Gabriella Papadakis et Guillaume Cizeron s’emparent de la première place provisoire en danse sur glace, devant les russes Aleksandra Stepanova / Ivan Bukin et les italiens Charlène Guignard / Marco Fabbri. Tous les patineurs ont reçu les habituelles ‘petites médailles ISU’ récompensant les trois premiers au classement intermédiaire.
Aucun problème pour Gabriella Papadakis et Guillaume Cizeron, ils prennent déjà un net avantage sur la rythm dance pour reléguer leurs poursuivants à quasiment plus de trois points et demi (84.79 points). Une fois de plus, ils s’approprient un thème imposé, cette année le tango, pour en faire un petit bijou à leur façon. Ils ont cette faculté de mêler relâchement et souplesse avec l’énergie et la passion du tango. Côté protocole, il manque quelques niveaux de-ci de-là, comme sur les twizzles de Guillaume, la suite de pas, et la première section du tango romantica (niveau 2 seulement, avec deux keypoints non validés en plein). Mais ce n’est que leur deuxième compétition de la saison, préparez-vous pour les mondiaux, ce sera logiquement encore mieux ! Les notes d’exécution sont les meilleures de la compétition, elles leur permettent d’augmenter leur note technique de base de quasiment 15 points, alors que sur les composantes aucune note n’est inférieure à 9.5 (avec même 10 fois la note suprême). A noter le changement de costume, Gabriella arbore aujourd’hui une robe d’un joli vert… si cette couleur est réputée ne pas porter chance, elle tranche avec les couleurs habituellement utilisées sur le tango, un petit vent de fraîcheur supplémentaire bienvenu.
Guillaume : Effectivement, on n’a pas réussi à avoir tous les keypoints sur le tango romantica, problème de timing ! C’est très difficile de les avoir tous, mais on travaille très très dur à l’entraînement pour ça, ça nous prend beaucoup de temps. Mais une fois en compétition, on s’attache surtout sur la performance en général, sur l’énergie et la passion du tango pour être 100% dans notre danse, on essaie de faire en sorte que la technique soit accessoire. Après ce n’est que notre deuxième compétition de la saison, on a encore plein de points à améliorer, ce n’est pas anormal à ce stade.
Gabriella : Si on a une danse imposée qu’on attend ou une qu’on préfèrerait ne pas avoir les années qui viennent ? En fait, on aimerait tout simplement que les danses imposées disparaissent ! C’est aussi l’avis des patineurs et des coachs. On y passe en ce moment une heure et demie par jour quand on travaille la rythm dance, ça prend vraiment beaucoup, beaucoup de temps.
Sinon, on aime bien le tango, on n’en a jamais fait en senior, en junior une fois mais ça remonte loin. C’est très intéressant pour la danse sur glace, ça se marie très bien, on a beaucoup aimé monter ce programme. Sinon dans l’absolu, il n’y a pas de danse imposée qu’on redoute… Bon une polka bien basique ça ne nous réjouirait pas plus que ça, mais on essaierait de trouver un angle pour se l’approprier à notre façon.
Le costume ? On est allé voir notre couturière habituelle, on hésitait pas mal sur le choix de la couleur, on voulait une robe qui ait la même coupe que la robe utilisée à Grenoble, mais avec un tissu différent. On a trouvé ce tissu vert, et on a validé ! Ca devrait être la tunique des mondiaux… ou pas, on va voir !
Un couple russe était logiquement attendu en deuxième position, restait à savoir lequel, tant les deux représentants en lice sont proches. Alexandra Stepanova et Ivan Bukin n’avaient pas forcément la faveur des pronostics, vu leur deuxième place récente aux championnats russes. Aujourd’hui, leur programme était très bon, avoir la chance de les voir patiner en direct permet vraiment de faire une différence sur ‘Carmen story’, même si j’ai trouvé leur deuxième section du tango romantica assez lente et hors tempo. Ils engrangent 81.37 points.
