Championnats de France Elite 2022 : Camille et Pavel Kovalev de nouveau en or

Il n’y avait pas de grosses surprises dans le classement, tant les niveaux sont encore assez différenciés. Camille et Pavel Kovalev patinent depuis de nombreuses années ensemble, et grâce à leur persévérance font leur meilleure saison avec une médaille d’argent en Grand Prix et la place de premier remplaçant pour la Finale. Oxana Vouillamoz et Flavien Giniaux patinent pour la première fois en senior, mais ont pu engranger de l’expérience notamment aux championnats du monde junior. Aurélie Faula et Théo Belle sont eux encore un tout jeune couple qui patinent depuis peu ensemble.

Et pourtant, il peut y avoir des surprises… Comme par exemple la chute de Camille sur le triple Salchow lancé dans le programme court, alors que c’est un élément qu’ils maîtrisent bien. La meilleure note technique est allée à Oxana et Flavien, mais Camille et Pavel viraient en tête grâce aux notes de composantes.

Le programme libre remet les choses dans l’ordre : Camille et Pavel s’imposent assez largement avec 118.04 points, soit plus de 20 points de plus que leurs concurrents, pour 178.31 points au total. Ils délivrent un programme avec des portés solides comme toujours, des sauts lancés, dont le Salchow assuré aujourd’hui, et de bonnes notes d’exécution. Leur triple Twist est même de niveau 3, ce qui est assez rare et mérite d’être souligné. Côté piste d’amélioration, Camille ne fait que triple-simple dans la combinaison triple boucle piqué-double boucle piqué, la spirale de la mort est de niveau 2, et le Salchow parallèle est en double. Mais cette victoire et ce nouveau titre viennent chapeauter un formidable début de saison pour eux, qui doivent maintenant se tourner vers les championnats d’Europe, où ils auront une carte à jouer.


Camille : On est contents de notre titre ! Sur l’ensemble de la compétition, on est déçus de notre programme court et de la chute sur le triple Salchow lancé. C’est généralement un saut facile pour nous, on s’attend plus à chuter sur un saut individuel. On l’a inséré dans le programme court justement pour patiner propre, mais ici comme au Japon ça n’a pas marché. Vu que le triple flip passe bien en ce moment, on pense rechanger et mettre le flip dans le court par la suite.
Pavel : C’est bizarre parce qu’en compétition, c’est plutôt l’inverse des entraînements : auparavant on faisait rarement des sans-fautes sur le court à l’entraînement, et maintenant on les fait sans problème, mais en compétition ça coince, alors que les libres passent mieux.
Camille : Le Grand Prix au Japon, ça a été assez difficile. C’est comme si on ne s’était jamais faits au décalage horaire. La fatigue du voyage on a réussi à la gérer, mais le décalage horaire, c’était plus dur, avec en plus des entraînements très tôt le matin.
Pavel : J’ai eu du mal à savoir si j’avais vraiment dormi ! C’était tellement bizarre que quand on est revenus en France, on était directement à l’heure française.
Camille : Notre médaille à Angers était assez inattendue ; avec cette compétition on a engrangé de la confiance, on patine plus propre. Le rôle de premier remplaçant pour la Finale du Grand Prix était assez compliqué, on s’est préparés pour y aller au cas où, mais sans trop se fatiguer physiquement non plus. Par exemple, on n’a pas refait de programme libre en entier après le Japon, si on avait été à la Finale ça aurait été notre premier libre depuis, en one shot.
Le triple Salchow parallèle ? On a toujours en tête de l’inclure dans le libre. Après le Japon on était à moitié dans l’optique de la Finale, on n’a pas pu le travailler comme il faut. Pavel le repasse de temps en temps, mais il nous faut un peu plus de temps pour ça.
Dans les semaines qui viennent, on va à Vaujany pour le gala, puis on participe aux galas de Patin’air avec Gabriella et Guillaume. Ensuite on va se repréparer à fond pour les championnats d’Europe ! On essaye de ne pas trop se mettre de stress, mais la compétition va être très ouverte. On vise un top 10 assez sereinement, mais tout peut arriver, qui sait on se rapprochera peut-être du podium voire mieux.

Oxana Vouillamoz er Flavien Giniaux conservent donc leur deuxième place, sur ‘Between those hands’ d’Asaf Avidan. Début de programme un peu compliqué, avec triple Twist de niveau 2 (il était de niveau 3 hier dans le court), chute de Flavien sur le triple boucle piqué, et chute d’Oxana sur le triple Salchow lancé. Ils se reprennent bien par la suite avec notamment le triple flip lancé et de bons portés. Il leur reste bien sûr beaucoup de point à améliorer, comme la séquence Axel simple-Axel simple ; logique pour leur première année, mais ils ont de solides bases et sont à bonne école avec Bruno Massot. Ils empochent 94.66 points sur le libre et 152.07 points au total.

