Elites 2010 : Court Dames

La compétition féminine promettait d’être disputée, consacrant une jeune génération ambitieuse pour l’avenir. Au terme d’un programme court très tendu (mais les enjeux sont importants), Yretha Silété prend la première place provisoire avec une légère marge. Elle devance Maé-Bérénice Meïté, qui peut encore largement croire au titre. Les déceptions sont venues de Léna Marrocco et Candice Didier, reléguées en cinquième et sixième position.

 

Yretha Silete en tête, il ne s’agit que d’une demie-surprise. Certes, elle patine encore cette saison en junior, ce qui ne lui a pas offert la même visibilité internationale que Meïté ou Marrocco. Mais elle a montré depuis le début de saison une régularité remarquable, avec notamment des performances encourageantes en Grand Prix Junior.
Relâchée, très fluide dans sa glisse et sa gestuelle, elle a livré le programme qu’il fallait lors de ce championnat de France. Avec un sans-faute sur les sauts, et notamment une combinaison triple Flip-double boucle piqué, le bilan technique est irréprochable. Et la note de composantes est relativement élevée, récompense logique d’une qualité de patinage déjà pleine de maturité.
Elle devra sur le libre gérer une pression nouvelle, avec une position à défendre. Ce sera de toute façon, quelle que soit l’issue, une expérience enrichissante.

Maé-Bérénice Meïté prend la deuxième place, et reste en position favorable pour aller chercher la victoire. Grâce à son bilan honorable en Grand Prix senior, elle pouvait être présentée comme favorite de la compétition. Et elle n’a pas déçu, malgré un triple Lutz fragile d’entrée, complet mais ne lui permettant pas d’effectuer une combinaison. Elle parvient cependant par la suite à rajouter le double boucle piquée derrière le triple boucle.
Très athlétique et vive dans son patinage, elle manque encore de nuances dans sa présentation, ce qui peut expliquer des composantes un peu faibles. Mais cela permet de souligner sa marge de progression.

Lénaëlle Gilleron-Gory et Anaïs Ventard sont en troisième et quatrième position : malgré leur potentiel, on ne les attendait pas forcément en si bonne posture. Gilleron-Gory se place sur le podium provisoire grâce à un programme sans-faute sur les sauts, très intense techniquement, avec une nette débauche d’énergie physique. Son programme est frustrant car manquant de subtilité, mais cela ne suffit pas à gâcher une impression très positive. Elle aura à coeur de confirmer sur le libre, pour renforcer des progrès très rapides dans la hiérarchie.

Ventard était moins en réussite sur les sauts puisqu’elle chute sur le triple Salchow, l’empêchant de réaliser sa combinaison. Mais le reste du programme est enthousiasmant : sa glisse, ses pas, et ses pirouettes, sont supérieures à celles de Gilleron-Gory, ce qui lui permet de combler en partie son retard technique sur les composantes. Elle aussi aura beaucoup à prouver sur le libre, sans pression inutile.

Léna Marrocco déçoit avec une cinquième place, mais la tenante du titre a livré une performance à l’image de son début de saison. Fébrile physiquement, elle a eu du mal à tenir son programme : le contenu technique est toujours ambitieux, mais la rotation du Lutz est insuffisante, et la réception du triple Flip très accrochée. De plus, elle n’a pas le dynamisme nécessaire pour soutenir la vivacité rythmique de son programme. On attend mieux d’elle sur le libre.

Pour Candice Didier, la situation est bien plus regrettable et douloureuse. On connait son aisance et ses qualités techniques, mais elle a semblé tétanisée durant tout son programme. Déstabilisée par une chute sur le triple Lutz, elle s’est reprise avec une combinaison triple boucle piquée-double boucle piqué. Mais l’intention n’y était plus, et elle a connu plusieurs déséquilibres sur d’autres éléments. Plus grave, elle ne croyait plus à son programme, ce qui ne peut que la desservir.
A 22 ans, ce championnat est un tournant, qui doit lui permettre aussi de se projeter sur d’autres échéances. Elle doit ainsi se rattraper sur le libre, et montrer qu’elle peut éviter de retomber dans ses travers.

Dans le deuxième groupe, Bahia Taleb, septième, a effectué la prestation la plus convaincante : malgré des erreurs techniques, la finesse de sa glisse et son caractère peuvent emporter l’adhésion.

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