Championnats de France 2021 : les réactions des champions

Gabriella Papadakis et Guillaume Cizeron (après la rhythm dance)
Je vous ai senti vraiment dans la glace aujourd’hui, était-ce la même sensation de votre côté ?
Gabriella : On s’est bien sentis, on est là où on veut être dans notre préparation. En début de saison on est forcément plus concentrés sur l’exécution technique du programme que sur l’interprétation, aujourd’hui c’est la première fois où j’arrive à faire les deux.
Guillaume : C’est toujours spécial de patiner aux championnats de France, il n’y a pas le stress du résultat, mais toujours l’envie de bien faire devant notre public.

Est-ce que cette absence d’enjeu peut à l’inverse conduire à un trop grand relâchement ?
Guillaume : c’est un risque en effet, car cette compétition ressemble un peu à un entraînement grandeur nature, mais avec l’expérience on arrive à gérer.

Gabriella, la chute sur les twizzles pendant l’échauffement, est-ce que peut permettre de rester concentrée ?
Gabriella : oui tout à fait, en tout cas je l’ai pris comme ça, ça remet dans la glace  ! Si c’était une chute à faire cette saison, c’est bon, elle est faite, il vaut mieux la faire ici, en plus à l’échauffement.

Vous avez pas mal voyagé en début de saison : les Masters, le Finlandia Trophy, Grenoble pour le Grand Prix, ici à Cergy pour les championnats de France, et entre chaque compétition vous êtes retournés à Montréal, vous arrivez à gérer le décalage horaire répété ?
Guillaume : c’est vrai qu’on a enchaîné plusieurs compétitions en Europe, on n’avait plus trop l’habitude. Et à chaque fois on est effectivement revenus à Montréal : on ne s’habitue pas au jet lag, on n’a pas d’astuces pour mieux le digérer, on dort bien, et retourner s’entraîner rapidement ça aide à retrouver le rythme. Par contre c’était plus facile quand on était plus jeunes !

La Finale du Grand Prix a été reportée, puis désormais annulée, vous avez pu profiter un peu de la France ?
Gabriella : Oui, on est venus un peu plus tôt en France, on était ce week-end à Clermont Ferrand pour s’entraîner, et aussi pour voir la famille. On va ensuite à Vaujany pour faire le gala de fin d’année, et on retourne juste après à Montréal.

Léa Serna
Je suis vraiment satisfaite de l’ensemble de ma compétition, même si je sais que je peux faire encore mieux. J’avais des objectifs de points sur le programme court et sur le programme long, et je voulais défendre mon titre de l’année dernière. Tous mes objectifs sont remplis, c’est vraiment bien ! Surtout que j’ai eu quelques pépins physiques dernièrement, j’avais un peu d’appréhension et j’ai simplifié un peu le contenu technique.

L’Axel est un saut qui pouvait te poser problème, cela ne semble plus être le cas, quelle a été la solution ?
L’Axel était un de mes sauts préférés quand j’’étais plus jeune, mais je me suis blessée dessus ensuite au niveau du psoas. Du coup je surcompensais pour ne pas mobiliser la zone, et j’ai beaucoup perdu en régularité. Il m’aura fallu quatre ans pour le retrouver complètement ! Il n’y a pas eu de coup de baguette magique, on a beaucoup travaillé avec Brian, on a tout repris. Il a corrigé mon impulsion, le transfert du poids du corps, tout une somme de détails qui semblent anodins mais qui font toute la différence. Je l’ai beaucoup travaillé à l’arrêt, et les années passées on le mettait en tout début de programme. Aujourd’hui je suis un peu déçue de la combinaison double Axel-triple boucle piqué, elle est super facile à l’entraînement ! Mais je veux trop bien faire, surtout quand l’Axel est bien réceptionné : j’engage trop sur le triple boucle piqué, et tout à l’heure, j’ai vraiment fait tout mon possible pour rester debout ! C’est le stress de la compétition, à l’entraînement j’aurai fini par terre.

Tu redeviens championne de France, tu sembles être sur une bonne spirale avec également tes dernières compétitions qui se sont bien passées.
Oui, et pourtant le mois de septembre a été catastrophique techniquement. Il y avait l’enjeu de la qualification olympique, qui n’a pas été un franc succès comme vous le savez, mais d’un autre côté, ça m’a aidé. Je me suis beaucoup remise en question. Cela ne s’est pas vu aux Masters qui étaient juste après, mais plus par la suite.

La sélection pour les championnats d’Europe n’est pas encore officialisée, mais dans l’option où tu fais partie de la délégation française, quels sont tes objectifs ?
C’est clair : faire un top 10 ! Et ce n’est pas négociable, c’est un objectif important pour moi.

