Interview de Tomas Verner

Après avoir terminé second derrière le japonais Oda, le patineur tchèque Tomas Verner a gentiment répondu aux questions de Lucie à l’issue du Trophée Bompard.

Tu as commencé tes deux programmes par un quad solide … 
« Pour moi, le quad est un saut magnifique, je profite de l’émotion qu’il me procure. C’est vraiment un ressenti différent par rapport au triple. Quand tu fais un triple, tout se passe très vite alors que quand tu fais un quad, tu piques, tu voles et tu atterris, c’est une aventure durant laquelle tu as le temps de ressentir chacune des phases. »

 

Ton libre a très bien commencé, mais que s’est-il passé ensuite ? 
« J’ai été surpris moi-même d’avoir réussi tous mes sauts sans problèmes dans la première moitié du programme (sourire). Ensuite, quand je me suis préparé pour le triple Lutz, je n’étais pas bien car juste avant, j’ai dans mon programme des transitions assez difficiles. Il y a plusieurs pas que je n’ai pas faits pour pouvoir bien faire mon Lutz mais finalement, je ne l’ai pas réussi. Je me suis énervé car c’était vraiment un manque de concentration de ma part. Je pensais aux pas que j’avais supprimés et que je n’aurais surtout pas dû supprimer. J’espère d’ailleurs que ma chorégraphe Lori n’a pas regardé (rires). Après, je me suis un peu ressaisi mais au dernier saut, je pensais à nouveau à autre chose. Donc l’erreur est dans ma tête. C’est pourquoi je suis satisfait du résultat et de ma deuxième place car je sais avec précision où j’ai perdu des points. Si j’avais eu 148 points pour un programme patiné, selon moi, à la perfection, je serais déçu et je me dirais que je ne suis pas à la hauteur de l’élite du patinage. Mais comme je sais où j’ai laissé les 15-20 points, ça peut aller, je peux travailler sur mes faiblesses. »

 

Sur quoi vas-tu te concentrer justement d’ici ta prochaine compétition ? 
« Dans une semaine, je pars en Autriche où j’essaierai mes programmes une deuxième fois. Je changerai aussi de costume. Je vais essayer de patiner à 100% de mes capacités, avec deux quads dans mon libre. Là-bas, je m’en moque si je tombe ou pas, il faut que j’essaie de me donner à fond. Après, je vais au Skate America où je vais tenter de défier le champion du monde Lysacek. Ce sera une compétition très relevée, et comme je veux être en bonne position cette saison en vue des JO, je ne veux courir aucun risque de laisser se creuser le moindre écart entre nous ou pire, de me faire écraser, donc je vais tenter de l’écraser le premier. »

 

Comment t’es-tu préparé pour cette saison ? L’été était-il plus difficile ? 
« La préparation pour cette saison olympique n’était pas plus dure mais plus intense. J’ai fait moins d’entraînements athlétiques, moins de préparation au sol, j’ai été davantage sur la glace, j’ai vraiment passé tout l’été sur mes patins. Je débute habituellement ma préparation tout de suite après les Championnats du Monde, mi-avril. Je commence au sol. En mai, j’ajoute le travail sur glace. Cette année, j’ai patiné mes programmes de compétition très tôt. Donc en plein été, j’étais à fond dans mes programmes, j’étais très en forme. Maintenant du coup, c’est vrai que je me sens plus fatigué que les saisons précédentes, mais je vais essayer de jouer davantage sur la précision. Je vais peaufiner mes programmes de compétition pour être fiable sur tous les éléments lors des compétitions. Tout le monde connaît la règle d’or : tu peux être champion du monde à l’entraînement autant de fois tu veux, ça ne compte pas lors de la compétition ; ce qui compte, c’est ce que tu montres devant les juges, ici et maintenant, lors de la compétition. Donc c’est sur cela que je vais travailler. »

 

Que penses-tu des programmes de Brian ? 
« Je connais l’ancien court de Brian. Je me doutais qu’il reprendrait un programme de l’année dernière. D’ailleurs, je pense être avantagé par cela car je viens cette saison avec des programmes tout neufs. Je n’ai pas vu son libre, j’ai juste entendu la musique qui est très connue. Alexei Yagudin l’a déjà utilisée lors du gala des JO en 2002. Je crois qu’il a envie de suivre les pas de cette grande figure. Mais je ne suis pas sûr qu’il soit judicieux de copier les plus grands patineurs de l’histoire … »

 

As-tu remarqué qu’il y avait à Bercy plus de banderoles de tes fans que de ceux de Brian ? 
« Oui et c’est super. J’essaie de remercier mes fans autant que je le peux. Encore aujourd’hui, je l’ai souligné à la conférence de presse. Même si, lors d’une compétition, je ne me concentre que sur la glace et sur ce que je dois faire, je les sens, je sens qu’ils sont là et ça m’aide énormément. Ça m’a aidé lors de mon court aussi bien que lors du programme libre. Je suis heureux d’être parvenu à avoir moi aussi mes fans car au début je n’en avais pas autant. Je leur suis très reconnaissant. Leurs banderoles me font très plaisir car je me sens comme à la maison. »

 

Sur combien de temps te projettes-tu ? 
« Quand je ne suis pas dans mes patins ou ma tenue de travail, enfin je pense à mon costume bien sûr, je me projette sur une assez longue période. Je ne pense pas qu’au patinage, je ne me vois pas que dans le milieu du sport. Un jour, cette carrière se terminera et je vais devoir avancer. Je veux surtout apporter quelque chose à la société et ne pas être qu’un parasite (sourire). Mais quand je suis sur la glace, je me projette au maximum dans les cinq secondes qui vont suivre. Je pense bien sûr aussi aux JO. Quand je patinais mon libre, ici à Bercy, j’avais à l’esprit les cinq anneaux. Mais ça ne veut pas dire que je me projette déjà dans cinq mois, je voulais juste me mettre dans l’atmosphère. Je me disais : comment tu te comporterais si tu étais déjà à Vancouver ? Comme ça, quand j’y serai vraiment, cela me semblera normal … Bien sûr, ça ne sera pas aussi simple mais bon, je peux au moins l’espérer. »

Photos©LucieJ, skatak

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