Interviews des patineurs français à Helsinki (1re partie)

INTERVIEWS DES PATINEURS FRANÇAIS À HELSINKI

(Propos recueillis par Brice Dequaire)

L’équipe de France à Helsinki (Photo BD)

Brian Joubert (champion d’europe) :

J’ai eu de bonnes sensations sur ces championnats d’europe, le but premier était de gagner, c’est chose faite. Le programme court était plus que satisfaisant avec un record personnel et encore je n’ai pas obtenu certains niveaux que j’aurai voulu obtenir. Sur le libre, je ne m’attendais pas à faire un sans faute vu que ce programme a été créé deux semaines avant le début des championnats d’europe. Pendant la compétition et durant les entraînements, j’ai ressenti des choses que j’avais perdues en début de saison. Matrix 2 est un programme pour gagner, ce n’était pas forcément le cas avec le dernier des Mohicans, ce n’était pas moi, c’était plus du travail que du plaisir ! Maintenant je vais rentrer sur Poitiers et partir sur de bonnes bases pour les championnats du monde.

Le podium masculin (Photo BD)

À propos du contenu technique de mon programme, j’ai passé un quadruple Salchow le matin du libre, j’ai retrouvé ma technique sur ce saut, mais en deux semaines avec ce nouveau libre, il m’était difficile d’intégrer tout cela dans ce programme. Je souhaite faire deux voire trois quadruples à Los Angeles !

Terra Findlay, Yannick Ponsero, Nathalie Péchalat et Brian Joubert à Helsinki (Photo Stéphanie Bruni)

Mon travail avec Ian Jenkins pour construire ce programme s’est étalé sur quatre jours, c’était pendant et après les championnats de France de Colmar. C’est quelqu’un qui n’est pas connu, mais il fait du bon travail, j’avais déjà eu l’occasion de travailler avec lui en début de saison. Je suis content, car je pense qu’il n’est forcément nécessaire de travailler avec des supers stars de la chorégraphie pour faire quelque chose de bien. Il va falloir encore l’améliorer pour les mondiaux. C’est moi qui est pris la décision de changer de libre, cette idée me trottait dans la tête depuis un certain temps. (NDLR : Ian Jenkins est britannique, il a notamment patiné avec Susan Garland lors des JO de Sarajevo en 1984 ainsi qu’avec la première partenaire de Yannick Bonheur Lucie Stadelmann au Lido de Paris)

 

Tomas Verner, Brian Joubert et Samuel Contesti lors de la conférence de presse du programme court (Photo BD)

Concernant mes problèmes de lames de début de saison, j’ai fini par trouver une solution en reprenant mes patins des championnats du monde 2007. On ne réussissait pas à trouver ce qui n’allait pas, c’est la bottine qui avait un défaut, je n’avais pas de sensations dedans et donc par conséquent le placement de lames n’était pas bon.

J’ai toujours des douleurs le matin depuis la blessure que j’ai contractée lors de la finale du grand prix. Ça ne me gêne pas pour les sauts, en revanche j’ai quelques douleurs sur les pirouettes avec des variations difficiles et sur les mouvements du haut du corps lors de mes suites de pas. Il va falloir que je continue le traitement, que je me fasse soigner, ça ne peut pas durer, car cela peut être handicapant.

Yannick PonsHero (Photo BD)

Yannick Ponsero (4e) :

J’ai fait un super programme libre, le titre aurait été difficile à aller chercher avec Brian, mais j’ai perdu le podium à cause du programme court. J’ai manqué de confiance à cause d’une préparation pour les championnats d’europe qui a été un peu dur. J’ai eu quelques problèmes techniques sur le triple Lutz avant de partir et au lieu de me concentrer sur les choses que j’avais à faire pour réussir, je me suis aussi focalisé sur le résultat. J’ai vraiment besoin d’avoir des points de repère sur mes sauts et lors du programme court j’ai trop pensé à la médaille.

 

Yannick Ponsero, Brian Joubert et Samuel Contesti lors de la remise des petites médailles du programme libre (Photo BD)

J’ai patiné le meilleur libre de ma carrière jusqu’à présent, j’espère qu’il y en aura d’autres. Si je suis sélectionné pour Los Angeles, je vais me préparer à fond, je pars dans l’optique d’aller chercher une médaille, mais je ne referai pas l’erreur que j’ai faite ici, car je suis capable de faire deux programmes à 100%. Je suis super content pour Samuel, même si j’aurai préféré être devant lui, je ne le cache pas ! (rire)(NDLR : Samuel Contesti a terminé trois fois sur le podium des championnats de France en 2004, 2005 et 2006 et il est le premier italien depuis 1954 à obtenir une médaille européenne dans la catégorie masculine)

Alban Préaubert (5e) :

J’ai des sentiments très mitigés, je suis très content de moi, je suis fier des performances que j’ai faites ici, ce n’était pas facile, car il y avait beaucoup de pression. J’ai fait deux programmes très solides, c’est positif de ce côté-là. En même temps, j’ai une très grosse frustration, parce qu’il m’a semblé que cela aurait mérité mieux ! Je pense que rarement dans un championnat d’europe on a vu un patineur terminer 5e après un programme court sans faute et avec un quad et huit triples dans le libre. Je ne veux pas polémiquer, la compétition a été très relevée, mais il est vrai que j’ai du mal à comprendre pourquoi en grand prix avec les mêmes performances j’ai obtenu pas loin de 10 points de plus. De surcroît, on sait que les scores dans les grands championnats sont souvent plus hauts et là ces 10 points, je ne les retrouve pas du tout.

J’ai fait un énorme travail sur les composantes artistiques depuis un an avec Romain, Muriel et Annick, tout le monde me dit que j’ai progressé. Je suis conscient aussi d’avoir évolué, je le sens dans mon patinage. Mais en même temps, mes composantes ici à Helsinki sont plus faibles que l’an dernier à Zagreb avec des programmes ratés, donc c’est vrai, je me pose quelques questions ! On ne peut pas revenir sur les décisions, c’est la loi du sport.

Concernant Los Angeles, je me plierai aux décisions de la fédération quoi qu’il arrive. Forcément, j’ai envie d’être de la partie, je me sens capable d’aider la France à ramener trois places pour les Jeux Olympiques. Si on décide d’envoyer Yannick, je serai son premier supporter et j’espère qu’il patinera aussi bien qu’ici pour nous assurer ces trois places aux JO.

Les finlandais Susanna Rahkamo et Petri Kokko champions d’europe et vice-champions du monde en 1995 et créateurs du Finnstep la nouvelle danse imposée. Susanna Rahkamo est également présidente de la fédération finlandaise. (Photo BD)

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