En progression constante, Charlène Guignard et Marco Fabbri prennent une solide troisième place, avec une réelle chance de médaille déjà car avec 79.05 points et la deuxième meilleure note technique de base, ils ont déjà plus de 6 points d’avance.
Les polonais Natalia Kaliszek et Maksym Spodyriev prennent une bonne 4ème place avec 72.87 points. Comme les trois premiers couples ils battent leur meilleur score de la saison, pour eux c’est quasiment 2 points de plus. Fait assez surprenant, et sauf erreur de ma part, ce sont les tous premiers patineurs cette année à recevoir le niveau maximum sur les deux sections du tango romantica et tous les keypoints validés… j’ai de mon côté noté un temps mort sur le pas où Natalia pose son patin au-dessus de la jambe tendue de son partenaire. La nationalité de certains membres du jury pourrait-elle avoir eu un impact ? Il reste que les keypoints sont très compliqués cette année, certains s’étalant sur plusieurs pas, il n’est pas toujours facile de savoir quelle partie n’était pas correcte. A suivre dans le libre demain !
La grosse déception du jour vient de Viktoria Sinitsina et Nikita Katsalapov : champions nationaux en titre, ils visaient clairement une médaille ici à Minsk. C’est la cruauté de ce sport : un moment d’hésitation, une mauvaise carre de Nikita sur le twizzle, et c’est la chute… et Viktoria fait de même une fraction de seconde plus tard, après avoir été déconcentrée, ou simplement pour ne pas lui rentrer dedans. Dommage, vraiment dommage, car bien patiné leur tango est très beau. Avec 70.24 points, soit environ 7 points de retard, ils peuvent remonter d’une place, mais la marche pour monter sur le podium sera sûrement trop haute, à moins d’un miracle pour eux.
Marie-Jade Lauriault et Romain Le Gac prennent eux une bonne 9ème place avec 68.98 points. S’ils laissent eux aussi des points sur la note technique, l’interprétation est au rendez-vous. Les passages où Marie-Jade ‘fait la crêpe’ (désolé pour l’expression) ou passe entre les jambes de Romain pour repartir dans les airs emportent un joli succès de la part du public (attendez le libre !). Je trouve que ce tango façon années folles leur va comme un gant, Marie-Jade a du chien et colle parfaitement au thème du ‘Cell block tango’ de la comédie musicale ‘Chicago’, la classe de Romain n’enlève rien non plus ! Qui sait, un programme libre charleston dans les années à venir ?
Romain : On a pris plaisir à patiner cette rythm dance, ce n’était pas arrivé depuis longtemps. Sur les compétitions précédentes, on était très concentré sur la technique, aujourd’hui on a réussi à plus se lâcher, ça fait du bien ! Surtout que généralement c’est sur le libre qu’on arrive plus à faire ça. Bon sur les niveaux il reste encore du travail, il manque un deuxième niveau 4 sur les twizzles, ce sera pour notre prochaine compétition, les championnats du monde ! C’est dans deux mois, la saison sera passée très vite finalement !
Marie-Jade : C’est bizarre, on n’a pas les mêmes sensations que l’année dernière, où on a senti très tôt que nos programmes étaient aboutis, qu’on n’avait qu’à les faire vivre encore plus à chaque fois. Là on se sent encore dans le process de construction, il n’y a qu’à voir les points sur cette rythm dance, on a encore de la place pour en grappiller. On va encore continuer à améliorer les programmes, comme on le fait toujours, il ne sont jamais terminés ! On peut faire des changements encore une semaine avant une compétition, vu le nombre de fois qu’on répète les programmes à ce moment-là. C’est une fois par jour le court et le long en entier, et beaucoup de répétition des différentes sections. Il faut être sûr qu’on fasse tous les deux les nouveaux pas, c’est ma spécialité d’en oublier !
Les autres français engagés, Adelina Galyavieva et Louis Thauron, prennent une encourageante 13ème place pour leur première participation à ces championnats.