Messieurs
Pour son retour après une année d’absence, Patrick Chan remporte pour la cinquième fois le Skate Canada. Devancé sur le programme court car sa tentative de Lutz ne passe qu’en double, il réalise déjà un programme libre de référence, alors même que sa performance technique peut être améliorée (un seul quadruple saut, pas de combinaisons triple-triple). L’exécution des éléments est cependant irréprochable et sa vitesse, sa qualité de glisse, son aisance sont toujours aussi remarquables. Il reste tout de même une impression de frustration face à des chorégraphies qui pourraient être plus risquées, plus denses, plus expressives mais le patineur canadien brille encore par sa virtuosité.
Son principal rival, le champion olympique et ancien champion du monde Yuzuru Hanyu, prend la seconde place. Loin du podium après le podium court, il se relance lui-aussi sur le libre en réussissant trois quadruples. S’il a conservé son court de la saison passée, il cherche à se renouveler sur le libre mais doit s’investir davantage dans sa chorégraphie pour mieux exprimer des nuances, une tension rythmique. Son potentiel technique est en tout cas intact et il est déjà proche de son meilleur niveau sur ce plan.
En tête après le court, Daisuke Murakami se contente de la troisième place sans avoir démérité. Vainqueur surprenant du Trophée NHK l’an passé, il veut confirmer cette saison et viser un podium lors de son championnat national. Très fiable sur le quadruple Salchow notamment, il doit enchaîner les résultats tant la concurrence est forte au Japon dans la catégorie. Adam Rippon prend une quatrième place encourageante, malgré des échecs sur ses tentatives de quadruple Lutz. Il montre davantage sa personnalité à travers son patinage et il espère au moins faire aussi bien que la saison passée (second du championnat américain et huitième des Mondiaux).
Cinquième des récents Mondiaux, Nam Nguyen effectue un début de saison un peu frustrant étant donné son potentiel. Il chute sur le triple Axel lors du court et ne parvient pas à améliorer son classement sur le libre, alors qu’il doit également progresser dans l’expressivité et l’interprétation.
Alexander Petrov prend une sixième place honorable pour ses débuts seniors, et il sera un des nombreux candidats à une place sur le podium national russe. Il devance Timothy Dolensky, septième pour sa première participation en Grand Prix, grâce à un programme libre très convaincant. Michal Brezina, huitième, est toujours aussi inégal et les meilleurs saisons de sa carrière semblent derrière lui, même s’il est encore capable de réussir toutes les difficultés techniques.
Jin-Seo Kim prend la neuvième place, juste devant Sei Kawahara, patineur relativement inexpérimenté au niveau senior. Keegan Messing est onzième, résultat décevant pour ses débuts en Grand Prix avec le Canada (il représentait auparavant les Etats-Unis). Il n’a jamais pu confirmer les promesses entrevues en junior. Second patineur coréen en lice, June-Hyoung Lee prend la douzième place.
Dames
Ashley Wagner remporte une victoire pleine de maîtrise et débute idéalement sa saison. Sa combinaison triple-triple est désormais plus fiable (malgré une sous-rotation sur le libre) et son interprétation fougueuse, énergique valorise son expérience et sa maturité. Elle est évidemment très ambitieuse et espère obtenir pour la première fois un podium mondial.
Elizaveta Tuktamysheva s’est en partie rassurée après des compétitions de préparation relativement décevantes. La championne du monde en titre a su se ressaisir après un programme court manqué, en remportant le programme libre : le triple Axel est pour l’instant trop juste, mais elle réussit deux triples Lutz, une combinaison triple-triple et retrouve certaines repères de la saison précédente. Ses programmes manquent cependant de vécu et sa marge de progression est importante.
Septième des Mondiaux Junior, Yuka Nagai prend une troisième place presque inespérée grâce à un programme court fiable. Elle n’est que septième du libre mais conserve de justesse sa position, devant sa compatriote Kanako Murakami, inégale dans ses performances. Gabrielle Daleman, cinquième, échoue aussi tout près du podium et la championne nationale canadienne est en progression.
