Laurine Lecavelier, version 2.0

Laurine Lecavelier prend part ce week-end au Trophée Eric Bompard; retrouvons là juste après les Masters, où elle nous explique les changements de l’été.

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Comment te sens-tu après ces Masters ?
Globalement, ça va, sur l’ensemble de la compétition ce n’est pas trop mal, même si j’étais très stressée, c’est la première fois que je fais les Masters sans compétition avant. Surtout, je voulais bien faire, car j’ai changé d’entraîneur cet été, et j’ai beaucoup à prouver, que j’ai fait le bon choix par exemple.

Comment as-tu pris la décision de changer d’entraîneur ?
Katia Lemaire m’a entraîné depuis que je suis toute petite, c’est la seule coach que j’ai eue. L’été avait bien commencé, je suis partie au Canada chez Manon Perron, je l’appelais tous les jours comme on a toujours fait. Il y a eu la Summer Cup à Lyon, puis un stage en Hollande qui était une piqûre de rappel puisque Manon Perron y était, mais là, ça s’est très mal passé. On a eu des différents importants avec Katia, c’était vraiment dur. Ensuite je suis parti en Suisse chez Jean-François Ballester, c’était génial comme d’habitude, mais au retour sur Paris j’ai décidé de ne plus continuer avec Katia. Je me suis retrouvée toute seule, sans coach pendant trois semaines, heureusement pour moi à Courbevoie Médhi Bouzzine et son amie ont été là pour moi, ils m’ont beaucoup soutenu.

C’était très dur, mais je pense qu’il le fallait. Ca reste dur, il y a plein de souvenirs, plein de rituels qu’on avait en compétition, là je recommence à nouveau. J’ai perdu une coach, mais aussi une amie. Mais bon je vais de l’avant ! Désormais je suis entraînée par Claude Perri à Bercy. En gros, c’était le pôle, ou l’étranger. Mais je ne me voyais ni en Russie, trop impersonnel pour moi qui suis habituée aux petites structures, ni aux Etats-Unis où en gros tu t’entraînes toute seule, et que tu fais appel au coach quand tu en as besoin. J’avais bien pensé à la Suisse, mais la fédération n’était pas pour. Au début avec Claude, ce n’était pas simple, car elle m’a connu en plein dans ma période ‘adolescente rebelle’, où je supportais très mal la moindre autorité. Au point que pour moi c’était ‘jamais avec Claude’, et que pour elle c’était ‘jamais avec Laurine’ ! Finalement j’ai changé, heureusement ! On apprend à se découvrir, à travailler ensemble, et ça se passe bien. A Bercy il y a déjà beaucoup de monde, mais tout est bien organisé, on arrive à avoir chacun au moins une heure par jour en seul à seul avec Claude. Généralement l’ordre c’est Vanessa et Morgan, Lola et Andreï, Florent, Maé-Bérénice, puis moi.

Comment se passe votre collaboration ?
Un des points positifs avec Claude, c’est qu’elle commence à bien me connaître, mes points forts et mes défauts… dont le plus grand, l’ultra-pessimisme. Quand je pars dans cette spirale, je me trouve nulle, obèse, bonne à rien, tout est moche… à ce moment-là Claude me prie gentiment d’arrêter mes conneries ! Je fais des progrès, mais je suis comme ça. Par exemple la semaine dernière, en plus de tous les changements et la pression que ça engendre, je me suis fait une entorse à la cheville droite avec arrachement osseux. Les chevilles, j’ai l’habitude, mais on m’a trouvé d’autres pépins physiques nouveaux. En plus de ça, lundi pas de surfaceuse à Bercy, mardi la glace était toujours impraticable… j’ai fini par un joli pétage de plomb ! Psychologiquement en ce moment, c’est un peu dur, oui.

Le stress est différent, logiquement, par rapport aux saisons passées, là il faut que je prouve que j’ai fait le bon choix, j’ai parfois l’impression d’avoir le monde sur mes épaules. Ca va quand même en s’améliorant. Après ces Masters, on reprend avec une semaine d’entrainement, puis Bercy ferme : les couples vont à Danmarie, nous les individuels ce sera Champigny pour 1 mois, puis Vaujany pour 1 semaine et Megève pour 1 semaine également avant le Bompard à Bordeaux.

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Parle-nous de tes nouveaux programmes
Le programme court cette année, la chorégraphie c’est un montage personnel, avec l’aide d’une amie chorégraphe de danse sur parquet. Le Libre, c’est Fabian Bourzat ; c’était chouette de travailler avec lui, une ultra-pessimiste et un ultra-perfectionniste, rien n’était jamais assez parfait (rires) !

J’arrive beaucoup plus à me lâcher, à exprimer ma féminité cette année. Je pense qu’au fil des années, Katia était devenue comme une deuxième mère, et inconsciemment il y avait de la timidité, de la pudeur à exprimer cette nouvelle maturité. Peut-être que Katia ne m’a pas tout à fait vu grandir non plus. En tout cas, maintenant j’ai décidé de patiner pour moi, de me faire plaisir, et ça change tout ! Les entraînements n’étaient pas tout le temps faciles, les compétitions étaient très dures, même si ça ne se voyait pas, mais c’est en train de changer, et pour le mieux. C’est Laurine Lecavelier, version 2.0 !

Sur les combinaisons, j’ai toujours eu du mal, et ce depuis que je suis junior. Je suis trop tonique, je n’arrive pas vraiment à me relâcher comme il faut pour repartir sur le rebond. Par contre, au Canada, un jour où on faisait une séance de saut au sol, on a finit par… triple Axel. Et c’est passé ! Les coachs m’ont demandé pourquoi je ne le faisais pas sur la glace, la réponse était simple : j’avais peur ! Alors on a commencé avec le harnais, et même là l’entraîneur m’a dit qu’en fait il ne faisait pas grand-chose. Et sans harnais c’est passé également. En Suisse, Jean-François Ballester ne m’a pas cru, j’ai dû lui prouver ! Mais ce ne sera pas pour tout de suite, on verra, ça demande beaucoup d’implications, et ça a le mauvais goût de dérégler complètement le double Axel, il m’a bien fallu une semaine pour en refaire un beau.

Tes objectifs cette année ?
On en a discuté avec la fédération, les objectifs sont de finir dans les huit premières aux championnats d’Europe, et dans les quinze premières aux championnats du monde ; je pense que c’est faisable.