Vanessa James et Morgan Ciprès remportent leur quatrième titre national, devant Camille Mendoza et Pavel Koval, blessés. Lola Esbrat et Andreï Novoselov présentent leur libre, mais ne sont pas classés.
Il en aura fallu du courage à Camille Mendoza pour tenir ses deux programmes à Epinal ! Comme elle nous l’a expliqué, elle s’est fracturé le pouce il y a plusieurs semaines. Si cette fracture vous semble anodine, pensez à tous les éléments que font les couples, et vous visualiserez très vite que même une spirale de la mort, avec un doigt inutilisable, voire gonflé et douloureux, n’a rien d’une partie de plaisir. Je ne vous parle donc même pas des sauts lancés ou des portés… sans parler de la vie de tous les jours ! Demain, essayer de faire vos lacets, d’écrire ou de vous brosser les dents sans utiliser votre pouce…
Camille s’est initialement cassé le pouce sur la réception d’un saut lancé, son pouce venant frapper la glace à la verticale. Trois semaines de repos plus tard, elle a repris l’entraînement, les avis et examens médicaux étaient réconfortants. Malheureusement elle s’est fait de nouveau mal dessus, la blessure n’était pas assez solidifiée et un bout d’os s’est de nouveau déplacé.
Excusez l’apparté médical, mais cela peut aider à se souvenir que sport de haut niveau rime malheureusement souvent avec blessure, et qu’il faut une sacrée volonté pour passer outre, d’autant que cela bouscule toute la préparation.
Le programme de Camille et Pavel est donc assez logiquement loin de qu’ils ont montré cette saison, notamment à la Coupe de Nice. Camille accroche le triple boucle piqué, chute sur le Salchow, les deux sauts lancés sont réceptionnés assis. Le porté avorté au mileu du programme leur coûte beaucoup de points. Du côté positif, une excellente pirouette parallèle. Bref, du repos avant tout, et un pouce 100% fonctionnel !
Lola Esbrat et Andreï Novoselov, toujours hors compétition, ont présenté pour la première fois leur programme libre. Déjà ambitieux sur le contenu technique, ils placent de grosses difficulté qui ne sont pas encore toutes complètement maîtrisées : le Twist est en triple, mais Lola termine sa dernière rotation dans l’épaule d’Andreï ; Lola accroche la réception du double Axel et celle de la combinaison sur le Salchow, et chute sur le triple flip lancé. Reste qu’ils tentent deux triples sauts lancés, que la pirouette parallèle est déjà assez synchro, et que les portés sont fiables. Il leur faut maintenant engranger un maximum de kilomètres ensemble pour améliorer leur patinage de couple, patiner plus ensemble, plus vite. Si Andreï obtient ses papiers rapidement et que Camille doit prendre un repos forcé pour soigner son pouce, leur présence à Bratislava n’est pas exclue.
De leur côté, Vanessa James et Morgan Ciprès ont déroulé un programme déjà bien rôdé, mais qu’ils ont extrêmement complexifié. La combinaison d’entrée, après le très joli triple Twist est une triple-triple, que Morgan chute et sur laquelle il manque de synchronicité. Arrive alors… le quadruple Salchow lancé, très à la mode en ce moment : Vanessa pose les deux pieds à la réception mais le saut est validé ! Le flip lancé est certes un peu vers l’avant, les portés sont fiables, dont le dernier où Morgan termine en fente avant. Une grosse compétition sur ces deux derniers jours, et un niveau affiché qui laisse entrevoir de jolies possibilités pour les championnats d’Europe. A noter que de son côté Vanessa patine avec un strap au niveau de la cuisse, et un autre au niveau de l’épaule…
Vanessa / Morgan :
Morgan : Un programme comme ça, c’est quand même un peu fatiguant ! On travaille tous les jours le quadruple depuis la Toussaint, on a juste fait une pause au moment du NHK. Ca fait une semaine qu’on inclut le quadruple dans les programmes, sur les trois libres entiers qu’on a fait depuis un seul était bon ; ce matin à l’entraînement le saut est passé, aux 6 minutes également, là il passe dans le programme, on suit le bon chemin.
Ca chamboule pas mal de choses, par exemple aux 6 minutes une fois qu’on a fait le quadruple, Vanessa pensait placer le triple flip, moi je voulais échauffer le triple Twist. Ca perturbe notre préparation ! Surtout au niveau mental, il faut beaucoup de concentration et d’engagement. Par rapport au triple, il ne faut pas forcément que je mette beaucoup plus de force, il faut surtout que notre timing soit très précis.
Vanessa : pour moi les quatre rotations sont faciles ! Il faut à l’inverse que je fasse attention à ne pas trop tourner, ça m’est déjà arrivé ; pendant le programme il a fallu que j’ouvre un peu plus tôt pour tout arrêter. C’est sur le triple Salchow que je perds mes repères, une fois dans les airs je ne sais plus où je suis, le quadruple est plus simple pour moi que le triple maintenant.
Morgan : Oui, c’est sûr, avec la combinaison triple-triple et le quadruple Salchow lancé, on a sur le papier un contenu technique qui rivalise avec les meilleurs ! Mais il nous fait ça, c’est le moyen qu’on a de se démarquer, on est connu comme un couple athlétique, il faut qu’on joue cette carte.
Vanessa : Le strap sur mon épaule, c’est parce que je me la suis déboité la semaine dernière à l’entraînement. On était en pleine forme avec Morgan, et à la réception d’un Twist Morgan m’a poussé un peu plus fort que d’habitude. J’ai senti mon épaule qui se déboitait et qui revenait à sa place. Ca pique encore un peu, mais c’est en bonne voie de guérison. Souvent, sur le quadruple c’est Morgan qui est plus stressé que moi !
Morgan : C’est que je n’ai pas envie de la casser, c’est un gros risque tout de même ! Au niveau du timing, on sentait que c’était le moment pour nous de tenter cette grosse difficulté. Tout le monde s’y met cette année, c’est peut-être le meilleur moment avec les JO en vue pour 2018, on ne travaille pas une difficulté comme ça l’année olympique.
Lola Esbrat:
Sur l’ensemble de la compétition, je suis soulagée, on s’est bien battu avec Andreï. On n’est pas classé sur cette compétition, c’est décevant, on a eu nos notes mais je n’ai pas le droit de vous les dire ! On rate une médaille, qui est toujours une satisfaction.
La régularisation des papiers d’Andreï, on espère que ça va se débloquer rapidement, avec un peu de chance ce sera pour la semaine prochaine, ce serait un beau cadeau pour Noël ! Il reste la compétition de Torun pour engranger les points pour les championnats d’Europe, on espère y être. La Pologne au mois de janvier ce n’est pas forcément ce qui fait rêver, mais si on est c’est pour se battre sur la glace, et je connais déjà la patinoire de Torun, elle est assez agréable.
C’est vrai qu’on tente des éléments d’un très haut niveau avec Andreï, c’est venu petit à petit : par exemple le triple flip lancé on ne le rentre que depuis peu. Il nous reste encore beaucoup de travail pour progresser sur les réceptions, sur la fluidité.