Euros 2011 : Danse courte

Nathalie Péchalat et Fabian Bourzat ont assumé leur statut de favoris en remportant la danse courte, ce qui leur permettra de se présenter dans les meilleures conditions vendredi pour le libre. Ils devront cependant se méfier d’Ekaterina Bobrova et Dmitri Soloviev, puisque l’écart au score reste relativement mince.
Sinead et John Kerr complètent le podium provisoire, alors que Federica Faiella et Massimo Scali ont définitivement perdu leurs illusions.

 

Contrat rempli pour Nathalie Péchalat et Fabian Bourzat : certes, on pouvait ressentir une tension très forte à l’entame du programme… auteurs d’une première partie de saison magnifique, ils étaient attendus au tournant et n’avaient pas droit à l’erreur s’ils voulaient virer en tête. En conséquence, leur patinage a parfois manqué d’ampleur, de sérénité ou de grâce, sur un programme qui n’a pas encore l’aisance ou la personnalité de leur libre. Cependant, l’exécution des éléments fut impeccable, et cela restait l’essentiel. La fluidité de leur technique, la délicatesse de la gestuelle, les laissent dans une classe à part sur ce championnat, et la première place est tout à fait logique. A eux de confirmer vendredi pour s’offrir la consécration qu’ils méritent.

Ekaterina Bobrova et Dmitri Soloviev restent tout de même en embuscade, après une danse courte maitrisée et sans accrocs. Ils ont nettement progressé en régularité cette saison après avoir brillé en Grand Prix, et ils peuvent désormais profiter du statut de couple russe numéro un.
Cela explique aussi des notes très flatteuses, car s’ils ont un potentiel évident à développer, et une expérience déjà riche en senior, leurs programmes manquent beaucoup de vécu et d’expression. Ils subissent des choix musicaux pas toujours cohérents, et ne parviennent pas développer une rigueur d’interprétation.
Ils se retrouvent cependant dans une position idéale pour la danse libre, et tenteront de réaliser un sans-faute pour profiter d’une éventuelle défaillance du couple français.

Sinead et John Kerr prennent la troisième place du classement. Si l’on pouvait encore avoir des inquiétudes sur leur condition physique (suite à la blessure à l’épaule de Sinead cet automne), ils ont rassuré sur cette danse courte en patinant avec fougue et dynamisme. On retrouve chez eux un enthousiasme, une fraîcheur qui font toujours plaisir alors qu’ils sont en fin de carrière.
Le programme en lui-même reste un standard de leur patinage, ni plus ni moins. Le montage musical abrupt ne leur permet pas de trouver un équilibre, et la performance manque de caractère et de finesse alors qu’ils pourraient donner davantage.
S’ils auront du mal à rivaliser avec Péchalat/Bourzat et Bobrova/Soloviev, une nouvelle médaille de bronze, après 2009, semble largement accessible s’ils tiennent la distance sur la danse libre.

L’équipe de Russie dans son ensemble a offert son meilleur visage, puisque Elena Ilinykh et Nikita Katsalapov, et Ekaterina Riazanova et Ilia Tkachenko prennent les quatrième et cinquième places. Belle satisfaction pour les champions du monde junior 2010, qui montent en puissance après un début de saison inégal : Ilinykh et Katsalapov expriment déjà une personnalité qui ne demande qu’à s’épanouir. Leur patinage dévoile une fièvre et une sensibilité prometteuses, mêlées à la rigueur et la puissance de l’exécution technique.
Ils devancent de deux centièmes leurs concurrents Riazanova et Tkachenko. Eux-aussi incarnent une relève, alors qu’ils ne patinent ensemble que depuis la saison dernière. La composition de programme est plus quelconque, mais leur technique est fiable et assurée, avec une fermeté de caractère.

Quatre couples se tiennent en un point entre la sixième et la neuvième places. Nora Hoffmann et Maxim Zavozin ont proposé le minimum de ce que l’on pouvait attendre d’eux : leur programme est relativement limpide, mais patiné sans passion, sans l’investissement nécessaire pour dévoiler une clarté d’expression. On en reste à une gestuelle précise, mais déconnectée d’un mouvement musical.
Nelli Zhiganshina et Alexander Gazsi sont septièmes : c’est pour eux une heureuse surprise. Leur patinage est ample et ils ont montré beaucoup de confiance. A l’image de leurs costumes, le programme reste cependant bien surjoué et anodin.

Pernelle Carron et Lloyd Jones ont assuré l’essentiel avec cette huitième place provisoire. Sauf accident vendredi, la France devrait retrouver trois places aux Euros l’an prochain.
Leur programme est toujours séduisant, avec ce regret de ne pas assister à un crescendo crédible dans le final. Ils sont cependant en progrès depuis l’an dernier alors que leur partenariat s’enrichit par l’expérience. Ils doivent encore trouver une rigueur technique, un unison dans l’exécution, et des compositions de programmes plus riches pour pouvoir rivaliser avec l’élite internationale.

Federica Faiella et Massimo Scali se retrouvent en neuvième position. C’est une immense déception car ils ne visaient que le titre, pour ce qui représente peut-être leur dernière saison. La condition physique n’était malheureusement pas au rendez-vous, la blessure au dos de Massimo ayant fragilisé leur préparation.
Si une faute d’entrée sur les twizzles les a empêché de prétendre à un podium, c’est le programme dans son ensemble qui manque d’ampleur et de maîtrise, ce qui ne leur permet pas de dévoiler leurs qualités artistiques. Ils tenteront de se rattraper sur le libre, mais ils pourront simplement espérer remonter quelques places.

Le top 10 provisoire est complété par Lucie Mysliveckova et Matej Novak, malgré un programme en demie-teinte marqué par une chute. Ils peuvent faire bien mieux vendredi.

Plus loin, on retrouve notamment les deux couples ukrainiens : manquant d’expérience alors qu’ils doivent assurer une relève, ils ont cependant donné le maximum et n’ont pas grand chose à regretter.
Impression plus mitigée pour les couples italiens : ils ont montré de la fraîcheur et de l’envie, mais il n’y pas suffisamment d’assurance et de maturité.
Le couple espagnol, sur la lancée des qualifications, a dévoilé un potentiel intéressant, qui devra être confirmé.

Enfin, les Suisses Ramona Elsener et Florian Roost se qualifient pour la danse libre, en ayant montré un bien meilleur visage qu’en qualifications. Irina Shtork et Taavi Rand sont le seul couple éliminé (ce format de compétition est forcément cruel), les Estoniens ayant complètement manqué leur programme.

 

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