Interview de Nathalie Péchalat à Los Angeles

Champions de France à Colmar au mois de Décembre dernier et légitimement déçus à la suite de leur quatrième place lors des Championnats d’Europe, Nathalie Péchalat et Fabian Bourzat sont arrivés à Los Angeles avec la nette volonté de ne pas rester sur cette mauvaise impression. Aux Etats-Unis, en devançant les trois couples qui étaient sur le podium à Helsinki, ils ont affiché leurs ambitions pour la saison olympique. Ils seront dans quelques jours à Tokyo pour la première édition des Championnats du Monde par équipe. Au lendemain de leur programme libre à Los Angeles, Nathalie Péchalat a accepté de répondre aux questions de Passion Patinage…

(Propos recueillis par Brice Dequaire) 

Nathalie Péchalat et Fabian Bourzat à Colmar lors des championnats de France au mois de décembre dernier (Photo Florence Lécrivain)

 

1/ C’était vos 6es Championnats du Monde ici Los Angeles, vous avez devancé les trois couples qui étaient sur le podium des derniers championnats d’europe. Quel est ton sentiment sur cette 5e place et sur votre performance ?

Nathalie Péchalat et Fabian Bourzat à Bercy le 4 avril dernier (Photo Florence Lécrivain)
On est très content, nous avons fait le maximum. On a vraiment travaillé dur, on a fait une progression différente cette fois avec nos entraîneurs Sacha et Oleg. Je pense qu’elle nous convient bien, c’était une préparation intense avec des programmes libres sans interruption tous les jours le matin à huit heures. Ce travail a porté ses fruits, on a réalisé des programmes sans fautes, nous avons eu des niveaux quatre partout sur la danse originale et sur le libre, c’est la première fois pour nous, c’est vraiment top. Nous finissons très bien la saison, même s’il y a un petit regret, car nous avons battu le podium européen ici à Los Angeles. À Helsinki, on était resté un peu penauds après notre 4e place. Je pense que c’est de bon augure pour l’année prochaine. Ici comme en Finlande, on a vraiment rempli notre mission, on a fait notre travail, on s’est fait plaisir, on a entendu pas mal de compliments autour de nous. 


2/ Quel est ton point de vue sur cette différence d’appréciation entre les Championnats d’Europe et du Monde ? Vous avez obtenu 10 points de plus ici par rapport à Helsinki et plus de 10 points de plus également sur les vice-champions d’Europe Federica Faiella et Massimo Scali.

Nathalie Péchalat et Fabian Bourzat à Colmar lors des Championnats de France au mois de Décembre dernier (Photo Florence Lécrivain)
Je n’ai pas vu les anglais et les italiens patiner. Pour parler juste de Fabian et moi, je pense que l’ on a patiné de la même façon avec un mois et demi de travail en plus, on a fait le maximum à chaque fois. Est-ce que les autres couples ont mieux patiné à Helsinki qu’ici, je ne sais pas. Les italiens sont tombés sur la danse originale, je ne n’arrive pas à me rendre compte, je suis à l’extérieur. Les anglais par exemple qui étaient troisièmes en Finlande ont très bien patiné ici également, sans grande différence. Notre 4eplace à Helsinki a sans doute fait réfléchir certaines personnes, c’est peut-être ce qui a porté ces fruits un peu plus tard. 


3/ En enlevant les champions du Monde Oksana Domnina et Maxim Shabalin qui avaient déclaré forfait à Helsinki, vous êtes presque champions d’Europe ici ?
Ça, à part ma mère, personne ne dit ça ! (rire) 

 

4/ J’imagine que ce résultat est motivant pour l’année prochaine, cela montre que votre démarche de partir en Russie est payante ?

Nathalie Péchalat et Fabian Bourzat à Bercy le 4 avril dernier (Photo Florence Lécrivain)
Nous avons discuté avec nos entraîneurs (Oleg Volkov et Alexander Zhulin) à la fin de la compétition ici à Los Angeles. On a eu besoin de quelques mois pour que leur travail porte ses fruits, pour prendre nos repères. Maintenant, on est lancé, nous savons exactement dans quelle direction aller, on sait ce qu’il faut travailler. Au début de la saison, c’était un peu compliqué, car nous avons beaucoup d’informations et de corrections de leur part. C’était peut-être trop au début, on a sans doute eu trop de nouveauté, nous avons eu besoin d’un temps d’adaptation. Depuis quelques mois, on a compris ce qu’il fallait faire et dans quelle direction aller. 

