Quelques mots avec Kiira Korpi et Laura Lepistö…

Un peu de lecture pendant la pause estivale ! Je vous propose de revenir quelques mois en arrière lors des championnats d’Europe à Espoo, où j’ai pu discuter avec Kiira Korpi et Laura Lepistö.

Kiira Korpi
Quintuple championne de Finlande, Kiira est également doublement médaillée de bronze aux championnats d’Europe (2007, 2011) et vice-championne d’Europe en 2012. Elle a participé à six championnats du monde et deux Jeux Olympiques, avant de terminer sa carrière à la fin de la saison 2015. Elle a ensuite publié deux livres, ses mémoires en 2018 et ‘Comment survive au monde impitoyable du patinage artistique en compétition’ en 2022 (malheureusement non traduits en français à ce jour); elle s’y fait notamment la voix de méthode d’entraînement plus respectueuse de l’athlète et de sa santé mentale.

Comment t’es-tu habituée à ta vie d’après compétition ?
« Je pense que je suis toujours en train de m’y habituer, la transition n’est pas facile ! Je suis toujours proche de la glace, j’entraîne en Finlande des patineurs juniors. Je ne les suis pas en compétition, donc je n’ai pas le stress de les voir patiner sans pouvoir rien faire pour les aider ; je suis plutôt un entraîneur en soutien des entraîneurs principaux. Je commente également pour la télévision comme ici pour ces championnats. »

Comment as-tu trouvé la compétition sur ces championnats ?
« C’était très excitant de voir patiner notre championne nationale, elle a fait un très bon programme ! Elle a su rester calme et concentrée. Kimmy Répond c’est une vraie découverte, je ne la connaissais pas ! Dommage pour Loena, elle a une telle vitesse et une élasticité, elle n’a pas patiné au mieux aujourd’hui. Le programme d’Anastasiia était solide, la voir remporter le titre ici est émouvant, elle était très touchée à la fin de son programme. Pas évident quand vous patiner en dernière position pour le titre ! »

De ton côté, tu continues à patiner ?
« J’ai fait quelques spectacles, dont un avec des rollers, c’était dans une pièce de théâtre. Ca change beaucoup d’une patinoire, c’est plus intimiste, c’était une bonne expérience, mais je ne l’ai pas répétée. Je patine encore un peu bien sûr, la compétition et les entraînements ne me manquent pas, mais patiner devant un public, s’exprimer sur une musique, si ! Sur ces championnats je retrouve ces sensations, et je retrouve mes amis. »

Et pour la suite ?
« Je vais continuer à entraîner, ma spécialité est la partie mentale, pour que les patineurs n’oublient pas la joie de patiner avant tout. Je vais aussi sortir un livre au mois de mars, mais croyez-le ou non, ce sera un recueil de poésie [le livre est effectivement sorti, mais uniquement en finnois] ! J’ai aussi interprété Sonja Henie dans un film pour la télévision norvégienne en 2017, c’était très amusant car les arabesques se faisaient avec la jambe levée, et il a fallu apprendre les croisés arrière à la façon de l’époque, avec les bras qui moulinent ! J’essaye donc de profiter des occasions qui se présentent.

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Laura Lepistö
De son côté,  Laura Lepistö est double championne de Finlande, triple médaillée aux championnats d’Europe : bronze en 2008, argent en 2010 et or en 2009. Elle a participé à trois mondiaux et à une olympiade, avant de tirer sa révérence en 2010. Elle s’est marié en 2015 et est maman d’un petit garçon de deux ans.

Comment as-tu géré la fin de ta carrière ?
« La fin de ma carrière sportive n’a pas été très dure à gérer, car c’est à ce moment que j’ai repris l’école, j’ai suivi des cours de marketing à l’université d’Helsinki, et j’ai patiné dans des shows. Donc ça n’a pas été une coupure brutale, tout s’est enchaîné assez logiquement. »

Tu as participé au spectace ‘the snow queen’ récemment, peux-tu nous en dire un peu plus ?
« Oui, ‘Ice Queen’ est une grosse production qui a été organisé en Finlande. J’étais honorée car on m’a proposé le rôle-titre. Tout était de haut niveau : la mise en lumière a été réalisé par un compatriote finlandais qui travaille pour le Cirque du soleil, les costumes ont été réalisée par la costumière de l’opéra national de Finlande. Il y a plus de 100 personnes dans le show, des anciens patineurs, des patineurs toujours en activité, des danseurs, l’équipe de synchro de Marigold Ice Unity, et mêmes des joueurs de hockey ! Le concept du spectacle va être vendu à l’international, je pense qu’une partie du casting va faire la tournée, mais je vais rester en Finlande. On s’est beaucoup entraînés pour ce spectacle. Ce n’était pas vraiment stressant car on était prêts, on était plutôt fiers de tout ce qu’on a pu réaliser. Le spectacle s’est joué en fin d’année dernière, dans la toute nouvelle patinoire de Tampere qui est la plus grande du pays, la salle était comble, c’était un grand moment.»


« Du coup, quand on m’a demandé de patiner pendant la cérémonie d’ouverture ici, j’étais hésitante, mais comme j’avais beaucoup patiné récemment, je me sentais prête physiquement. Et ça m’a ramené quelque temps en arrière, la fois où j’avais patiné dans cette patinoire pour les championnats d’Europe. »

Tu as aussi participé à ‘Dancing with the stars’ en Finlande ?
« C’était il y a quelques années déjà ! C’était vraiment une chouette expérience, c’est assez différent du patinage même si on a des bonnes bases. Pour les danses latines, par contre c’est moins évident, en patinage artistique on a quand même souvent le haut du corps assez raide, on patine souvent avec les bras tendus. Les danseurs sur glace ont plus l’habitude de ce genre de souplesse. Mais ça m’a confirmé que quelque soit le support, j’aime beaucoup la performance dans les spectacles, l’entraînement qu’il faut faire pour être prêt, la tension au moment où on réalise le programme. C’est mon truc ! »

As-tu d’autres activités ?
« J’ai pas mal de casquettes, je ne suis jamais loin de la glace en Finlande. J’ai été membre de la fédération finlandaise pendant plusieurs années, j’organise des camps de patinage, sur cette compétition je commente aussi pour la télévision, je représente une marque de patin américaine. »

Penses-tu rajouter un jour la casquette d’entraîneur ou celle de coach ?
« Entraîneur, pendant les stages oui, je l’ai déjà fait, par contre à plein temps, avec la responsabilité qui incombe, je ne me vois pas vraiment. Il faut vraiment être passionnée et avoir énormément de temps à y consacrer. Et la chorégraphie… je n’en ai jamais monté, je pense qu’il vaut mieux que je laisse cela aux autres ! »