Victoire assez logique de Laurine Lecavelier chez les dames, tant elle semblait sûre pendant les entraînements : très affûtée, elle enchaîne les difficultés techniques avec une sûreté retrouvée. Dans le programme libre, ce sera un peu moins bien, avec deux faux départs sur Salchow et flip, alors qu’ils passaient très facilement encore un peu plus tôt dans la journée. Gros point positif, Laurine réagit bien et revient dans son programme, notamment avec une combinaison double Axel-triple boucle piqué-double boucle piqué et une deuxième triple Lutz, le premier en ouverture étant en combinaison triple-triple, avec des notes de réalisation excellentes. C’est vraiment ce qui saute aux yeux : une technique sûre et limpide sur les sauts, une très belle aisance dans le patinage et sur ce libre une belle adéquation entre la musique, les difficultés techniques et la chorégraphie. Son choix musical est un pari réussi : du Chopin, seulement du Chopin, et en version originale, sans réorchestration, et ça, ça fait du bien ! La chorégraphie de Massimo Scali est légère et juste, faisant une belle part à la valse no7 en do dièse mineur. Laurine remporte les Masters sur le court et sur le long, avec un total de 188.85 points : une première compétition très prometteuse pour la suite de la saison.
Maé-Bérénice Méité termine 2eme avec 172.78 points. Un peu comme pour Laurine, l’entrée de programme est très chargé : double Axel-triple boucle piqué et triple Lutz-triple boucle piqué (avec le deuxième saut jugé incomplet). Maé retente de grosses combinaisons, ça fait plaisir à voir, même si cela n’est pas si surprenant quand on connait son tempérament de guerrière. La suite est un peu plus dure, avec triple flip incomplet, et à l’inverse de Laurine les sauts restants sont également accrochés : boucle et Lutz rattrapés avec les deux mains sur la glace, et triple Salchow final retourné. Pas de réelles inquiétudes, ce ne sont pas de grosses erreurs, mais toujours des points qui s’envolent… En tout cas avec le court sur de la samba, Maé a également été inspirée pour le libre sur le ‘Hometown glory’ d’Adele : ce morceau lui colle à la peau, c’est une réussite.
Léa Serna complète le podium avec 154.99 points ; sa technique est toujours aussi impeccable sur le triple Lutz, qu’elle présente par deux fois, dont la première fois en combinaison avec triple boucle piqué. Cela fait donc trois patineuses qui maîtrisent cette combinaison, sachant que Julie Froestcher l’a également passé à l’entraînement plus tôt dans la journée ! Il manquait un peu de fraîcheur physique sur la fin de programme pour Léa, avec une chute sur triple Salchow (peut-être que le rythme est un peu malmené depuis qu’elle travaille le quadruple ?) et pirouette combinée en déséquilibre.
Julie Froetscher est passé à côté de son programme : elle ne réussit que le triple Salchow, jugé incomplet, chute sur le Lutz initial, et omet un tour sur quasiment tous ses autres sauts. Elle termine au pied du podium avec 134.89 points. Constat assez similaire pour Alizée Crozet, 5eme avec 114.90 points. Cependant, ces deux patineuses reviennent de blessure, à relativiser donc.
Laurine :
“Je suis contente de moi, après un bon début il y a eu un passage moins bien avec deux sauts non déclenchés, mais je me suis reprise. Dans l’ensemble je suis assez fière de moi. Ces erreurs, il m’arrive de les faire à l’entrainement. Le Salchow, comme le flip, sont des sauts dont la technique a le plus changé selon mes différents entraîneurs, et quand je suis un peu fatiguée je n’ai pas forcément le bon rythme.
J’étais quand même stressée avant de monter sur glace, car avec Lorenzo (Lorenzo Magri son entraîneur) on a modifié tout mon programme long… il y a seulement un mois. Le programme d’avant était sur la même musique, mais je ne faisais que des sans fautes à l’entraînement : Lorenzo a trouvé que c’était trop facile, on a tout repris ! L’ordre des sauts, les courbes, les transitions… tout est plus difficile, il n’y a que la séquence de pas chorégraphique qui n’ait pas changé.
Je n’ai pas non plus pu faire de programme libre en entier depuis environ 2 mois, ça n’aide pas ! On s’est rendu compte assez tard que j’avais une fracture de fatigue au 4eme métatarse du pied droit, depuis l’année dernière. Ca se remet doucement, mais je le sens sur le Lutz notamment, et sur les réceptions. A ça se rajoute de l’arthrose détectée au niveau du dos, qui fait qu’à l’entraînement je dois choisir entre les pirouettes ou les séquences de pas. Mais l’entraînement en Italie, ça se passe vraiment très très bien !
Et Lorenzo va être plus présent maintenant par rapport au début de saison, c’est quand il n’est pas là que j’ai plus tendance à avoir des coups de moins bien. Dans 2 semaines je suis à Minsk, donc dès le début de semaine prochaine je reprends l’entraînement, le but étant par exemple de corser la difficulté des sauts du programme court. Et 2 semaines après, ce sera déjà Grenoble et les Internationaux de France.
Mon objectif cette saison ? Être heureuse ! Il y a quelque temps j’aurai répondu ‘passer la combinaison triple-triple’, ou ‘atteindre la Xeme place de telle compétition’. Maintenant c’est différent, j’ai changé mon état d’esprit. J’essaye de plus gérer mon stress par moi-même, d’apprécier vraiment les compétitions, ce qui n’était pas forcément le cas auparavant. Niveau technique, le triple Axel, je l’ai retravaillé un peu cet été, mais rapidement le plus important était de répéter les programmes et d’améliorer les combinaisons triple-triple. Ce sera plus un objectif pour l’année prochain, d’ici là qui sait je le tenterai peut-être aux France.”