Les Chinois Xue Shen et Hongbo Zhao remportent le titre olympique au Canada, devant leurs compatriotes Qing Pang et Jian Tong et les Allemands Aliona Savchenko et Robin Szolkowy.
Ils en avaient rêvé. Ils étaient revenus juste pour elle. A 31 et 36 ans, Xue Shen et Hongbo Zhao remportent leur incroyable pari de revenir après trois ans d’absence pour venir cueillir la médaille d’or olympique, celle qui leur manquait malgré une longue carrière en amateur. Il y avait toujours eu des russes sur leur chemin mais pas cette fois-ci. Le court avait été parfait, le libre l’aura été aussi. Presque. Leur meilleur ennemi aura finalement été eux-mêmes avec ce porté lasso avorté qui leur coûte le libre et aurait pu leur coûter la victoire. Un demi-tour de Zhao en moins et c’était tout l’élément qui s’envolait et les 4.10 points qu’il représente. Or ils ne devancent leurs dauphins que de 3.2 points au combiné des épreuves … Shen / Zhao en or, c’est avant tout le couronnement d’une carrière improbable, d’un couple que l’on avait connu à ses débuts "brut" si ce n’est "brute" à la technique "barbare" et qui s’est affiné au point de devenir l’un des tout meilleurs couples au monde, à qui les juges pardonnaient peu mais dont le public avait fait ses chouchous. Shen et Zhao, c’est aussi la victoire d’une école, l’école chinoise, acrobatique et spectaculaire, qui vient mettre un terme à une suprématie ininterrompue de 50 ans de l’école russe. Barbara Wagner et Robert Paul, Canada, 1960. Si l’on occulte "l’affaire de Salt Lake" et la médaille d’or octroyée après coup au couple canadien Salé / Pelletier, ce sont eux les derniers champions olympiques non russes. C’est dire à quel point ce titre est une révolution dans la discipline de couple.
D’autant que derrière Shen / Zhao, on trouve Qing Pang et Jian Tong, leurs collègues d’entrainement sous la férule de Bin Yao. Vainqueurs du libre au terme d’un programme irréprochable, ils ne manquent le titre qu’à cause de leur retard sur le programme court. Libre esthétique, avec un véritable souffle, un véritable "coffre" de la part de ce couple chinois lui aussi vétéran. C’est la première médaille olympique de ce couple et sans doute la dernière avant une retraite bien méritée.
Si la joie habite les deux premières marches, c’est la déception qui domine sur la troisième. Il y a quatre ans, on savait qu’Aliona Savchenko et Robin Szolkowy serait le grand couple de la prochaine olympiade. C’était prévu. Programmé. Préparé par leurs deux titres de champions du monde. Mais le mécanisme s’est grippé cette saison. Le libre aura posé beaucoup de problèmes ces cinq derniers mois, les sauts individuels également. Et c’est là qu’ils ont une nouvelle fois pêché hier soir. Une séquence de saut arrachée, cela aurait pu passer. Mais après la chute de Robin Szolkowy sur le double Axel, "les carottes étaient cuites" pour le couple allemand. Au sortir de leur programme, ils savaient déjà à quelle sauce ils allaient être mangés : sauf erreur monstre, ils seraient battus par Xue Shen et Hongbo Zhao. Ca ne vient pas comme une surprise après leurs déboires en finale du Grand Prix et aux championnats d’Europe. C’est toutefois une immense déception, compte tenu de la qualité de ce couple et des efforts produits depuis les championnats d’Europe. La question se pose désormais sur leur retraite ou la poursuite de leur carrière amateur jusqu’à Sochi où ils auraient alors 30 et 34 ans.
En quatrième position, on retrouve Yuko Kavaguti et Alexander Smirnov. Troisièmes à l’issue du programme court, les champions d’Europe étaient placés en embuscade et auraient pu profiter de la moindre faiblesse des Allemands et des Chinois. Hélas, ce sont eux qui ont fléchi. Triple Salchow lancé rattrapé de justesse, retournement du double Axel par Smirnov, chute de Kavaguti sur triple boucle lancé, c’était trop pour espérer accéder au podium. Le programme kitschissime ne pouvait pas non plus jouer en faveur de ce couple.
Derrière, on retrouve des couples qui auraient pu rêver d’une troisième marche en cas de grosse défaillance dans le top 4 , mais qui ne se sont pas montré irréprochables et ont donc vu leurs espoirs s’envoler. C’est le cas de Dan Zhang et Hao Zhang, de Jessica Dubé et Bryce Davison, Maria Mukhortova et Maxim Trankov, et Tatiana Volosozhar et Stanislav Morozov.
Le deuxième couple canadien Annabelle Langlois et Cody Hay finit à une très belle 9e place. Le couple français Vanessa James et Yannick Bonheur finit, lui, en 14e position, juste devant les Suisses Anaïs Morand et Antoine Dorsaz.