Masters 2019 : Gabriella et Guillaume continuent d’explorer l’univers de la danse

Quoi dire… Faison simple : Gabriella Papadakis et Guillaume Cizeron nous ont une fois de plus offert un petit bijou de danse libre. Autant l’année dernière j’avais regretté de ne pas être entré dans leur prestation, autant cette année l’adhésion est, pour ma part, achevée dès les premières secondes (dès l’entraînement du matin en fait !). Gabriella et Guillaume, en plus de leurs qualités de souplesse, de fluidité, de rapidité et d’élégance, ont pris le chemin de la danse moderne, avec une gestuelle plus contemporaine. Il y a beaucoup de changements de rythmes, d’impulsions, certains mouvements semblent à la limite du déséquilibre. Une fois n’est pas coutume, le programme passe très (trop) vite, les éléments ne se voient qu’à peine, tant ils sont la chorégraphie. Virtuosité, quand tu nous tiens… Début musical seulement, puis arrive la voix douce de Forest Blakk qui déclame son très beau texte ‘Find me’. L’ambiance est particulière, encore une fois on ne peut que saluer la justesse de l’adéquation entre la musique, de la chorégraphie, de la danse. Petit aigle commun avant le porté rotatif… crescendo musical amenant à un mouvement en équilibre au ras de la glace. Puis Gabriella s’arrête, alors que Guillaume s’élance dans deux croisés arrières. Petit moment plus simple, une respiration, avant la pirouette, et c’est quasiment déjà fini. Quel plaisir ! Autour de moi le verdict est unanime, c’est pour certain simplement épidermique. Inutile de détailler les protocoles, tous les élements techniques sont quasiment déjà au niveau maximum, les notes d’exécution frôlent la perfection (le 5eme juge n’a mis un +4 que pour un seul des 10 éléments, tous les autres sont à +5), et des composantes plus élevées feraient exploser les compteurs. La déduction pour non respect des régles pour les costumes, c’est ‘normal’, les tuniques ne sont pas prêtes…

Loin des des 225.66 points de Gabriella et Guillaume, Marie-Jade Lauriault et Romain le Gac prennent la 2eme place des Masters, avec quasiment le même score que l’année dernière (192.18 points, contre 192.38 points… si tant est que la comparaison soit faisable). Autant leur rythmn dance aura été un très bon moment de ces Masters, autant j’aimerais revoir leur danse libre pour m’en faire une meilleure idée. Le début est superbe, j’ai un peu décroché à l’arrivée des paroles en québecois. Par contre, niveau glisse, rapidité et précision, c’est toujours du bel ouvrage !

Attention cependant, car comme c’était déjà arrivé l’année passée, mais plus tard dans la saison, ils ne sont que 3eme du libre, derrière Adelina Galyavieva et Louis Thauron pour environ 1 point et demi. Adelina et Louis avaient cependant plus de 6 points de retard après la rythmn dance, mais il a fort à parier qu’ils vont travailler d’arrache pied cette danse pour combler cette différence de points, ce qui promet une belle bagarre pour la suite. Leur libre sur Carmen est déjà au point, avec l’avantage d’utiliser des morceaux moins connus, et pour brouiller un peu plus les pistes, une tenue bleu clair pour Adelina. 187.16 points au final, ils s’imposent logiquement comme 3eme couple.

Attention, il ne faudrait surtout pas laisser en dehors de l’équation Evgenia Lopareva et Geoffrey Brissaud (4eme, 169.23 points). Beaucoup de travail et de progrès depuis l’année dernière, une danse libre cohérente et à la hauteur de ce qu’ils savent faire et maîtrisent, ils sont dans une spirale vertueuse de progression. Les twizzles sont aujourd’hui encore impeccables !

C’est un peu plus dur pour Natacha Lagouge et Arnaud Caffa (5eme, 156.37 points), ils n’ont pas encore assimilé tous les éléments qu’ils présentent, il manque de l’homogénéité dans leur patinage (on voit parfois encore trop deux patineurs côte à côte) mais ils tentent déjà beaucoup et ne sont ensemble que depuis peu de temps.

