Portrait : Meagan Duhamel / Eric Radford (1/2)

Meilleur couple nord-américain l'an passé, allant même jusqu'à tutoyer le bronze mondial, Meagan Duhamel et Eric Radford entament leur saison ce week-end au Skate Canada. Saison pré-olympique d'autant plus importante que les championnats du monde auront lieu 'chez eux' en Ontario en mars prochain. Ils nous avaient accordé un peu de leur temps l'année dernière au Tromphée Bompard, nous les retrouverons de nouveau à Paris dans quelques semaines. 

 

 

 

Eric, comment es-tu venu au patinage ?
Eric : Mes premiers souvenirs de patinage, c'était les JO de 92 à la télévision. J'ai trouvé ça très aérien, j'ai beaucoup aimé ce côté là, et j'ai tout de suite voulu faire pareil. Je me souviens que je faisais des sauts dans mon salon ! Mes premiers pas sur la glace, c'était sur une patinoire extérieure que l'on avait derrière chez nous (chose commune au Canada, ndlr). Il faisait -30°C, j'avais des patins de hockey, j'ai essayé de faire comme ce que j'avais vu à la télévision et j'ai adoré ça. J'ai rapidement pris des courts, et mon coach a vu que j'étais pas mal doué. Comme les cours à la patinoire ne suffisaient pas, mon entraîneur venait me donner des cours sur la patinoire extérieure !
Au début je faisais du patinage individuel, j'ai été champion du Canada chez les juniors en 2004. Ensuite je me suis essayé au couple, comme cela arrive souvent chez nous. Puis il a fallu prendre une décision car continuer les deux disciplines était dur. Vu mon grand gabarit, la meilleure stratégie a été de garder le couple, et je n'ai aucun regret !
 
Meagan, avec Craig Buntin tu faisais déjà des plusieurs triples individuels, maintenant avec Eric tu fais triple flip et triple Lutz parallèle !
Meagan : Oui, Manon Perron m'a toujours dit de continuer de m'entraîner sur ces sauts. Craig ne les faisait pas, je lui ai donc répondu 'ce n'est pas la peine, je suis une patineuse de couple maintenant, je n'en ai plus besoin !' Mais elle m'a judicieusement répondu qu'il fallait que je continue quand même à les travailler à l'entraînement, car on ne sait jamais ce que l'avenir nous réserve… 
En tout cas c'était le bon choix, car maintenant avec Eric on fait tous les sauts possibles. Depuis le début de la saison, dans le court nous avons déjà fait triple flip, triple boucle piqué, triple Lutz, et ici à Paris nous avons fait triple Salchow. Pour la suite nous comptons remettre le triple Lutz dans le programme court, cela rapporte plus de points. Il ne nous manque plus que le boucle ! En fait dans le programme long on aimerait bien inclure triple Lutz et triple boucle. Mais pour le début de saison, on préfère la jouer plus cool, on a déjà beaucoup d'autres éléments difficiles… on verra par la suite.
 
Comment s'est passée la fin de ton partenatriat avec Craig Buntin ?
Meagan :  Notre rêve commun à Craig et moi c'était vraiment de participer aux JO de Vancouver. Quand on a vu après les championnats nationaux qu'on ne pourrait pas y aller, ça a été assez dur (ils avaient terminé 3eme derrière Dubé/Davisson et Langlois/Hay, et le Canada n'avait que deux places en couple). On s'est réunit avec Craig et Richard Gauthier notre entraîneur, et Craig nous a dit qu'il mettait un terme à sa carrière. Il a depuis complètement quitté le monde du patinage; il a sa propre affaire, il gère un café. Nous ne sommes plus beaucoup en relation. Je ne pense pas que je pourrai couper complètement les ponts avec le patinage comme lui, j'aime trop ça !
Quant à moi je ne savais pas vraiment si j'allais continuer à patiner, déjà quand Craig m'avait demandé de patiner avec lui j'avais repris l'université à plein temps, cette expérience a été comme un bonus. Mais pour ma part c'est assez dur car les Jeux Olympiques c'est vraiment un rêve très fort, je me réveille tous les jours en y pensant. Et la seule chose que je veux faire c'est continuer à patiner !
Eric : Ca nous arrive très souvent de rêver à du patinage. Ca peut être par exemple de patiner un programme long parfait, pas comme ici donc ! Sinon dans un rêve que j'ai déjà fait, je suis en bord de piste, on appelle mon nom pour patiner, et… je ne suis pas prêt du tout, je n'ai pas mon costume, je ne sais pas où sont mes patins !
Meagan : moi il m'arrive de rêver que je ne sais plus patiner du tout, que je n'arrive même pas à faire un saut de valse ! Généralement dans ces cas là je me réveille en sueur, pas vraiment dans mon assiette… puis je vais à la patinoire, et oui ça va, je sais encore patiner.
 
Comment êtes vous arrivé à patiner ensemble ?
Meagan : au fond de moi je sentais que j'avais encore beaucoup à donner dans le patinage. Quand Craig nous a annoncé qu'il arrêtait, Richard m'a tout de suite dit 'il faut que tu essayes avec Eric'. 
Eric : pour ma part, Eric m'a dit que Meagan était à la rechercher d'un partenaire, et il a programmé un essai. Les tous premiers pas ont été catastrophiques ! On n'arrivait pas à faire grand chose, à part les spirales de la mort et le triple Lutz en parallèle. A part ça rien n'allait, on n'arrivait même pas à faire des croisés ensemble ! Mais une grande chance pour nous c'est qu'on s'adapte très facilement : il arrive souvent que sur une difficulté, chacun fasse la moitié du chemin vers l'autre. Notre entraîneur n'a pas été déçu lui, contrairement à nous, il nous a dit 'ok, c'est pas mal, on recommence demain'. Et le lendemain on a repatiné ensemble, et le jour d'après encore. On a rapidement fait les triples parallèles. Deux semaines plus tard on faisait les portés, et un mois plus tard on passait le Twist.
Dans l'ensemble on a dû s'adapter l'un à l'autre, mais c'est allé très vite, car dès notre premier année nous étions 7ème aux championnats du monde en 2011.
 
 

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