Internationaux de France 2021, jour 1 : retour sur la glace française en fanfare pour Gabriella Papadakis et Guillaume Cizeron

Très à l’aise pour leur retour sur la glace grenobloise, Gabriella Papadakis et Guillaume Cizeron empochent 89.09 points, leur meilleur score de la saison, et laissent leurs concurrents à près de 8 points. Il y a eu déjà plusieurs modifications dans cette danse rythmique depuis les Masters :  la musique du blues a été changée, des mouvements de bras ont été rajoutés pour unifier encore plus leur prestation. Le tout est très convaincant, ils ont une fois de plus réussi à incorporer les obligations techniques dans leur propre style. Cette année ce sont les mouvements de bras rapides et saccadés du waacking qu’ils intègrent dans leur danse. Encore une innovation ! Ils se démarquent de plusieurs de leurs concurrents qui optent pour le style bad boy de la street dance. Sachant qu’ils peuvent encore améliorer leur score : le Midnight Blues peut gagner un niveau, un des quatre keypoints n’est pas validé (mais le panel technique ne l’a validé pour aucun couple aujourd’hui). Les protocoles nous apprennent également que le juge français a été de justesse le plus généreux sur les notes (trois ‘10’ pour les composantes par exemple), mais que le juge russe a également sorti la note de 10, quant d’autres juges ne montaient pas aussi haut. Gabriella et Guillaume ont la plus haute note technique et gagnent quasiment 16 points avec les notes d’exécution.
Gabriella : « C’est vraiment bien d’être ici pour le Grand Prix, devant le public français qui nous encourage. On a fait un bon programme, un bon score, on se projette maintenant sur demain. »
Guillaume : « Tous les mouvements de bras qui vienne du waacking, ça nous a demandé pas mal d’entraînement hors glace pour commencer, pour travailler en détail les mouvements et avoir une bonne coordination. On y a passé plusieurs jours, puis on a regardé comment les intégrer avec les pas, comment ils pouvaient nous gêner parfois. Il a fallu tout dissocier, car il faut être hyper précis, on ne fait pas ce que l’on veut ! A la fin, nous avons intégré le tout à notre style, pour faire une danse rythmique inspirée du waacking. Notre chorégraphe nous a beaucoup aidé, en repartant aux racines de cette danse. »
Guillaume : « Ce que l’on aime le plus dans ce programme ? Quand il est fini ! Non, plus sérieusement, tous les mouvements de waacking, car c’est sympa à faire, et c’est nouveau. »
Gabriella : « Vu qu’on n’a pas fait de compétition l’année dernière notre ranking n’est pas assez haut et il se pourrait effectivement qu’on ne patine pas dans le dernier groupe de la rythmn dance aux Jeux, mais je ne pense pas que cela soit un problème, c’est comme ça ! Notre choix de faire un mini break l’année dernière était le bon, pour nous et pour notre préparation. »

Piper Gilles et Paul Poirier, récemment médaillés de bronze aux championnats du monde, prennent ici une belle deuxième place avec 81.35 points, même s’ils sont déjà assez loin des Français… et de leur meilleur score de la saison (plus de 85 points au Skate Canada sur cette épreuve). Leur interprétation de musiques d’Elton John est intéressante, et le moins qu’on puisse dire est qu’on ne passe pas à côté de leurs costumes, très près du corps et orange fluo, dans le thème des 70ies ! Leur programme a notamment plu au juge coréen, qui leur octroie de meilleures notes que le juge canadien. Ils gagnent plus de 11 points sur leur note de base, signe d’une très belle qualité d’exécution, même si plusieurs jugent ne donnent que ‘+1’ sur leurs twizzles. Ils m’ont particulièrement impressionné sur l’unisson qu’ils ont dans leur exécution, ils patinent très synchrone, ce dont on se rend encore mieux compte en live.
Piper et Paul : « On est content d’être de retour ici, la dernière fois qu’on était à Grenoble nous n’avions pas fait un très bon résultat, ce qui nous avait privé de la Finale du Grand Prix ; aujourd’hui c’est différent. C’est notre deuxième Grand Prix devant un public, c’est vraiment bien, on aime l’emmener avec nous. Ce n’est pas vraiment le score que nous voulions, on se concentre sur demain maintenant. On aime beaucoup ce programme, notre entraîneur avait choisi ces musiques au départ pour un autre de ses élèves. Finalement, ça a été pour nous ! On se connecte facilement à l’esprit, à l’énergie des musiques d’Elton John, cela nous permet de montrer qui on est, c’est ce qu’on veut partager aux Jeux Olympiques. »

Alexandra Stepanova et Ivan Bukin, 2emes,sont plutôt déçus de leurs notes (81.35 points), après une prestation assez convaincante sur des musiques des Backstreet Boys.
Alexandra et Ivan : « Nous avons mieux patiné qu’en Italie, on ne comprend pas vraiment comment on peut être un point en dessous. Mais on est content de ce qu’on a produit aujourd’hui, dans cette danse on aime particulièrement la séquence de pas. Ce style de street dance / hip hop, on l’a déjà utilisé par le passé, c’est un style qui nous va bien, généralement le public aime aussi.»
Un regard sur les protocoles, et on comprend où les patineurs russes ont laissé des points… Le Midnight Blue, trop court, n’est que d’un modeste niveau 1, avec deux keypoints non validés. La suite de pas séparée n’est que de niveau 2 pour les deux patineurs, et la médiane de niveau 1. Ils gagnent cependant 12 points sur les notes d’exécution : en corrigeant leurs erreurs techniques ils seraient très proches des Canadiens, puisque sur les composantes ils font jeu égal avec eux (11 centièmes de différence).  

Dans le reste du classement, on retrouve notamment à la 5eme place Christina Carreira et Anthony Ponomarenko avec 70.74 points. Bonne idée de choisir la ‘Batdance’ de Prince, la musique, rapide, convient bien au thème, et comporte déjà une partie lente pour le blues (même s’ils ont dû la ralentir encore un peu pour coller au tempo imposé).

Ils devancent Evgeniia Lopareva et Geoffrey Brissaud, 5eme avec 69.23 points. J’ai trouvé Geoffrey encore plus investi dans cette danse que sur les précédentes compétitions. De bonnes notes d’exécution de la part des juges, unanimement à +1 et +2, avec même un +3 du juge américain sur le porté rotatif final.

Adelina Galyavieva et Louis Thauron ayant dû malheureusement se séparer (ils vont beaucoup nous manquer….), c’est Loicia Demougeot et Théo Le Mercier qui prennent la place du  troisième couple français. Bonne prestation dans l’ensemble pour leur premier Grand Prix senior, la première partie de leur medley de Michaël Jackson est très sensuelle sur ‘The way you make me feel’, et plus rock sur ‘Billie Jean’ ensuite. Aucune note d’exécution négative, reste à grapiller des niveaux sur le Midnight Blues, et les séquences de pas par exemple. Ils sont 9eme avec 63.95 points.

J’ai bien aimé le choix musical d’Alison Reed et Saulius Ambrulevicius, mais Saulius s’est emmêlé les lames sur un choctaw de la suite de pas, entraînant Alison dans sa chute, ce qui leur coûte deux points de déduction.