Challenge 2020, Cergy : programmes longs

De retour à Cergy pour la deuxième et dernière journée de ce Challenge 2020. Même ordre passage des disciplines, la danse junior commence donc les hostilités… si hostilités il peut y avoir, sachant que tous les couples engagés viennent de Villard de Lans ! Le gros avantage de ce Challenge est de permettre de découvrir les programmes assis derrière les juges, alors qu’aux Masters nous leur faisions face, avec des programmes vus ‘de dos’… et ça peut changer pas mal de choses.

Comme pour la danse courte, la victoire est nette pour Loïcia Demougeot et Théo Lemercier sur ce libre : 98.74 points, soit 165.70 au final. Loïcia et Théo ont pris le pari de changer de registre et patinent sur la musique lyrique de ‘Papa do you hear me’ par Barbara Streisand, et ça paye ! Très investis dans leur programme, ils délivrent une prestation prenante, poignante même, il aurait été très intéressant de voir ce que ce programme aurait pu donner face à leurs concurrents russes par exemple, très fort sur ce type de musique. Théo lève le poing en fin de programme, il le peut, les notes sont largement méritées. Ils sont prêts pour passer senior l’année prochaine !

Pas de changement dans le classement, on retrouve en deuxième place Marie Dupayage et Thomas Nabais, avec 95.39 points sur le libre et 156.51 points au total, sur une sélection de musique de Jean-Philippe Goude. Eux aussi ont fait de gros progrès, ils semblent avoir franchi un cap : ils sont rapides, fluides, et occupent mieux l’espace, un de leur porté traverse par exemple toute la patinoire. On les sent très en confiance, en pleine maîtrise de leur patinage. Sereins.

Lou Terreaux et Noé Perron sont troisièmes, avec une déconvenue de Noé qui chute dans la suite de pas, devant les juges, juste au moment où je me disais que son retournement était fait avec une carre très prononcée… trop peut-être. Néanmoins, leur interprétation sur ‘Fate’ de Gaemi gagne a être vu depuis le point de vue des juges. Ils ne vont pas vous chercher pour vous emmener dans leur danse, mais vous invitent plutôt à les suivre, dans une chorégraphie subtile. La chute leur coûte cher, ils empochent 76.99 points sur le libre et 134.42 points au final. A noter, en tout début de programme, le mouvement d’hydroblading (poussées latérales en position accroupie), clin d’œil à Bourne/Kraatz, qui le faisaient main dans la main, quand Lou et Noé le font en parallèle.

Belle quatrième place pour Célina Fradji et Jean-Hans Fourneaux (76.15 points, 120.84 au final), sur le thème de ‘Edouard aux mains d’argent’, puis sur la ‘danse macabre’ de Saint Saens. Bonne technique, programme intense et expressif, la musique est puissante mais ils arrivent à la soutenir sans être écrasés par elle.

Louise Borget et Thomas Giloupou ont choisi des musiques à sonorité hindoues pour leur libre, doté d’une chorégraphie bien sentie. Ils se regardent beaucoup dans le programme, mais manquent un peu d’énergie sur la fin. Malheureusement Louise n’a pas enclenché la première série de twizzles, ils gagnent toutefois 71.22 points sur le libre et 120.84 points au final.

Eva Bernard et Tom Jochum sont 6eme avec 61.14 points sur le libre et 110.98 points au final.

En danse senior, quatre engagés, et contenu mi-figue mi-raisin pour ma part.
Julia Wagret et Pierre Souquet-Basiège ont bien patiné leur tango sur ‘Vuelvo al sur’, leur interprétation est bien ressentie, mais ils ne m’ont pas emporté. Leur porté rotatif, où Pierre pirouette sur un pied, Julia étant en grand écart sur sa jambe libre tendue, est toujours aussi joli. Leur libre leur rapport 94.74 points, pour totaliser 156.51 points sur le week-end.

J’attendais beaucoup du nouveau libre de Marie-Jade Lauriault et Romain Le Gac, qui promet d’être assez différent de leur danse courte : Marie-Jade arbore une robe mi-longue d’un violet foncé seyant à point, Romain est dans les mêmes couleurs, avec une veste qu’on ne peut pas ne pas remarquer : motif léopard blanc et noir, avec autour du cou une grosse moumoutte noire. Ca devrait taper fort ! Malheureusement je reste sur ma faim… La musique de Macklemore (‘Downtown’ et ‘Wings’ entre autre) n’a pas été utilisée avant eux, mais je ne suis pas sûr qu’elle se prête vraiment à un libre. Cela me semble être une version B de leur libre sur Bruno Mars. La différence au niveau du costume dénote d’autant plus que Romain semble vivre plus intensément la musique que Marie-Jade, il est à fond dans l’interprétation. Leurs qualités restent indéniables, leur évolution sur la glace est toujours plaisante à regarder, mais je ne suis pas convaincu par ce nouveau libre (j’aurai aimé l’être ! affaire de goût…). Les juges non plus a priori, ils empochent 99.24 points sur le libre et 171.15 au final.

