Camille Mendoza et Pavel Kovalev participent cette semaine aux championnats de France Elite à Epinal, où ils vont aller chercher la validation de leur billet pour les championnats d’Europe de Bratislava le mois prochain. Nous les avons rencontré après leur entraînement à la patinoire de Courbevoie au mois d’octobre.
Sous les yeux attentifs de Medhi Bouzzine, leur entraîneur, et de Léonie Corbin, leur chorégraphe, Camille et Pavel répètent leurs éléments parmi les quelques autres patineurs du club de Courbevoie sur la glace ce jour-là.
Sérieux et complices, ils enchaînent les portés, les spirales de la mort, les suites de pas, et surtout… les sauts parallèles, comme souvent sur une séance d’entraînement. Pavel n’a pas trop de problème, il tente même le triple boucle, qu’il chute, mais après avoir tourné les trois tours. La fatigue des dernières semaines se faisant sentir, il ne partira pas sur triple Lutz, qu’il maîtrise pourtant selon son entraîneur.
Camille fait quelques faux départs sur le triple Salchow, que Médhi corrige en lui faisant reprendre le double, le triple passe enfin. Le boucle piqué est plus assuré, avec une jolie séquence de deux sauts identiques… de quoi donner des idées !
Et en dehors de la technique, Medhi et Léonie tiennent à pousser les deux patineurs, de nature plutôt réservée, à s’exprimer encore et toujours plus. On entend par exemple Médhi demander à Camille de regarder Pavel plus souvent pour partager cette connexion sur la glace.
Le dernier entraînement de la semaine est terminé, on retrouve les deux patineurs en bord de piste. (Pavel ne maîtrisant pas encore parfaitement le français, c’est surtout Camille qui répond à nos questions).
Comment vous sentez-vous ?
Camille : ça va, on commence à être un peu fatigué car ce début de saison on a enchaîné plusieurs compétitions de suite.
En temps normal on s’entraîne environ 18 heures par semaine sur glace, avec deux heures de glace par jour et une heure de préparation physique, sans compter les échauffements. L’entraînement est un peu moins dense ces jours-ci, les semaines passées étaient très chargées avec l’enchaînement des entraînements et des compétitions le week-end. Ce week-end on reste chez nous, on va pouvoir se reposer pour repartir de plus belle.
Vous prenez une très jolie troisième place au Lombardia Trophy et à la Coupe de Nice…
Sur notre première compétition au Lombardia Trophy, le programme court n’était pas mal, le libre l’était beaucoup moins. Aux Masters, c’était l’inverse ! Finalement on est assez satisfait de la Coupe de Nice où les deux programmes tenaient la route. Une médaille, ça fait toujours plaisir !
Que travaillez-vous en particulier pour vos prochaines compétitions ?
Sur les sauts parallèles, on place pour l’instant le triple boucle piqué et le triple Salchow. Mon double Axel, sincèrement, il est tout petit… On travaille la séquence de deux triple boucle piqués, ça passe assez bien, mais ce n’est pas un objectif à court terme, on verra plus tard dans la saison. Par contre, on va travailler pour inclure le triple Twist dans nos programmes, si possible dès les championnats de France.
Sur les autres éléments, on peut être assez solides en fait. Sur la pirouette parallèle par exemple, on a de la chance car notre vitesse de rotation est assez comparable, on arrive assez facilement à être bien synchronisés. Les triples sauts lancés, on a dû les avoir dès la première semaine où on a patiné ensemble. Je les faisais déjà avec mon ancien partenaire, j’ai donc déjà les repères, les sensations. Et dès que j’ai patiné avec Pavel, j’ai su que ça fonctionnerait avec lui.
Depuis combien de temps patinez-vous ensemble ?
Ca va faire 2 ans maintenant, mais ça n’a pas été continu : il y a eu des problèmes de visa, quand Pavel ne pouvait pas revenir en France après être retourné en Russie, des blessures, avec notamment un bras cassé, … on prend tout étape par étape désormais ; ce qu’on veut c’est progresser sur chaque élément.
Qu’est-ce que vous appréciez le plus chez votre partenaire ?
Camille : Pavel est marrant ! On peut avoir des jours avec et des jours sans sur la glace, même après une session difficile il aura toujours le sourire.
Pavel : sur la glace Camille est très perfectionniste, mais dans l’ensemble elle a très bon caractère, ce n’est pas dur de bien s’entendre avec elle.
Vous vous entrainez à Courbevoie, mais vous n’êtes ni l’un ni l’autre de Paris, comment gérez-vous la distance ?
Pavel : ma famille est en Russie, c’est un peu dur parfois car ce n’est pas à côté, mais j’essaye de rentrer de temps en temps.
Camille : je viens de Toulouse, il arrive aussi que ma famille me manque, donc j’y retourne quand je peux, ou alors mes parents viennent me voir à Paris, comme ma mère la semaine prochaine. Je n’ai pas trop le temps de m’ennuyer, je suis une formation MIME (Mathématique Informatique Management et Economie) pour devenir ingénieur en génie civil.
Sachant que la France peut envoyer deux couples aux championnats d’Europe de Bratislava le mois prochain, et que Camille et Pavel ont réalisé les scores minimums cette saison, ces championnats de France devront être l’occasion de s’affirmer comme le deuxième couple français, alors que Lola Esbrat et Andrei Novoselov feront leur grand début. Restera également à convaincre la fédération d’utiliser tous ses quotas de place, ce qu’elle ne fait pas tout le temps… réponse en deux temps donc, ce week-end à Epinal, et quelques jours plus tard pour l’annonce des sélections.