GPF 2016 : Hanyu euphorique, Chan en embuscade

Le plateau est exceptionnel et la compétition s’annonçait particulièrement disputée, mais des écarts importants ont été créés sur ce programme court. Yuzuru Hanyu peut envisager un quatrième succès consécutif, même si Patrick Chan a réalisé un programme de référence. Le champion du monde Javier Fernandez, moins en réussite, est distancé.

 

Yuzuru Hanyu avait réalisé deux performances inoubliables à Barcelone l’an passé. S’il n’a pas réussi à effacer son record personnel sur un court à Marseille, il a su de nouveau répondre présent devant un public japonais venu le soutenir en nombre. Le quadruple boucle à l’entame du programme n’est pas complètement maîtrisé à la réception, mais la rotation est complète et ce pari tellement risqué se révèle fructueux. La combinaison quadruple Salchow-triple boucle piquée est ensuite limpide, et le triple Axel est formidable d’aisance tant la préparation est minimale. Hanyu tente d’enrichir son registre expressif sur une musique de Prince et sa concentration extrême laisse peu à peu la place à un enthousiasme communicatif. L’ interprétation pourrait certes être encore plus marquante, voire plus relâchée, mais il a le mérite d’évoluer, de se remettre en question et ce programme est extrêmement dense.

 

Patrick Chan a souvent été en difficulté sur le court depuis son retour en compétition à l’automne 2015, et réussir son meilleur score en carrière est pour lui un soulagement et une grande satisfaction. Contrairement à ses concurrents, il ne tente pas deux quadruples sauts mais il fait la différence sur la glisse et la qualité de patinage. Sur le plan technique, Chan est irréprochable avec une très belle combinaison quadruple boucle piquée-triple boucle piquée , suivie d’un triple Axel remarquable alors qu’il avait été plusieurs fois en difficulté sur ce saut récemment. Le triple Lutz est enfin une formalité, et ce medley des Beatles est patiné avec beaucoup d’aisance et de décontraction dans la gestuelle. La virtuosité ne semble alors pas ostentatoire et chaque élément coule de source. Patrick Chan montre donc qu’il peut encore s’imposer lors des évènements majeurs, et il cherchera sur le libre à remporter un titre qu’il a déjà obtenu à deux reprises au cours de sa carrière.

 

Javier Fernandez, double champion du monde en titre, est le patineur le plus régulier au cours des dernières saisons mais il n’a pas convaincu sur ce programme court. Fébrile à l’échauffement juste avant son passage, il débute avec une solide combinaison quadruple boucle piquée-triple boucle piquée mais trébuche à la réception du quadruple Salchow. Une chute sur le triple Axel le relègue logiquement plus loin au classement, et il devra se ressaisir sur le libre même si la victoire peut encore être envisageable en cas de défaillance d’Hanyu et Chan. Sa chorégraphie sur “Malaguena”, très intense et fiévreuse dans sa musicalité, est dense mais son programme manquait ce soir d’intensité et de conviction.

 

Shoma Uno, champion du monde junior en 2015, fait désormais partie des meilleurs patineurs internationaux. Il aura cependant des regrets à l’issue de ce court, malgré sa réussite sur le quadruple flip. Une chute sur le quadruple boucle piquée est extrêmement pénalisante puisqu’il ne peut ainsi réaliser de combinaison, et il est logiquement relégué à distance respectable du podium. Sa chorégraphie est également frustrante car elle ne met pas en valeur la fougue et l’énergie qu’il est capable d’exprimer à travers sa personnalité.

 

Nathan Chen enchaîne cette saison les prises de risque sur les sauts, sans pouvoir enchaîner pour l’instant les difficultés. Il réussit une combinaison quadruple Lutz-triple boucle piquée malgré des grades d’exécution négatifs, avant de chuter sur un quadruple flip en sous-rotation. Il se relance avec un triple Axel, mais ce n’est pas suffisant pour espérer mieux qu’une cinquième place, en raison d’une note de composantes assez faible. Nathan Chen est un patineur prometteur et peut viser un titre national prochainement en senior, mais son programme n’a pas de continuité, de nuances et se révèle trop monotone.

 

Adam Rippon, second patineur américain en lice, est le seul patineur en lice à ne pas réaliser de quadruple saut sur le court. Il devait alors forcément réaliser un sans-faute technique pour se mêler à la lutte pour le podium, mais une sous-rotation sur sa combinaison triple flip-triple boucle piquée devient logiquement préjudiciable. La réception du triple Axel n’est également pas irréprochable, ce qui le relègue en sixième position malgré une interprétation particulièrement énergique.

 

 

Leave a Reply