A la fin de leur danse courte hier, j’ai réalisé qu’aujourd’hui j’aurai le plaisir de revoir le libre d’Evgenia Lopareva et Geoffrey Brissaud sur ‘Tron legacy’. Banco ! Coïncidence, ce thème froid et futuriste, ces costumes sobres en blanc et noir, tout cela cadre parfaitement avec les couleurs intérieures de la patinoire et l’ambiance austère qui y règne en l’absence de public. Voir le programme de face est encore plus appréciable, il est possible de noter plus de détails, ou de comprendre pourquoi Geoffrey ne porte qu’un seul gant. Evgenia est impassible et imperturbable, elle enchaîne avec son partenaire toutes les difficultés du programme sans problème, avec, encore et toujours, des twizzles rapides. Ce libre leur rapport 111.03 point, tout juste 21 centièmes de plus qu’aux Masters, ce qui me semble peu. Avec 182.97 points sur l’ensemble de la compétition, ils consolident leur deuxième place.

Présents aux Masters mais forfaits pour cause de blessure à l’entraînement, Adelina Galyavieva et Louis Thauron n’avaient pas pu présenter leur libre sur ‘Le parfum’, tiré du roman de Süskind. C’est désormais chose faite, et pour une première sortie, ils frappent déjà fort. Beaucoup de fluidité, d’amplitude, leur chorégraphie s’enchaîne sans efforts (apparents, du moins), sans qu’on se dise ‘tiens, là c’est la suite de pas, là bientôt les twizzles’, tout est très lié. Il reste beaucoup de travail, certes, ce programme aujourd’hui constitue cependant une base solide pour la suite… et si la saison devait se terminer plus tôt que prévu, ce pourrait être un bon libre olympique ! A y réfléchir deux fois, ce qui impressionne c’est la faculté qu’Adelina et Louis ont de passer de la musique pop et festive hier d’Abba, à ce programme plus intérieur, plus ressenti, presque éthéré. Ils accumulent ici 189.21 points, dont 114.02 sur le libre. Peut-être le dernier porté rotatif, terminé sur les genoux, est-il difficile à identifier, et pourrait compter comme une chute pour les juges ? A voir après discussion avec les officiels, ce qui est prévu plus tard dans la journée.

Classement inchangé chez les dames, autant en junior qu’en senior.
Lola Gozali s’impose assez facilement en junior avec 93.22 points et 141.90 points au final. Son libre sur des musiques du feu Cirque du soleil n’est entaché que d’une seule grosse erreur, la chute sur le deuxième triple Lutz. Elle ne déclenche pas le triple boucle, mais les autres sauts sont là, et bien exécutés, en autre deux triple flip, le triple Lutz initial en combinaison, et une belle combinaison double Axel – euler – triple Salchow.

Lorine Schild manque un peu de vitesse sur son libre, plusieurs sauts sont limites au niveau des rotations, avec des réceptions du coup à l’arrêt ou avec une main pour assurer la stabilité, comme sur le flip, le Lutz ou le boucle. En combinaison de trois sauts, le triple Lutz passe pourtant bien. Elle empoche 83.34 points sur la musique de ‘Le Jazz hot’ de Julie Andrews, et 132.56 points au total.

Comme hier, Maïa Mazzara aligne ses triples sauts en attendant que les notes de la patineuse précédente soient annoncées. Son libre est plus solide qu’à Minsk, où elle avait chuté trois fois la semaine dernière : Maïa ne part à la faute que sur le Lutz et le flip. Elle termine aussi fort qu’elle a commencé, avec une combinaison de triple saut avec le double Axel (piqué en début, Salchow en fin). Son choix de musique baroque est intéressant, le programme manque encore de rodage mais c’est un bon point de repère pour la suite. Elle récolte 112.09 points sur le libre et 166.35 points au total.

Sur le ‘Young and beautiful’ de Lana del Rey, Léa Serna n’est pas très en veine, avec de nouveau un blocage sur le double Axel, non déclenché en tout début de programme, avec un nouveau refus un peu plus tard. De manière étonnante, elle ne se lance pas non plus dans le triple boucle piqué, sa courbe d’avant saut paraissant nettement insuffisante. Avec des retournements sur triple flip et triple Salchow, Léa ne réussit pleinement que deux sauts, les deux Lutz, qui sont toujours aussi beaux. Elle termine avec 136.19 points au final, dont 88.17 points sur le libre.

