IDF 2019 : Gabriella et Guillaume, version slam : un régal

Gabriella Papadakis et Guillaume Cizeron, sans réelle concurrence (mais en ont-ils une à part eux même… ?) gagnent les Internationaux de France pour la 3eme fois d’affilée. Avec un total final de 222.24 points, ils sont à quelques centièmes de leur score des derniers mondiaux, et à moins d’un point de leur record obtenu au World Team Trophy l’année dernière. Mais laissons de côté les notes, elles ne veulent plus dire grand chose… Gabriella et Guillaume ont pris le parti d’utiliser le texte de Forest Blakk ‘Find me’, quitte à devoir y ajouter la musique d’Olafur Arnalds. L’idée en elle-même n’est pas tout à fait inédite, puisqu’on se rappelle l’excellente danse libre de Zoé Blanc et Pierre-Loup Bouquet sur le slam ‘Chercheur de phase’ de Grand Corps Malade il y a 10 ans déjà. Le texte de Forest Blakk évoque (selon moi) la philosophie platonicienne de l’amour, où tout être sur Terre cherche la moitié avec laquelle il ne formait qu’un. Interprétation sublime de Gabriella et Guillaume, toujours souples, déliés, avec désormais une approche moderne de la chorégraphie, avec presque des à-coups, des changements de rythme rapides. Tout est ressenti, presque organique. En un mot : j’adore. C’est encore un petit bijou !

C’est vrai, c’est notre troisième victoire en trois participations ici à Grenoble, on est forcément content, on a eu de bonnes sensations sur la rythm dance et sur le libre. C’était vraiment bien de commencer notre saison en France, le public nous a beaucoup soutenu, c’est toujours très agréable. On repart au Japon pour notre deuxième Grand Prix dans trois semaines, on va travailler d’ici là les éléments qui ne se sont pas passés exactement comme prévu, sur la rythm dance par exemple.

Utiliser le poème de Forest Blakk pour notre danse libre, qui n’a à la base pas de structure rythmique claire, cela ne nous a pas vraiment posé problème pour monter la chorégraphie. Au contraire, on s’est laissé porter par la sonorité et le sens des mots pour les retranscrire sur la glace, tout est venu naturellement. C’est ce qu’on voulait faire avant tout, ressentir le texte et l’exprimer à notre façon. Le plus gros défi a été en fait de transposer le poème dans les règles ISU, car il faut que la pulsation rythmique soit facilement identifiable, on a donc rajouté la ligne musicale. Si ça ne tenait qu’à nous on n’aurait rien rajouté du tout !

Le texte n’est pas très joyeux donc je vais essayer de rester optimiste, mais la signification profonde est que nous sommes comme des âmes soeurs qui cherchons à se retrouver l’un l’autre. Ce n’est pas très optimiste, mais on a tous nos propres expériences, des gens avec qui on peut se connecter.

Voyage en Egypte avec Madison Chock et Evan Bates, avec une danse du serpent. C’est simple : on ne voit que Madison sur la glace, du fait qu’elle soit très belle, certes, et aussi de par sa robe étincelante, avec une coupe originale qui la met bien en valeur. Evan est tout aussi élégant, mais un peu dans l’ombre avec un costume plus sombre. Au final la mise en avant d’un seul des deux danseurs n’est pas choquant, tant Madison est convaincante, d’autant qu’Evan est très solide lui aussi. Le thème qui aurait pu être assez simple, avec forcément des main à plat à l’égyptienne (ou à l’image habituelle de l’Egypte) est vraiment bien retranscrit, avec de bonnes trouvailles, comme la position des mains à plat de Madison sur son front pour représenter une tête de cobra et des carres sinueuses. Avec 204.84 points au final, Madison et Evan repartent de Grenoble avec une belle médaille d’argent. Leur qualification à la Finale se jouera pour eux dès la semaine prochaine en Chine.

On est vraiment satisfait de notre compétition, on a bien patiné la rythmn dance et la danse libre, avec beaucoup de vitesse. On a participé à plusieurs compétitions du circuit Challenger en début de saison, ça nous a été très utile pour roder les programmes. Notre deuxième Grand Prix en Chine va arriver très vite, puisque c’est la semaine prochaine… on a beaucoup de temps d’avion mais peu de temps sur glace pour faire de gros changements ! Mais les programmes sont déjà bien en place.
Depuis le Finlandia Trophy, on a surtout cherché à ce que nos programmes grandissent, à plus se projeter vers le public ; cela se fait notamment en patinant plus rapidement et en tenant nos carres plus longtemps.

Charlène Guignard et Marco Fabbri ont encore frappé très fort avec la meilleure note technique de base de la compétition. Ne cherchez pas, tout est au niveau maximum, impressionnant ! Par contre l’exécution est ‘un peu’ moins bonne que chez les deux premiers, ils augmentent leur note de base de 22 points, quand Madison et Evan sont à un peu plus de 24 points et Gabriella et Guillaume à près de 29 points. Les champions Italiens se rapprochent d’ailleurs des Américains, puisque s’ils terminent avec 203.84 points, ils ne sont qu’à un demi point sur le libre (il étaient à un point sur la rythmn dance). Programme intense sur un medley de David Bowie, d’autant plus respectable que Marco ne peut toujours pas se servir de sa main droite ! Une prestation qui laissera Barbara Fusar-Poli, leur entraîneur, avec des yeux bien humides…

C’est peut-être la première fois qu’on se sent si fier d’avoir patiner une compétition en entier, il y a encore une semaine on n’était pas sûr de participer [Marco a eu un tendon de sa main droit sectionné après avoir pris la lame de Charlène pendant un entraînement il y a 5 semaines]. Après l’intervention chirurgicale, les médecins m’ont ordonnée 6 semaines de repos. On a repris l’entraînement petit à petit, en faisant en sorte que je n’utilise pas du tout ma main droite, il a fallu changer énormément de choses. Depuis une semaine on commence à tout rassembler, mais on n’a vraiment pas pu répéter souvent nos programmes en entier. On n’avait donc aucune attente sur ce Grand Prix, et donc terminer avec notre meilleur score de la saison et une médaille est une vraie satisfaction. D’après les médecins je devrai pouvoir réutiliser ma main dans les prochaines semaines, en reprenant tout doucmeent.

Oubliées, les bouclettes d’Oliva Smart de ‘Grease’ de la rythm dance, elle et son partenaire Adria Diaz ont choisi la musique de ‘Micmacs à tire-larigot’, le film de Jean-Pierre Jeunet, pour leur danse libre, et Olivia arbore désormais une tresse enroulée autour de la tête. Avec sa salopette bleue, Adria me fait penser à un personnage entre Charlie Chaplin et à Mario Bros, qui fait mine d’activer un cric pour se relever de sa pose de départ. Programme tout en douceur, rempli de poésie, avec un joli touché de glace et de bonnes idées chorégraphiques réparties le long du programme, comme le porté rotatif initial où Olivia est assise sur la jambe d’Adria qui lui est en pirouette assise, ou la pirouette de couple qui commence en assise pour terminer en position debout, Olivia gardant sa jambe libre en Y. De gros progrès, une belle 4eme place finale, et avec 188.18 points ils devancent assez largement les danseurs polonais qui les avaient par exemple battus de quasiment 10 points aux derniers championnats d’Europe.

Chez les autres Français, Marie-Jade Lauriault et Romain Le Gac sont 8eme avec 166.28 points, et Julia Wagret et Pierre Souquet 9eme avec 161.99 points.