Conférence de presse (Fernandez, 1er du programme court, Kovtun, 2ème, Brezina, 3ème)
Javier Fernandez : je suis vraiment très satisfait de ma performance. Il y a certes un retournement mais cela montre que je peux encore faire mieux. Dépasser la barre des 100 points signifie beaucoup pour moi…au-delà des quadruples, c’est un programme extrêmement difficile et exigeant, ce résultat est la récompense de mon travail.
(Sur le choix d’intégrer un second quadruple sur ce court) J’y pensais depuis longtemps. Mais l’idée est venue plus précisément après la finale du Grand Prix. J’ai eu une discussion là-dessus avec mon entraîneur (Brian Orser), et on a décidé d’intégrer progressivement le second quadruple à l’entraînement puis en compétition.
Maxim Kovtun : c’est un bon programme pour moi malgré la chute. Je suis surtout content des niveaux obtenus sur les pirouettes et les pas, c’est là où j’avais une marge de progression. (Sur le triple Axel chuté) : l’accent à l’entraînement a été mis sur les quadruples, et j’ai moins eu l’occasion de travailler le triple Axel qui est un saut que je maîtrise habituellement…mais j’ai des difficultés dessus depuis le début de saison et je suis en train de revoir la préparation du saut, c’est un effort en cours.
Michal Brezina : cette troisième place est un résultat très positif, j’ai pu profiter de mon programme, de l’ambiance dans la patinoire. Dommage pour l’erreur sur le quadruple Salchow, mais je sais d’où elle vient et ce que je dois corriger.
J’ai enchaîné beaucoup de compétitions cette saison, c’est ce qui était prévu en accord avec mes entraîneurs. J’ai appris sur moi-même suite à chaque épreuve même si les résultats n’étaient pas toujours satisfaisants, et je pense que le choix était le bon à moyen terme. Je me sens de mieux en mieux, et j’ai pu disposer de temps de récupération suffisants pour améliorer ma forme et mes repères.
Paul Harris : Mon programme n’était pas mal, les sauts étaient là mais les réceptions peuvent largement être améliorées. Sur l’Axel, je pense qu’au moment de l’impulsion j’ai pris un des carres que j’ai tracée sur la glace aux 6 minutes d’échauffement. Je n’ai pas de regret, j’ai essayé de présenter le programme du mieux possible, je me suis donné à fond.
Le choix de la musique de Saint Preux s’est imposée d’elle-même : mon entraîneur passait plusieurs musiques à la suite, et quand j’ai entendu celle-ci j’ai tout de suite su que c’était la bonne. Ce n’est pas du tout mon registre habituel, c’est un grand défi pour moi, mais ça m’est nécessaire pour progresser. Je l’ai choisie, par parce que j’avais besoin d’une telle musique, mais parce que je voulais vraiment patiner dessus. J’ai commencé à patiner très tard, à 11 ans, ce n’est que vers 18-19 ans que c’est devenu vraiment sérieux et que j’ai vu que je pouvais patiner à l’international. Je prends tout ce que je peux, comme ce programme aujourd’hui, pour aller vers l’avant. Plus j’en fais, plus j’en veux : je veux voir jusqu’où je peux aller !
La différence par rapport à l’année dernière, c’est surtout que ce ne sont plus mes premiers championnats d’Europe, je suis un peu moins excité par l’évènement. Aussi, j’ai déjà obtenu le score minimum sur le libre pour aller aux Mondiaux, l’année dernière j’avais la pression de bien faire pour atteindre ces fameux points.
Surtout, à Stockholm il y a eu cette très grosse chute dans le libre où je me suis retourné le coude, la douleur était vraiment très intense. Mais j’ai continué coûte que coûte, je n’ai pas l’habitude de baisser les bras. Ensuite j’ai fait un break de quelques semaines pour soigner tout ça, mais ça ne m’a pas arrêté. Les sauts sont dangereux, soit, mais petit à petit j’ai repris les simples et les doubles sauts, et j’ai facilement refait les triples. Pas de blocage mental ou d’appréhension. Par contre je suis plus conscient de ma position en l’air, je fais attention à avoir mes bras exactement là où il faut, ça m’aura au moins apporté ça !
Jorik Hendrickx : Je n’étais pas vraiment tendu, mais mes premières minutes d’échauffement n’étaient pas vraiment bonnes. J’ai réussi à me reconcentré, au final je suis très content de mon programme, je n’aurai pas pu mieux faire.. Cette musique de ‘you raise me up’, je l’avais utilisé en gala l’année dernière : j’étais blessé et je repatinais petit à petit, cette musique m’ai aidé à revenir. Elle est aussi très expressive et c’est utile pour me projeter vers le public. Du coup on l’a gardé pour le programme court, en intégrant les sauts et les séquences obligatoires. C’est dommage que ma sœur ne soit pas là aujourd’hui pour partager ce moment avec moi, elle avait les points pour se qualifier, mais elle est blessée, et contre ça on ne peut rien faire.
Alexander Majorov : Je me sens bien aujourd’hui, j’ai fait une bonne performance, je me suis senti comme à la maison. Sur la dernière pirouette, je suis parti un peu de travers, je pense que j’ai pris une carre. Physiquement c’était un peu dur mais à l’inverse du programme long où il y a des moments de relâchements, dans le court on donne tout à fond (rappelons que pour aider son père qui souffre d’une grave maladie, Alexander a donné son sang et a eu un prélèvement de moelle épinière ; n’étant pas remis, il a dû déclarer forfait pour son championnat national) ! Mon père va mieux, il y a des hauts et des bas, mais globalement c’est dans la bonne direction. Ici c’est dommage, le public est un peu haut dans les gradins pour qu’on puisse vraiment se projeter, mais j’ai essayé de briller du mieux possible.
Florent Amodio : Pour tout dire, si c’est comme ça demain, j’aurai rempli mes objectifs. C’est bien de dire que je vais patiner pour le fun, mais il fallait encore le faire. Certes, le quad ne passe pas, mais ça aura été le soucis de toute ma carrière, c’est pour ça que j’arrête ! Mais je voulais être ici pour me battre jusqu’au bout et faire plaisir au public. Je garderai ce moment pour moi à vie, je suis content de mon programme, assez propre malgré tout, et avec beaucoup d’émotion.
C’était important du coup pour moi de faire les championnats de France, j’ai vraiment ressenti après le libre à Epinal ce que ça fait de patiner ‘pour la dernière fois’. C’est normal, mais je ne veux pas me laisser envahir par cette émotion, pas encore… on en reparlera demain ! Pour l’instant je reste concentré, je n’ai pas envie de gâcher mon dernier programme libre. Il reste demain donc ! Le quadruple, on verra, il passe aux entraînements. Après, c’est une page qui se tourne, j’ai envie de vivre une autre vie, de ne plus tirer sur la corde encore et encore, les gens ne rendent peut-être pas compte mais le sport de haut niveau et celui là surtout, c’est un énorme engagement physique et mental.