Chez les messieurs, Adam Siao Him Fa s’avance en premier, bien décidé à faire oublier son faux départ sur le quadruple Salchow dans le court hier sur ‘Star Wars’. Il patine aujourd’hui sur ‘Leave a light on’ de Tom Wilker, thème plus lent, plus doux. Petit retournement sur le quadruple boucle piqué initial, suivi d’une combinaison triple boucle piqué-triple boucle piqué, arrive alors le quadruple Salchow… qui est cette fois déclenché, mais chuté par manque de rotation. La fin de programme reste solide, avec triple Axel, triple Lutz et triple flip. Ces deux quadruples différents, Adam les a dans les jambes, c’est sûr, et ses programmes sont ambitieux, car en cas de réussite il totaliserait cinq quad au total sur la compétition, le libre étant clairement construit pour inclure deux boucle piqués et un Salchow. A stabiliser donc, en attendant d’autres quadruples qui ne devraient plus être loin. 151.07 points sur le libre (75.57+76.50-1), et 222.77 points, il repasse devant Romain sur le libre, mais reste 3eme sur les deux épreuves.

Car Romain Ponsart n’a pas démérité ! Tout de cuir vétu, moulant à souhait, fermeture éclair à moitié ouverte pour le haut, c’est pile dans l’esprit du programme sur des musiques d’Elvis Presley, entre autre ‘Fever’, ‘Heartbreack hotel’, et ‘Rock a lula baby’. Les plus jeunes auront peut-être oublié que le rock ‘n roll du King, célèbre pour ses déhanchés, avait été jugé trop provocateur par certains, trop ‘explicite’ ; et justement, Romain réussit à capter cette attitude, cette certaine nonchalance de bad boy, qui écrase sa cigarette, et qui pointe du doigt vers son public. Bien joué. Côté technique, si le programme est construit pour deux quadruples d’entrée, Romain ne fait que le premier. Il place tout de même deux triple Axel, dont un en combinaison avec triple boucle piqué. Avec la fatigue de fin de programme, on retrouve la même raideur sur le triple Lutz que sur le court hier, et quand Romain retente ce saut, on sent arrive l’erreur… Romain ne fait que deux tours, et termine sa réception sur la glace. Peut-être qu’un triple Salchow à la place aurait été bienvenu ? En tout cas, très jolie compétition sur ces deux jours, il termine avec 142.05 points sur le libre (65.03+79.02-2) et 228.24 points au total.

Comme à Minsk la semaine passée, Kevin Aymoz fait un retour fracassant sur le libre, après un court raté. Kevin a repris son programme sur ‘Lightouse’ de Patrick Watson, une petite merveille, surtout quand la réussite est à la clef comme aujourd’hui. Quadruple boucle piqué-triple boucle piqué, deuxième quadruple boucle piqué, deux triple Axel donc un en combinaison, Kevin tient son programme et termine très fort avec triple Lutz-euler-triple Salchow et triple flip. Belle revanche ! Encore une fois, une parenthèse artistique, un programme dans lequel Kevin semble flotter sur les notes de musique, un touché de glace léger, une chorégraphie prenante… un très joli moment. Sanctionné qui plus est par de très bonnes notes : 183.03 sur le libre (91.89+91.14), c’est plus de 20 points de plus qu’aux Masters, et presque 3 de plus qu’à Minsk, pour un total de 255.67 points.
A noter, comme ce Challenge 2020 n’est pas une compétition en soi mais un regroupement, les patineurs reçoivent leurs notes, mais aucune précision n’est donnée sur le classement final, il n’y a pas non plus de podium.

Cléo Hamon et Denys Strekalin ayant malheureusement dû déclarer forfaits pour le libre, il n’y a plus chez les couples que Coline Keriven et Noel-Antoine Pierre. Abstraction faite de la chute de Noel-Antoine sur ‘rien du tout’, c’est-à-dire sur un pas de liaison, pas sur un élément codifié en tant que tel, Coline et Noel-Antoine font un programme solide, avec triple boucle piqué parallèle, triple Twist un peu juste, séquence de saut encore un peu simple (double Salchow-simple Axel). Le triple boucle lancé est sur deux pieds, par contre le Salchow lancé est bien exécuté. Leur musique, ‘Lily’ de Aaron, est simplement magnifique. Ils empochent 109.27 points, avec un total de 164.30.

En bonus : après les athlètes, ce sont une partie des entraîneurs qui ont posé pour la photo !

Bonus du bonus : Louis Thauron avec quatre bras, et une apparence de jupette 😉