Au terme d’une compétition riche en émotions, Patrick Chan s’impose fort logiquement devant Takahiko Kozuka et Artur Gachinski. Florent Amodio et Brian Joubert terminent respectivement septième et huitième, ce qui ne permet pas à la France d’obtenir une place supplémentaire pour les Mondiaux de l’an prochain.
Euphorique après le court, Patrick Chan a laissé la même impression sur le libre, se permettant tout comme hier d’obtenir le meilleur score depuis l’introduction du CoP.
En plaçant deux quadruples sauts d’entrée, dont un en combinaison avec triple boucle piquée, il se mettait définitivement à l’abri, et le reste fut tout aussi brillant mis à part un retournement sur le triple Axel.
La victoire du Canadien est donc nette et indiscutable, et on peut simplement espérer qu’il puisse apporter davantage à l’avenir sur le plan chorégraphique. Pour l’instant, son patinage est purement virtuose alors qu’il pourrait donner bien plus de lui-même.
Takahiko Kozuka est finalement le seul Japonais sur le podium, grâce à la meilleure performance de sa vie. Lui aussi réalise un score incroyable, avec une prestation encore supérieure à celle qu’il avait proposé à Bercy durant l’automne.
Avec un quadruple saut impeccable, deux triples Axels, une combinaison triple-triple et une qualité d’exécution impressionnante pour chaque élément, il se permet même de devancer Chan sur la note technique. Et son patinage est fin, limpide, donnant presque l’impression qu’il survole la glace tant sa glisse est fluide.
Il obtient ainsi son premier podium aux Mondiaux, et nul doute qu’il visera le titre dès l’an prochain.
Artur Gachinski obtient une troisième place discutable, à domicile. Certes, il montre le meilleur de ce qu’il pouvait proposer, notamment sur le plan technique. Mais si les difficultés sont tentées et réussies, le patinage manque de précision, de maturité et d’intensité. Son programme reste vide chorégraphiquement, et ses composantes sont en conséquence largement surévaluées.
Cette récompense ne sera de toute façon pas évidente à gérer : avec ce statut, il est attendu au tournant l’année prochaine avec les Jeux en ligne de mire, et il devra alors répondre à nouveau aux attentes. Cela passera par de nets progrès.
Michal Brezina, comme l’an dernier, prend la quatrième place. Sa première partie de programme fut époustouflante, avec deux quadruples sauts (boucle piqué et salchow) et deux triples Axel. Malheureusement, sa condition physique ne lui a pas permis de tenir jusqu’au bout, et deux sévères chutes (sur flip et Lutz) anéantissent ses chances de podium. Cependant, il montre qu’il faudra compter sur lui l’an prochain, surtout si sa préparation n’est pas perturbée par des blessures.
Daisuke Takahashi et Nobunari Oda ne prennent que les cinquième et sixième places, suite à deux coups du sort.
Pour Takahashi, c’est un accident (une vis d’un patin qui se détache) alors qu’il entame la rotation du quadruple saut…avec plusieurs minutes d’interruption et un saut manqué, les espoirs de podium s"étaient déjà envolés.
De retour sur la glace, il tente de se relancer et réalise un programme de haut niveau, malgré une chute et des sensations forcément délicates. Mais au bout du compte, il reste surtout de la frustration pour le champion du monde en titre.
Pour Oda, c’est une erreur dont il est coutumier, ici particulièrement couteuse. En effet, il réalise trois triples boucle piquée alors qu’un même triple saut ne peut être répété que deux fois. La combinaison quadruple-triple s’est transformée en combinaison triple-triple, bouleversant tous ses plans… et la combinaison triple Axel-triple boucle piqué qui suit s’efface de sa feuille de score.
Et si le programme est par la suite bien exécuté, il perd quinze points, qui l’empêchent de figurer sur le podium. Encore une fois, il n’a pas saisi sa chance… peut-être une fois de trop.
Florent Amodio prend la septième place, avec une polémique en prime puisqu’il a choisi de patiner sur son programme de gala (son libre avec des paroles). Sans rentrer dans le jeu de la provocation, on peut dresser un bilan satisfaisant de ces Mondiaux. Il termine finalement tout près de la quatrième place, manquée à cause d’une erreur sur sa combinaison triple-triple.
Brian Joubert a de son côté su réagir après un court décevant, et comme aux Euros, il a réalisé un programme libre sobre, puissant et élégant, inspiré dans son caractère. Il montrer qu’il a encore un avenir, pour peu que son physique tienne encore quelques années.
Malheureusement, la France n’obtient pas une troisième place pour les Mondiaux l’an prochain (il aurait fallu que la somme des places de Florent et Brian soit inférieure ou égale à treize), mais cela ne doit pas noircir un tableau dans l’ensemble positif.
Côté américain, Richard Dornbush prend une prometteuse neuvième place…suivent Ross Miner, onzième, et Ryan Bradley. Même constat que sur le court : si la performance est solide, la qualité de patinage ne leur permet pas de viser plus haut (surtout pour Bradley).
Javier Fernandez complète le top 10 grâce à une belle remontée, avec un programme impressionnant techniquement (quadruple boucle piquée, quadruple salchow) et beaucoup d’enthousiasme dans la performance.
De son côté, Tomas Verner a déçu et ne prend que la douzième place. Denis Ten rétrograde à la quatorzième place (deux chutes sur l’Axel), devançant Peter Liebers, auteur d’une très belle prestation.
Déceptions également pour Kevin Van der Perren, dix-septième, Samuel Contesti, dix-huitième, et surtout Kevin Reynolds, vingtième.