Mahil Chantelauze prend ses marques à Villard de Lans

A l’occasion des championnats de France, Mahil Chantelauze m’a accordé un peu de son temps pour évoquer son parcours, qui l’a mené il y a deux ans à Villard de Lans dans l’équipe de Karine Arribert.

Quel a été ton premier contact avec la glace ?
Mon premier contact avec la glace… j’avais 7 ans ! Ma mère était amie avec la présidente du club de Clermont Ferrand, on s’y est donc mis avec mes frères et sœurs, mais je suis le seul qui est vraiment accroché. J’ai directement commencé par la danse, avec Catherine Papadakis. Je suis passé en couple assez rapidement, après deux ans. Au final j’ai eu trois partenaires différentes, j’ai été sélectionné à trois Grand Prix junior et j’ai participé à deux.

Y avait-il un élément en particulier que tu aimais faire ?
Je n’avais pas vraiment d’éléments préférés sur la glace, j’aimais surtout ressentir les choses.

Comment s’est décidée la fin de ta carrière ?
Vers la fin de la ma carrière, on avait commencé à s’entraîner à Lyon avec Muriel et Romain. J’aurais aimé patiné tout le temps à Lyon, et plus à mi temps avec Clermont, mais il fallait déménager. Il y avait également l’aspect financier qui n’était pas négligeable, même si on avait des aides. Ce n’était pas évident, car ma partenaire de l’époque était mineure, je sentais que ses parents étaient réticents, surtout pour partir à temps plein. Pour moi c’était clair, je voulais profiter de tout l’encadrement qu’offrait Lyon. On a donc arrêté de patiner ensemble. J’ai fait quelques essais à Lyon avec d’autres partenaires, dont Tiffany, mais il n’y a rien eu de vraiment concluant.
A ce moment-là je me suis de nouveau blessé à la rotule, j’étais hors glace pendant un mois. Ca a été un tout, et j’ai finalement raccroché les patins. Il y a toujours une petite frustration où on se demande si c’est la bonne décision… mais j’avais d’autres occupations à côté !
A 19 ans, en parallèle de mes études au conservatoire en danse contemporaine, j’ai suivi des études de droit, en licence. J’ai bougé un peu, pour faire mon master 1 en Suisse, mon master 2 à Strasbourg.

Comment as tu choisi entre ces deux voies ?
La question s’est posée ce moment-là : quelle voie choisir ? Le patinage, le droit ? Dans quelle direction pourrais-je le mieux m’épanouir ? Finalement le choix s’est fait de lui-même. Je n’ai peut-être pas choisi l’option la plus lucrative ou la plus simple, mais celle dans laquelle je me voyais plus m’investir à long terme. La passion avait parlé !

Comment cela s’est-il traduit ?
J’étais déjà intervenu ponctuellement au niveau chorégraphique, avec Angélique [Abachkina] et Louis [Thauron], notamment sur le programme sur Amélie Poulain, et ça m’avait plu. J’ai été conseillé aussi à l’époque par Catherine Glaise. Et finalement je suis revenu à Clermont en temps qu’entraîneur, tout en reprenant mes études de danse au conservatoire, cette fois-ci en jazz. Assez vite Catherine Papadakis a quitté le centre, ainsi que Vincent Gironde qui y était également entraîneur : il est parti dans le monde de la synchro, ce qu’il voulait faire depuis longtemps [il entraîne désormais les Black Diams de Compiègne]. On avait fait une bonne passation avec Catherine, mais du coup je me retrouvais seul entraîneur à Clermont ! C’était pas mal de stress, mais ça confirmait aussi que j’avais fait le bon choix.
J’intervenais du coup aussi bien au niveau technique qu’en chorégraphie. J’ai travaillé de plus en plus souvent avec Adelina et Louis, pour finalement faire leurs chorégraphies, c’était toujours un plaisir de travailler avec eux. Ils s’entraînaient en partie en Russie, mais quand ils revenaient en France ils venaient à Clermont, ça leur faisait un point d’ancrage.

Et ton arrivée à Villard de Lans ?
De mon côté, j’avais aussi de bons contacts avec Karine Arribert. Elle a été danseuse contemporaine, on vient quelque part du même monde ! Je me suis senti très vite proche de son travail, tellement riche, avec cette approche originale de la danse sur glace. Au début elle m’a demandé d’intervenir ponctuellement car Villard prenait de l’importance et ils avaient beaucoup de couples à gérer. Je suis venu pour un stage d’été… puis je suis revenu l’été d’après, et comme il fallait un troisième entraîneur à Villard, Karine m’a fait ce superbe cadeau en novembre 2020 !

Comment avez-vous organisé votre collaboration ? Notamment au niveau chorégraphique, l’école de Villard a une ‘patte’ qui lui est propre.
On travaille de manière très proche. Elle me fait vraiment confiance. On se complète bien, je suis plus dans le ressenti, elle est dans le visuel, et surtout on communique beaucoup. C’est elle qui drive le centre, qui donne la direction chorégraphique qu’elle veut pour les couples de Villard. Mais elle sait déléguer, elle me confie certains passages à revoir, certains points à améliorer, voire certaines chorégraphies. On en rediscute, quand elle n’est pas sur place je lui envoie des vidéos. C’est un échange perpétuel, très riche. Il y a aussi Vladimir, qui est un excellent danseur contemporain, il a dansé dans des grandes compagnies. Donc pour résumer, Karine donne les lignes, et après on s’adapte pour toujours améliorer les choses. Parfois je peux être plus impliqué sur un programme ou un autre. Je me suis mis au ballet également ! Après le départ de Violetta j’ai récupéré la gestion de l’équipe novice dont elle s’occupait.

Regrettes-tu le monde de la danse au sol ?
Un peu parfois… Techniquement ce serait possible pour moi d’aller à Grenoble, ce n’est pas si loin. Mais vu la charge de travail à Villard, ce serait frustrant, car je ne pourrais pas m’y consacrer autant que je voudrais. Donc oui il y a pu avoir une petite frustration, mais le travail effectué tous les jours est tellement riche que je gagne au change. Par contre on monte quelque fois les programmes d’abord au sol, ce qui n’est pas vraiment la norme en danse sur glace.