Polina Edmunds prend une sixième place en demie-teinte. Régulièrement sanctionnée par des sous-rotations, elle ne parvient pas à retrouver son niveau de la saison olympique et ses chorégraphies ne mettent pas vraiment en valeur son patinage. Elizabet Tursynbaeva est septième : enchaîner deux Grand Prix d’affilée est un pari difficile, mais elle a su se ressaisir après un court raté pour montrer toutes ses qualités techniques lors du libre.
Alena Leonova prend la huitième place, et ne parvient pas à remonter dans la hiérarchie nationale russe. Décevante sur le court qui est d’habitude son point fort, elle n’a pu se relancer sur le libre. Joshi Helgesson est neuvième en ayant laissé une impression mitigée : elle devance Véronik Mallet, qui obtient une dixième place qui reflète son niveau.
Kaetlyn Osmond n’obtient que la onzième place à cause d’un programme libre complètement manqué, marqué par cinq chutes. Vainqueur du Nebelhorn il y a quelques semaines, elle avait pourtant réalisé un programme court solide et doit persévérer. Régulièrement pénalisée par les blessures depuis deux saisons, elle cherche à retrouver son meilleur niveau. Isabelle Olsson complète le classement, après deux performances relativement mitigées.
Couples
Meagan Duhamel et Eric Radford s’imposent aisément, et les champions du monde en titre ont montré l’étendue de leurs qualités techniques. Déjà supérieurs à leurs concurrents sur ce plan la saison passée, ils réussissent un quadruple Salchow lancé sur le libre et parviennent à enchaîner les difficultés. Ils peuvent cependant mieux s’impliquer dans leurs chorégraphies pour enrichir le contenu de leurs programmes, déjà impressionnants sur le plan athlétique.
Evgenia Tarasova et Vladimir Morozov, médaillés de bronze aux Euros et sixièmes des Mondiaux la saison passée, prennent une seconde place satisfaisante même s’ils ne peuvent rivaliser avec les Canadiens. Les éléments techniques sont en place et l’exécution est fiable, même s’ils doivent davantage s’affirmer.
Kirsten Moore-Towers et Michael Marinaro obtiennent leur premier podium en Grand Prix Senior en améliorant leurs résultats de référence. Ils devancent de justesse Marisa Castelli et Mervin Tran, qui effectuent des débuts internationaux encourageants après avoir patienté une année (Mervin Tran ayant la nationalité canadienne).
Vera Bazarova et Andrei Deputat prennent une cinquième place relativement décevante, après avoir commis beaucoup d’approximations sur leur programme libre. Ils devancent Miriam Ziegler et Severin Kiefer, qui obtiennent leur meilleur résultat en Grand Prix. Vanessa Grenier et Maxime Deschamps, septièmes du championnat canadien la saison passée, prennent la septième place.
Valentina Marchei et Ondrej Hotarek, sixièmes du court, ont déclaré forfait pour le libre sur blessure.
Danse
Kaitlyn Weaver et Andrew Poje remportent la compétition avec une certaine marge, même si eux aussi (comme Chock/Bates) ont changé au dernier moment de choix musical sur leur danse courte. Sans prise de risque, ils font la différence grâce à leur expérience et leur programme libre, très intense à travers un crescendo progressif, est déjà très maîtrisé.
Maia et Alex Shibutani prennent la seconde place. Après de nombreuses années au plus haut niveau, leur patinage est maintenant plus expressif et ils parviennent mieux à montrer leur personnalité, notamment au cours d’une danse libre relativement fluide.
Ekaterina Bobrova et Dmitri Soloviev retrouvent la compétition après une saison blanche et cette troisième place reste un résultat honorable, même s’ils mesurent les progrès qu’ils reste à accomplir. Charlène Guignard et Marco Fabbri, quatrièmes, réalisent leur meilleure performance en Grand Prix et devancent Ksenia Monko et Kirill Khaliavin, très irréguliers.
Alexandra Paul et Mitchell Islam prennent une sixième place en demie-teinte, devant Laurence Fournier Beaudry et Nikolaj Sorensen. C’est un coup d’arrêt pour les Danois, en nets progrès depuis la saison dernière, mais ils ont commis beaucoup trop d’approximations et leurs programmes ne sont pas encore assimilés. Elisabeth Paradis et François-Xavier Ouellette, huitièmes, ont également déçu.