 

Nathalie Péchalat et Fabian Bourzat à Bercy le 4 avril dernier (Photo Florence Lécrivain)
5/ Est-ce que ce 5e rang mondial vous place sur des rails pour une éventuelle médaille olympique ?
Tous les sportifs doivent avoir des ambitions élevées en étant réalistes, c’est nécessaire pour avancer. Oui, nous gardons dans la tête d’avoir une médaille à Vancouver, il faut finir le travail pour cela. On verra, car je ne pense pas que ce soit la fin du monde d’être dans le top 5 aux Jeux Olympiques. C’est normal d’être ambitieux, on fait les sacrifices qui vont avec nos ambitions. 

 

6/ Avez-vous déjà réfléchi à vos thèmes de programmes pour la saison à venir ?
On a le thème, on sait déjà avec qui on va le travailler. 

 

Nathalie Péchalat et Fabian Bourzat à Colmar lors des Championnats de France au mois de Décembre dernier (Photo Florence Lécrivain)

7/ Est-ce qu’Alexander Zhulin va intervenir dans ce travail ?
Il va participer plus que l’an passé. L’année dernière, quand nous sommes arrivés en Russie, on avait les programmes, on avait déjà tout ce qu’il fallait. On a vraiment discuté avec lui, il a donné son avis, Oleg aussi, je pense que l’on va plus travailler avec lui sur les montages de programmes. Cette année, cela a bien marché, nous avons envie de leur ouvrir les portes et de leur faire confiance. Ils sont demandeurs aussi, ils nous demandent régulièrement ce que l’on souhaite faire pour le futur. On a une musique qui nous plait, il faut la retravailler, on va essayer d’emboîter le tout. 

 

Nathalie Péchalat et Fabian Bourzat à Colmar lors des Championnats de France au mois de Décembre dernier (Photo Florence Lécrivain)
8/ Vous faites souvent appel à des personnes extérieures au milieu du patinage pour la conception de vos programmes. C’est en général une caractéristique de la danse française, les danseurs français aiment avoir un regard décalé pour se différencier et apporter une idée chorégraphique. Quel est ton opinion sur ce sujet et sur votre démarche par rapport aux autres couples ?
Quand on regarde le dernier groupe aux Championnats du Monde, tout le monde à très bien patiné, mais mis à part les portés magnifiques des canadiens, c’est vrai qu’il n’y a pas beaucoup d’innovation. Je trouve ça dommage de juste se contenter d’être un bon patineur, je pense que l’on peut aller plus loin. Avec Fabian, on a pas mal d’idées, c’est important pour nous. Sacha et Oleg ont bien compris que c’était notre truc, ils nous poussent dans cette direction. 

 

Nathalie Péchalat et Fabian Bourzat à Colmar lors des Championnats de France au mois de Décembre dernier (Photo Florence Lécrivain)
9/ Beaucoup de personnes avaient émis des doutes sur votre choix de partir en Russie pour vous entraîner avec Sasha Zhulin, que voudrais-tu dire sur ce point pour répondre à ces personnes qui avaient été plus ou moins critiques sur votre choix ?
Au-delà d’un certain âge, je pense qu’il n’y a que les patineurs qui sentent vraiment ce dont ils ont besoin. Il faut aller au bout de ses envies et de ses choix. On ne joue pas notre vie, mais c’est quand même notre carrière. S’il fallait écouter tout le monde, on ne ferait pas grand chose. Je pense que les gens ont peur du changement ; nous aussi, nous avons eu peur au début. Il faut se faire confiance, il ne faut pas faire n’importe quoi. On s’est écouté, on a fait un essai et ça s’est bien passé. Il faut savoir passer à l’action . 

 

10/ Est-ce que votre collaboration avec Alexander Zhulin va s’inscrire dans la durée ?
Au moins jusqu’aux Jeux de Vancouver. Après avec Fabian, on ne sait pas si l’on va continuer, il faudra voir notre condition physique et l’évolution de la danse, ça va dépendre de beaucoup de choses. C’est beaucoup d’investissement pour nous, à tout point de vue. Nous continuons de faire nos études à distance. C’est un peu personnel, mais moi, j’ai l’impression d’avoir quitté mes amis. Je ne regrette pas ce choix car je sais que nous avons choisi la bonne option. S’il y a des gens qui étaient réticents au début de la saison, je pense que maintenant, ils le sont un peu moins. S’il y en a encore, j’ai envie de dire, ce n’est pas mon problème. Je ne suis pas du genre à m’enfermer dans quelque chose si je vois que ça ne marche pas. On a qu’une vie, il faut prendre les bonnes décisions, sinon il faut savoir dire "je me suis planté". Là, on ne s’est pas trompé ! 

L’équipe de France à San Diego avant Los Angeles en compagnie de la patineuse monégasque Mérovée Ephrem (Photo Nathalie Péchalat)

 

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