Championnats d’Europe 2022, jour 1 : la suprématie russe en marche chez les couples et les messieurs

En cette période compliquée de circulation active du virus, les championnats d’Europe 2022 se tiennent malgré tout à Tallinn, en Estonie, avec un protocole renforcé (test antigénique tous les jours pour tout le monde, hors public), à défaut d’une bulle sanitaire. Plusieurs athlètes, comme Gabriella Papadakis et Guillaume Cizeron, ont préféré ne pas venir, afin de ne pas compliquer leur préparation pour les Jeux, un test positif, hormis les conséquences physiologiques, entraînant un isolement de 10 jours. Certaines délégations, comme Israël, ont décidé de laisser quasiment l’intégralité de leurs patineurs à la maison.

Du côté russe par contre, toute l’équipe est là, avec toutes ses têtes d’affiche, exception faite de Mikhail Kolyada, blessé. Et la Russie pourrait bien empocher toutes les médailles européennes ! C’est dire le niveau du patinage en Russie : elle dispose de trois quotas dans chacune des quatre discipline, et chaque patineur peut viser une place sur le podium, avec peut-être seulement un ‘deux sur trois’ en danse si les Italiens empêchent la razzia.

C’est en tout cas bien parti chez les messieurs et les couples, où les podiums provisoires à l’issu des programmes courts sont 100% russes.

Le triplé est impressionnant chez les messieurs, avec un joli tir groupé à plus de 6 points de leurs concurrents, et moins d’un point d’écart entre eux : Andreï Mozalev vire en tête avec 99,76 points, suivi de Mark Kondriatuk avec 99,06 points,  et Evgeni Semenenko avec 99,04 points. Les trois patineurs ont le même contenu technique : deux quadruples (Salchow, boucle piqué), dont un en combinaison avec triple boucle piqué, et triple Axel.
Le programme libre va être très intéressant car le titre se jouera à un cheveu, à une réception, ou à l’exécution d’une pirouette.

Kevin Aymoz de son côté a fait un programme ambitieux, en tentant le même contenu technique que les Russes. Kevin part à l’erreur sur le quadruple boucle piqué, ce qui l’empêche d’enchaîner la combinaison, mais il décompose bien ses éléments pour repartir sur quadruple Salchow, également retourné. Il est pour l’instant 10ème avec 80,39. Il a les capacités pour améliorer cette 10ème place, synonyme de deux quotas pour l’année prochaine. Réponse samedi.

Scénario similaire pour les couples, où les représentants russes étaient, sauf catastrophe, assurés d’être sur le podium, restait à savoir dans quel ordre. Le tir groupé est également assuré, avec une avance encore plus grande sur leurs poursuivants (13,5 points!), mais les scores sont plus éclatés.

En tête, avec un programme parfait, Anastasia Mishina et Aleksandr Galliamov prennent déjà un peu d’avance pour le titre avec 82,36 points. Ils confirment leur statut de favoris sur ces championnats, et se positionnent en candidats sérieux pour le titre olympique, qu’ils disputeront aux Chinois Sui/Han.

Evgenia Tarassova et Vladimir Morozov sont deuxièmes avec 81,58 points, et enfin cette année de très jolis programmes, dignes de leurs très grandes qualités. Dès les premières secondes on retrouve le classicisme des lignes russes et la posture tenue jusqu’au bout des doigts. Exception faite de la réception du triple boucle lancé, un peu raide et avec la main, Evgenia et Vladimir ont fait un très bon programme, alors qu’ils ont été un peu chahutés dans la hiérarchie russe où ils n’occupent plus la première place. Mais ils ont de solides atouts dans leurs mains, et ne sont pas loin.

Aleksandra Boikova et Dmitrii Kozlovskii ont connu une ascension rapide dans le classement et paraissaient devoir dominer la discipline au niveau européen, mais des grains de sable sont venus se glisser dans la mécanique gérée par Tara Moskvina. Aujourd’hui, Aleksandra ne tourne le Salchow qu’en double, et sa réception sur le triple flip lancé est un peu raide, avec une bascule sur l’avant. Avec 76,26 points ils semblent déjà trop loin pour conserver leur titre.

Pour les patineurs français, du bon et du moins bon… Pour le positif, Camille Kovalev et Pavel Kovalev se qualifient assez facilement. Petite erreur de Camille sur la réception du triple boucle piqué, le triple salchow lancé étant très propre. Ils sont 12èmes avec 56,04 points, à seulement un quart de points de la 10ème place.

Déçus, ils doivent l’être, Coline Keriven et Noel-Antoine Pierre, car c’est le côté ‘moins bon’ de ce court couple pour la France. Avec 51,79 points, Coline et Noel-Antoine sont les premiers non qualifiés, pour un petit point. Leur programme était assez homogène, mais des erreurs sur les premiers éléments (triple boucle piqué incomplet pour Coline, triple Salchow sur deux pieds) leur coûtent cher.

A noter : la domination russe en couple est telle que plusieurs autres couples russes, comme Pavliuchenko / Khodykin ou Artemeva / Nazarychev se serait classés sûrement dans le top 5, et que 10 autres patineurs de couple sont nés en Russie.