Gabriella Papadakis et Guillaume Cizeron ont une nouvelle fois survolé la compétition, une nouvelle fois avec un nouveau record, mais on ne s’en lasse pas ! Sans leurs concurrents directs, uniquement entourés de leurs compagnons d’entraînement, dans une patinoire acquise à leur cause, on les sent particulièrement détendus, ils se donnent à fond, sachant qu’en fin de saison ils maîtrisent complètement leur programme. Quelle énergie ! Ils empochent 92.73 points sur cette rhythm dance, avec un niveau 3 seulement pour Gabriella sur la suite de pas, mais une pluie de ‘10’ sur les composantes. Nouveau record avec 92.73 points.
En deuxième position, Madison Hubbell et Zachary Donohue emportent le public sur un medley de Janet Jackson. Patineurs puissants, ils se déplacent rapidement avec une bonne couverture de la glace. Les juges semblent également les apprécier, leur attribuant la note suprême de ‘10’, mais en moins grand nombre (sept fois, contre vingt-quatre fois pour Gabriella et Guillaume). Leurs qualités de glisse sont indéniables, je trouve parfois leur interprétation en peu trop en force, les voir 3èmes ne m’aurait pas choqué ; mes oreilles ont également eu un peu de mal vers la fin du programme. Avec un keypoint non validé sur le Blues et une suite de pas niveau 3, ils empochent 89.72 points.
Madison Chock et Evan Bates prendront leur revanche l’année prochaine, ils ont annoncé continuer alors que leurs compatriotes font leur dernière compétition. D’entrée, la musique de Billie Eilish façonne une atmosphère sensuelle et ambigüe, dans laquelle Madison exprime son caractère félin à la perfection. Peut-être un peu moins rapides, je les ai trouvés plus en nuance que Madison et Zachary. Plus de deux points et demi de retard (87.51 points), sans contre-performance demain dans le libre le podium ne devrait pas changer. Ils ont pour leur part obtenu trois fois la note maximale sur les composantes.
Eux aussi attendent leur heure, ils seront des prétendants sérieux l’année prochaine aux meilleures places. Charlène Guignard et Marco Fabbri ont d’ailleurs déjà été médaillés aux derniers championnats d’Europe avec le bronze. Medley de Michaël Jackson au programme, une interprétation intéressante, et une régularité impressionnante qui devrait finir de convaincre les juges. Ils sont 4èmes avec 84.22 points.
Piper Gilles et Paul Poirier semblent eux avoir perdu une partie de leur charme auprès des juges. Médaillés en bronze l’année dernière sur cette même compétition, ils ne terminent ici que 5èmes avec 80.79 points, à près de 7 points du podium. Leur suite de pas n’est que de niveau 2, alors que leur interprétation de musique d’Elton John, dans des costumes orange fluo, est plutôt bien sentie.
Dans la suite du classement, j’ai apprécié le toucher de glace de Finlandais Juulia Turkkila et Matthias Versluis. Entraînés par Maurizio Margaglio, ils sont pour l’instant 12èmes avec 71.88 points. Ils ont énormément progressé cette saison, alors qu’ils viennent tous deux des rangs artistiques.
Juulia :
On s’est bien sentis sur cette rhythm dance, la saison a été longue, notre première compétition était le Lombardia Trophy en septembre ! Il a fallu être au meilleur de nos possibilités plusieurs fois dans la saison, même si nous n’avons pas pu participer aux championnats d’Europe, mais on a gardé en nous cette volonté de présenter nos programmes, on n’avait pas tout donné.
Comparé à l’individuel, ce qui est vraiment bien en danse c’est d’évoluer à deux, de partager les bonnes et les mauvaises choses. Si l’un de nous deux rate un élément, cela reste une erreur de notre duo. Les sauts ne me manquent pas du tout, c’est peut-être moins le cas pour Matthias, qui était fort sur ces éléments.
Mon coup de cœur va pour le couple de frère et sœur Natalie Taschlerova et Filip Taschler : leur choix musical basé sur des hits de Madonna dénote, même si sent l’inspiration du ‘Flashdance’ de Gabriella et Guillaume. Filip aborde un bandeau dans les cheveux, pour une tenue ‘aerobic’ ! Ils séduisent le public et les juges, pour se placer tout juste devant les Finlandais avec 72.55 points.
Gageons que nous retrouverons ces deux couples sur tout le prochain cycle olympique !
Natalie et Filip :
On est contents, on a fait la RD qu’on avait rêvé de faire toute la saison. Surtout que l’ambiance ici est géniale, le public est présent, c’est super, ça donne beaucoup d’énergie.
On n’a pas d’objectif en termes de place, on voulait surtout se qualifier pour le libre, ce qu’on n’avait pas fait l’année dernière. Ensuite, on veut surtout se faire plaisir ! L’idée de patiner sur des musiques de Madonna c’est l’idée de notre entraîneur. On voulait une musique que toute le monde connait et qui nous démarque des autres concurrents. On a toujours notre mot à dire, mais on a validé tout de suite !
Kana Muramoto et Daisuke Takahashi prennent quant à eux la 15ème place avec 67.77 points. Ils ont choisi une approche originale avec des musiques japonisantes, mais Takahashi a raté sa deuxième série de twizzles.
Gros moment, l’arrivée sur la glace d’Oleksandra Nazarova et Maksym Nikitin, les danseurs ukrainiens. Qu’ils soient présenst aujourd’hui et qu’ils arrivent à tenir leur programme est déjà un tel exploit. Dans ces conditions leur performance est tout à fait honorable, même si elle reste en fin de compte secondaire. Que d’émotion à la fin du programme ! Ils prennent le temps de saluer chaque partie du public, et annonceront un peu plus tard leur forfait pour le programme libre. Mille fois mercis.
Pour revenir à la compétition, quelques mots de Marie-France et Patrice Lauzon, qui entraînent ici quasiment la moitié des patineurs :
Après les Jeux, on a laissé les patineurs prendre du repos, on avait du temps puisqu’il y avait 4 semaines avant les mondiaux. On a repris ensuite l’entraînement, avec des séances intenses mais courtes dans le temps. Ce qui était vraiment chouette, c’est que chaque couple a retrouvé rapidement ses programmes, mais avec des petits plus !
Marie-France :
C’est une ambiance très particulière, car ils se connaissent tous très bien et sont amis. Avec ceux qui arrêtent leur carrière comme Madison et Zachary c’est vraiment particulier, car le groupe tel qu’il est vit ses derniers instants. Il faut gérer ces émotions-là, en ce moment je ne termine jamais une journée sans les yeux humides !
Patrice :
Mais justement, il faut profiter de l’énergie des derniers moments. Et comme on dit : le travail d’abord, ensuite on pourra savourer, justement puisque le job aura été fait. Cette compétition sera de toute façon spéciale ! Il faut se servir de ces émotions, c’est la base de notre sport.