Camille Kovalev et Pavel Kovalev (enfin, surtout Camille, même si Pavel a un français quasi parfait) :
Camille : j’étais stressée avant d’entrer en piste, Pavel pas du tout. Repartir avec le titre, ce n’était pas notre objectif, on voulait avant tout faire de bons programmes et montrer ce qu’on sait faire à l’entraînement. Sur ce point on est satisfaits, le titre c’est du bonus ! Sur l’ensemble de la compétition, disons qu’après le court, quand on a vu les protocoles on s’est dit ‘ok, il reste encore beaucoup de travail’ ! Pour le libre, on n’a pas encore vu les feuilles des juges.

Qui a choisi les musiques de vos programmes ?
Le court, c’est un choix de Nathalie (Depouilly, leur entraîneur), la chorégraphie a été faite par Dominique Deniaud. On a bien aimé la musique de ‘Libertango’, même si on a une préférence pour la version classique, mais elle a déjà été très utilisée. Sur le libre, c’est moi qui ai proposé la musique de ‘The curse’ à Pavel. Il a toujours le choix, mais il a dit ok, sans être totalement emballé au début. Le petit plus ça a été de trouver une version chantée par un homme, qu’on a pu mixer avec la version originale. Les costumes du libre, cette fois c’est moi qui les ai dessinés.

Vos objectifs pour Tallinn?
Il y a deux places pour les championnats d’Europe, on espère y aller, on va attendre la confirmation de la fédération. Notre but à Tallinn, ce n’est pas forcément en terme de place, mais plutôt de faire ce qu’on sait faire, et de prendre du plaisir, de profiter de la compétition, et de passer le cut du court.

Est-ce que vous prévoyez de rajouter le triple Salchow dans le libre ?
En début de saison, on avait prévu double aux Masters, puis triple à partir des Elites, mais mon entorse à la cheville droite s’est réveillée dernièrement, elle n’est pas complètement guérie, je la sens à chaque impact, donc à chaque réception de saut. On continue à s’entraîner normalement, c’est plutôt une gêne, mais au bout de 45 minutes la douleur devient vraiment intense, il faut que j’enlève les patins, quitte à remonter sur glace plus tard dans la journée. Sur une compétition l’adrénaline fait oublier la douleur, mais elle toujours là. Donc le triple Salchow, je ne pense pas que ce sera pour tout de suite, on verra.

Est-ce que vous savourez ce titre de champion de France ?
C’était plus un rêve quand j’étais plus jeune, mais on n’a pas abordé la compétition sous cet angle, même s’il n’y avait que deux couples engagés. On n’aura pas trop le temps d’y penser, car on repart très vite à Vaujany pour le gala, et on revient s’entraîner juste après. On aurait aimé fêter nos quatre ans de mariage de manière plus intime, mais c’est le jour du gala… Ce sera pour plus tard ! Pour les fêtes, si on compte on aura trois jours de repos, du vendredi 24 au 26. Mais bon, même quand on prend une semaine de vacances, on n’arrive jamais à arrêter, rapidement on se retrouve à faire des portés.

Kevin Aymoz
Ce championnat était la compétition la plus dure de la saison et peut-être la plus dure de ma carrière. Avec toutes les blessures des cinq derniers mois, je n’ai jamais pu m’entraîner convenablement plus de deux semaines de suite. Le bilan est très positif, j’ai montré que j’étais là, j’ai pu faire ce que je fais à l’entraînement, j’ai tout donné !

Le programme court n’était pas si décevant, je pars sur deux quadruples, c’est beaucoup mieux que sur toute la saison : au Skate America je mets tout par terre parce que je ne suis pas prêt, à Grenoble je n’ai pas assez d’entraînement, et sur mon autre compétition internationale, je suis vraiment très stressé. Cela va mieux ici à Cergy ! Les blessures sont derrière moi, même s’il faut rester vigilant, à l’allumage de la voiture il y a parfois des voyants qui restent allumés.

Dans le libre, je passe bien mes quads, j’aurai aimé en faire trois, mais on a choisi une stratégie où le but est de faire un programme qui soit très très positif. Après les premiers quadruples dont la combinaison quad-triple, il me reste tous les triples sauts, que je sais faire, et qui sont le plus flippant ! Cela peut paraître bizarre, mais c’est le triple boucle qui m’a fait le plus peur sur ce programme, il ne passait pas bien à l’échauffement, et pourtant c’est le saut le plus simple de mon programme. Mais je sais que je peux aller chercher des +5 sur les notes d’exécution, et je cogite sur les +4… je suis très sévère avec moi-même !

Pour le reste de la saison, je pars pour le gala de Vaujany, ensuite je reviens à Grenoble pour une semaine de vacances en famille, dont j’ai vraiment besoin. Ensuite je ne sais pas, les Europes notamment, je ne sais pas si la fédération sait non plus ! On verra.

En bonus, les podiums de tous les champions de France médaillés lors de ces championnats (patinage artistique, danse sur glace, ballet, short-track, sports extrêmes).