Flavien : On est assez contents de notre compétition, notre objectif était surtout de patiner propre. Il y a eu quelques problèmes, mais dans l’ensemble on est satisfaits.
C’est notre première année sénior… la plus grosse différence, c’est qu’il y a un porté en plus ! Sinon, on patine désormais avec des couples qui ont des années d’expérience, alors qu’on est tout jeune à côté. Ca nous motive, on a envie d’être comme eux.
Oxana : Effectivement, on a déjà tenté le quadruple lancé. On le travaille toujours ! La première fois que je l’ai vraiment lancé, c’était assez magique, j’avais beaucoup de temps en l’air. Mais ce n’est pas toujours simple de savoir où on en est, surtout que ce n’est pas un saut que je travaillais en individuel ! A force de le travailler j’arrive à mieux me repérer dans l’espace, et à l’atterrir assez souvent debout. Les premières chutes étaient des vraies chutes, maintenant j’arrive aussi à mieux me situer en l’air et à anticiper les choses.
Flavien : De mon côté la grande différence c’est qu’il faut que je pousse plus avec mes jambes. On peut avoir l’impression sur un saut lancé que je lance la fille, mais il faut surtout que je l’assiste, ce ne sont pas que les bras qui travaillent mais aussi les jambes. Et non, travailler le quadruple n’interfère pas sur le triple. Sur le quadruple le rythme est plus rapide, il faut être plus explosif.
Oxana : Nos objectifs pour le reste de la saison… on va participer aux championnats de France junior, puis aux championnats du monde junior, où on espère faire un top 5, mais surtout patiner propre.
Entre temps, on va passer Noel dans nos familles, on a quelques jours aussi pour le nouvel an, et entre les deux on va faire un stage de quatre jours de danse sur glace à Villard de Lans avec l’équipe de Karine Arribert. Ce sera notre premier stage de danse sur glace, on va essayer de grapiller quelques trucs et astuces des danseurs pour améliorer notre patinage, savoir en détail comment et quand pousser, travailler la connexion entre nous, le regard,… ça va être une bonne expérience !
Côté étude ? De mon côté, je suis Suisse, et j’étais en école de commerce. Par contre en France c’est très compliqué de trouver des équivalences, car en Suisse on n’a pas du tout de baccalauréat, donc les pré-requis ne sont pas les mêmes. Pour l’instant je n’ai pas trouvé, mais je ne désespère pas ! Sinon je vais m’investir dans des études de langues en France, je continue entre temps à travailler la comptabilité par exemple.
Flavien : J’ai de mon côté des cours à distance, dans le design graphique. J’arrive à travailler une à deux heures par jour, je rattrape le week-end le retard de la semaine.
Travailler avec Bruno Massot, c’est vraiment extraordinaire. Il a tellement d’expérience sur les compétitions de haut niveau ! Et on patine avec lui depuis le tout début, il nous connait très bien, il est passé par toutes les étapes que l’on traverse, et il sait toujours trouver le mot pour nous encourager. On apprend beaucoup avec lui.

Aurélie Faula et Théo Belle terminent eux troisièmes du libre (83.06 points) et au final (132.97 points). Ils alternent entre le bon et le moins bon sur les notes de ‘Where’s my love’ de SYML. Quelques problèmes sur les sauts individuels avec chute d’Aurélie sur le triple Salchow, et combinaison double-simple pour elle alors que Théo fait double boucle piqué-double boucle piqué. Les portés manquent encore beaucoup de fluidité, mais ils montent ! Le triple Salchow lancé est un de leurs points forts, comme la pirouette de couple, ils sont les seuls à la réaliser en niveau 4. Un niveau encore disparate entre les éléments, mais qui impressionne vu le peu de temps depuis lequel ils patinent ensemble, sachant qu’ils sont tout nouveaux dans la discipline. A suivre !

Aurélie et Théo :
On est contents de notre compétition, on a réussi à améliorer notre score. On ne patine ensemble que depuis très peu de temps, et on n’a jamais fait de couple auparavant. On était deux patineurs individuels à Caen, et Bruno Massot nous a mis au couple. On a découvert la discipline, et on a accroché ! Depuis on a changé de club, on patine désormais à Bercy. On progresse très vite techniquement, on va travailler désormais le triple Twist pour si possible l’intégrer dans un programme d’ici la fin de saison. Le côté artistique ça prend plus de temps, il faut faire attention à tout, il nous reste de toute façon énormément de travail !