Comme à la Coupe de Chine, Alina Zagitova a réussi à combler son retard du court pour remporter une seconde victoire en Grand Prix, au terme d’un programme libre très disputé. Elle devance sa compatriote Maria Sotskova et Kaetlyn Osmond. Maé-Bérénice Meité prend la huitième place, alors que Laurine Lecavelier, douzième, n’est pas parvenue à montrer son meilleur visage.
Le choix tactique d’Alina Zagitova sur son libre, en plaçant l’intégralité des sauts en seconde moitié de programme, est déséquilibré mais assumé dans la mesure où la valeur des sauts est systématiquement augmentée. En réalisant un sans-faute avec notamment une combinaison triple Lutz-triple boucle, elle obtient un score impressionnant qui lui permet d’effacer l’échec du court et de s’emparer de la première place. Son aisance dans l’exécution fascine mais cette focalisation sur la performance laisse forcément de la frustration et des interrogations. Sa précocité lui permet déjà d’être une candidate au titre olympique alors qu’elle a encore énormément à apprendre, et la densité de la concurrence en Russie oblige les patineuses et leur encadrement à privilégier des stratégies de carrière à court terme. Si ce début de saison est particulièrement prometteur, Zagitova devra enchaîner avec la finale du Grand Prix puis le championnat russe, où elle sera une rivale particulièrement sérieuse pour la championne du monde en titre Medvedeva.
Tout comme Zagitova, Maria Sotskova se qualifie pour la finale du Grand Prix grâce à sa seconde place. Elle améliore largement son score du Skate Canada et semble monter en puissance, avec un programme sans accroc et une combinaison triple Lutz-triple boucle piqué d’entrée. Moins brillante techniquement que sa compatriote, elle dévoile un patinage fluide, sensible même si sa personnalité doit encore s’affirmer davantage. Sotskova confirme sa régularité de la saison passée ainsi qu’une progression, et aura pour objectif d’obtenir le troisième quota russe pour les Jeux Olympiques.
En tête après le programme court, Kaetlyn Osmond doit se contenter de la troisième place, résultat cependant suffisant pour se qualifier en finale après sa victoire au Skate Canada. Si elle avait pu profiter des erreurs de ses concurrents sur le court, sa prestation du libre n’a pas suffi en raison d’une chute et de plusieurs approximations, même si elle obtient la note de composantes la plus élevée.
Mai Mihara, cinquième du libre, prend la quatrième place du classement final. Très fiable sur les sauts avec notamment deux combinaisons triple-triple, son programme met en valeur la légèreté et la délicatesse de sa glisse. Elle peut cependant affirmer davantage un potentiel expressif et doit encore combler l’écart qui la sépare des toutes meilleures patineuses mondiales.
Elizabet Tursynbaeva prend la troisième place du libre et peut regretter sa relative contre-performance du court, puisqu’elle termine à la cinquième place, à quelques points du podium. Elle réalise une prestation techniquement très sûre, avec trois combinaisons lors de la seconde moitié du programme et montre sa virtuosité.
Surprenante troisième lors du programme court, Yuna Shiraiwa rétrograde à la sixième place mais cela reste pour elle un résultat très prometteur. Une chute sur le tout dernier saut (un triple boucle en sous-rotation) est particulièrement lourde de conséquences mais elle prouve qu’elle peut espérer figurer sur le podium national japonaise, voire se mêler à la lutte pour un des deux quotas olympiques.
Nicole Schott, septième, réalise le programme libre le plus abouti de sa carrière. Si elle ne tente pas de triple Lutz et place l’intégralité de ses triples sauts lors des deux premières minutes, elle prouve qu’elle a gagné en constance et peut aussi espérer une sélection pour les Jeux Olympiques.
Maé-Bérénice Meité prend la huitième place, ce qui marque une progression par rapport à la Coupe de Russie. Elle réussit plusieurs difficultés techniques, dont ses trois combinaisons de sauts (triple flip-triple boucle piqué, triple Lutz-double boucle piqué, double Axel-triple boucle piqué). Elle ne déclenche pas sa seconde tentative de triple Lutz mais le bilan reste largement positif et les doutes semblent derrière elle. Maé-Bérénice peut donc se projeter vers les championnats de France avec confiance, en espérant remporter de nouveau le titre national.
Elizaveta Tuktamysheva progresse au classement mais cette neuvième place reste une déception. Elle chute de nouveau d’entrée sur le triple Axel et ne réalise qu’un double Lutz en combinaison. Même si la suite du programme est moins fébrile, Tuktamysheva est loin de son meilleur niveau et le podium national russe semble forcément inaccessible.
Polina Edmunds est dixième suite à un programme très inégal, marqué par deux chutes et plusieurs sous-rotations. Encore à la recherche de sa meilleure condition physique, elle doit retrouver des repères après une longue absence sur blessure.
Laurine Lecavelier, onzième, espérait évidemment tout autre chose de ce Grand Prix. Malheureusement, elle n’a pas pu montrer son potentiel et a enchaîné les erreurs : une chute, des sauts doublés ou non déclenchés…son classement est très loin de refléter l’étendue de ses qualités et Laurine aura à coeur de vite se remobiliser vers les prochaines compétitions, dont la défense de son titre national à Nantes en vue d’obtenir une sélection olympique.