gainage, de la chorégraphie,… J’ai aussi énormément analysé mes compétitions passées, parfois d’il y a assez longtemps. Tout ce travail vidéo a aidé à ce que je revienne. Car je me souviens de certaines compétitions où je me sentais vraiment bien, d’autres moins, je regarde tous les paramètres qui peuvent rentrer en jeu. Des fois c’est un kilo ou 500 grammes en plus ou en moins, sur un élément ça peut être la position de la jambe qui était plus en dehors, un piqué qui était un millimètre plus à droite. Ca peut se jouer à quasi rien ! Et le ressenti n’est pas forcément le meilleur ami : parfois je ne me sentais pas complètement à l’aise, mais l’élément était chouette, des fois c’est l’inverse. La vidéo apporte cet œil extérieur qui me sert beaucoup, Sylvia filme aussi beaucoup mes entraînements.

Avec tout ce travail, je peux vraiment analyser finement mes performances, savoir ce qui marche pour moi pour pouvoir le répliquer. C’est minutieux, mais j’en ai besoin, je n’ai plus la fraîcheur que peuvent avoir Léa, Maïa ou Lorine. Par contre j’ai beaucoup d’expérience, sur quasiment tous les types de compétitions.

Comment vois-tu la suite de ta carrière ?
Je me connais beaucoup mieux maintenant, c’est une Maé transformée qui est devant vous ! Je sais ce que je veux, où je veux aller, je ne reviens pas pour une seule année… pourquoi pas quatre ! Mais je sais aussi beaucoup plus écouter mon corps, je n’en ai qu’un et j’en ai besoin ! J’ai dû réapprendre à marcher, hors de question de me blesser à nouveau. Donc s’il faut lever le pied, je le fais, je ne pousse plus la machine comme je pouvais le faire avant. Mes entraîneurs sont alignés avec moi, si je leur dis ‘aujourd’hui, ce sera plus léger’, ils comprennent, ce n’est pas de la flemmardise, ils voient bien que quand je suis sur la glace, je me donne à 1000 pourcents. Je reste donc à l’écoute de mon corps, et je prends le tout étape par étape. Et s’il le faut, et bien, je prendrai une autre voie, j’ai déjà accompli beaucoup dans ma carrière.

Justement, quelle pourrait être cette autre voie ?
Là tout de suite, je ne me vois pas entraîner, je passe beaucoup de temps dans une patinoire, j’aimerai bien en sortir de temps en temps, il parait qu’il y a du soleil dehors ! Pas pour tout de suite donc, mais par contre je veux redonner au sport ce que j’ai appris. Chorégraphie, participation au centre de haut niveau, conseil sur tout ce qui est motivation, je pense que je peux apporter pas mal de chose. Peut-être des shows aussi ! Mais pour l’instant, c’est la glace. Je laisse un peu de côté tout le travail sur mon application, ça avance juste un peu moins vite en ce moment, mais ce n’est que partie remise.