Interview de Claudie et Didier Lucine à Los Angeles

(Propos recueillis par Brice Dequaire)

Yannick Ponsero à l’entraînement en compagnie de Claudie et Didier Lucine lors du stage de l’équipe de France à San Diego avant Los Angeles (Photo Nathalie Péchalat)

 

Yannick Ponsero à Helsinki lors des Championnats d’Europe au mois de Janvier dernier (Photo Stéphanie Bruni)
1/ Yannick Ponsero avait remporté le programme libre à Helsinki lors des Championnats d’Europe. En tant qu’entraîneur, quel est votre sentiment sur sa performance ici aux Etats-Unis ?
Didier Lucine : On espérait qu’il refasse le même programme libre. Il a fait un très beau quadruple d’entrée. Ensuite, il s’est un peu coincé en étant sur la pointe et il est resté en demi teinte jusqu’au bout.

 

2/ Yannick a des problèmes de régularité en situation de compétition. Comment expliquez-vous sa fébrilité devant les juges ?
Didier Lucine : Dès qu’il est un peu tendu, il a le bassin qui part en arrière et il reste accroché sur la pointe, il n’est donc plus dans l’axe. On essaye de le mettre dans les meilleures conditions possibles pour lui permettre de patiner avec plus de souplesse et avec de bonnes positions de base. C’est vrai qu’il se déstabilise vite. Il était en forme physiquement et techniquement. Ses entraînements ici à Los Angeles étaient excellents, il était prêt.

 

3/ Quel est le point qui le déstabilise ? Est-ce un problème de confiance ou est-ce un problème dû à une question technique ou physique ?
Didier Lucine : Techniquement, il faisait des sauts quasiment impeccables depuis pas mal de temps. Physiquement, il tenait son programme facilement, il avait son poids de forme. Il était un peu tendu, il n’est pas arrivé à penser aux bonnes choses aux bons moments.

 

Yannick Ponsero à Colmar lors des Championnats de France Elites au mois de Décembre dernier (Photo Florence Lécrivain)
4/ Vous avez entraîné Samuel Contesti pendant six ans, vous avez certainement regardé sa performance avec intérêt. Il patine maintenant pour l’Italie, c’est le vice-champion d’Europe en titre. Il a terminé 5e ici sur ces Championnats du Monde. Quelle est votre opinion sur ce qu’il a fait ?
Didier Lucine : C’est exceptionnel. Reprendre la compétition après trois ans de galère et de non compétition, c’est très difficile. Il a prouvé qu’il était un combattant et qu’il était fiable techniquement. Il a montré qu’il pouvait être là au bon moment comme à la bonne époque.

 

5/ Quel regard portez-vous sur son retour pour l’Italie ? C’est une revanche quelque part, puisqu’il a été par trois fois médaillé aux Championnats de France. Il avait également représenté la France lors des Championnats d’Europe et du Monde en 2005.
Didier Lucine : Il patine ! Dans les autres pays, il peut patiner, alors qu’en France on l’a empêché de s’exprimer sur la glace. Il vit sa vie, il se fait plaisir. La France a préféré envoyer d’autres personnes aux J.O de Turin en 2006. C’était leur choix. Evidemment, nous n’allons pas cacher notre plaisir. Quand vous avez entraîné un patineur pendant six ans, c’est une vraie satisfaction de voir qu’il devient un des meilleurs patineurs du Monde. Mais c’était déjà la même chose il y a 4 ans. Maintenant, il profite de son sport comme il aurait dû le faire depuis très longtemps.

Yannick Ponsero, Brian Joubert et Samuel Contesti à Helsinki lors des Championnats d’Europe au mois de Janvier dernier à l’occasion de la remise des petites médailles du programme libre (Photo BD)

 

Kim Lucine à Bercy en 2008 lors de la tournée de l’équipe de France (Photo Florence Lécrivain)

6/ Pourriez-vous nous parler de vos différents élèves ? Mérovée Ephrem qui a participé à ses troisièmes Championnats du Monde pour Monaco, Lena Marrocco qui a percé cette année en terminant cinquième des Championnats de France, Kim votre fils qui était blessé cette saison, et les autres.

Léna Marrocco à Colmar lors des Championnats de France Elites au mois de Décembre dernier (Photo Florence Lécrivain)
Claudie Lucine : Quatre de nos patineuses ont terminé aux quatre premières places à Clermont-Ferrand lors des Championnats de France minimes deuxième et troisième années à la fin du mois de Mars (ndlr : 1re : Anaïs Ventard / 2e : Bahia Taleb / 3e : Pauline Arnaud / 4e : Aline Zerourou).

Lena Marrocco a effectivement connu une progression extraordinaire sur la saison 2008-2009. Elle maîtrise quatre triples, elle en réalise cinq maintenant. Elle travaille le triple Axel et le quadruple Salchow aussi. C’est vraiment bien pour l’avenir.

Kim espère revenir l’année prochaine, nous allons voir comment sa blessure se remet. Il est en train de progressivement réessayer, il est motivé.

Mérovée a été très courageuse, car elle a eu de gros problèmes de santé en début de saison. Une opération de l’appendicite au mois de février, ce n’est pas l’idéal pour préparer un Championnat du Monde. Elle s’est remise dans le bain ici pour la préparation de l’année prochaine.

Mérovée Ephrem en compagnie de Claudie Lucine lors des Championnats du Monde de Tokyo en 2007 (Photo BD)

Yannick Ponsero à Los Angeles en compagnie de Nathalie Péchalat et de Mérovée Ephrem (Photo BD)

7/ Quels sont vos objectifs pour vos patineurs l’année prochaine ?
Didier Lucine : Pour Yannick, l’objectif va être de faire de grosses performances sur les Grands Prix, aux Championnats de France et lors des Euros pour obtenir sa qualification aux J.O, comme celle qu’il a obtenue sans discussion pour Los Angeles.

 

8/ Comment va se passer la sélection pour les Jeux Olympiques ? Est-ce clair et déterminé ? Est-ce que le deuxième français lors des Championnats d’Europe de Talinn ira aux Jeux Olympiques ? Est-ce que des tests sont prévus ?
Didier Lucine : Si l’on reste dans le domaine sportif, c’est celui qui fera les meilleures performances qui partira à Vancouver. Les conditions de sélection ne sont pas encore déterminées. Brian sera bien sûr qualifié. Le 2efrançais devra aller chercher sa qualif sur les Grands Prix, les Championnats de France et les Championnats d’Europe.

 

9/ Pour accompagner Brian à Vancouver, il va y avoir trois patineurs au minimum pour la seconde place sélective. Comment allez-vous aborder ce problème ?
Didier Lucine : Il faudra que Yannick aille chercher sa sélection sur le terrain. Après, si cela se passe comme pour Samuel Contesti lors de la sélection pour les J.O de Turin en 2006, l’avenir le dira !

Samul Contesti en compagnie de Yannick Ponsero à Besançon lors des Championnats de France Elites en Décembre 2005 (Photo BD)

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