Quand ça ne veut pas… Julia Wagret et Pierre Souquet sont 6eme avec 150.28 points. Après Julia, c’est au tour de Pierre de chuter sur les twizzles. Le bon côté des choses, c’est que les twizzles étant maintenant évalués séparément, Julia score un niveau 4. Résultat sûrement décevant pour eux, à digérer pour repartir de plus belle ! Le porté rotatif sur un pied, où Julia est en grand écart sur la jambe tendu de Pierre, est toujours aussi beau.

Lila Maya Seclet Monchot et Renan Manceaux terminent eux 7eme avec 127.98 points. Porté trop long, mouvements jugés illégaux, dernier porté non comptabilisé, … plusieurs éléments sont à revoir, mais c’est aussi à ça que servent les Masters ! Originalité toujours, il m’a semblé reconnaître le générique de ‘Stranger things’ parmi leurs choix musicaux.

Guillaume
“Sur cette compétition, on était quand même un peu stressé avec Gabriella, même si avec les années et l’expérience les Masters pourraient ressembler à un entraînement amélioré. En fait c’est surtout une deadline, une échéance qui tombe et qui nous motive pour être prêt au maximum le jour J, sans quoi on pourrait rester dans la seule logique de l’entraînement.
“On est content d’avoir pu présenter nos deux programmes, l’année dernière on n’avait fait que la short danse, cette année on est suffisamment avancé dans la danse libre pour la présenter ici à Villard. Et il y a toujours quelque chose en plus quand on patine devant un public. A l’entraînement on fait bien sûr des mises en situation de compétition, mais en vrai il y a toujours un ressenti différent, pour nous ou pour nos entraîneurs, ou un élément qui passe différemment. On a aussi le retour direct de l’appréciation des gens, et des juges. Pour ces derniers, Romain (Romain Haguenauer) les a eues, nous pas encore, mais ça ne devrait pas tarder.
“Par contre, oui, nos costumes ne sont pas encore prêts, on a patiné ici avec nos tenues d’entraînement ! Dans la rythmn dance, il y aura de toute façon plus de couleurs qu’ici où tout était quasiment noir ou gris… mais pas jusqu’aux couleurs fluos, même s’il y en a de très jolies. A l’époque de Fame, on pouvait trouver des couleurs pastel, dans les bleus, les roses… je vous laisse la découverte pour Grenoble !
La musique de Fame pour la rythmn dance, en fait on l’avait prise comme idée au départ, j’avais vu la version 2009, mais ensuite on l’a écartée. Ce n’était pas évident de trouver la bonne musique : on ne voulait pas faire de la comédie musicale standard… On a regardé du côté des comédies musicales françaises, comme Starmania, mais la complexité de la rythmn dance est qu’il faut que le rythme utilisé pour la partie Finnstep à 103 – 104 battements par minute soit le même pour la Pst (la suite de pas en Pattern), soit la même musique pendant à peu près 1 minute 20 de programme. Et finalement on est revenu sur l’idée de Fame, même s’il a fallu remasteriser certaines parties pour coller aux exigences de tempo. Ces mouvements, cette gestuelle, ça devrait parler à pas mal de danseurs ! Ce sont des gestes qu’on a déjà faits nous, ce sont des échauffements assez classiques quand on prend des courts de modern jazz par exemple. Après, il y a beaucoup d’humour et de second degré dans cette danse, on ne voulait pas tomber dans la caricature.
Certes, on n’a pas les niveaux maximum sur la partie Finnstep, mais contrairement à l’année dernière où le Tango Romantica était très dur, le Finnstep est plus abordable ; on a plus travaillé la danse libre ces derniers temps, on va bien sûr reprendre la rythmn dance également.
La danse libre… On a essayé de faire quelque chose de nouveau, d’aller plus vers le moderne, le contemporain. Oui c’est vrai il y a pas mal de changement de rythmes dans certains mouvements… même si on n’est pas non plus complètement à l’opposé de notre style, c’est toujours très intéressant d’apprendre quelque chose de nouveau. On essaye toujours d’évoluer, de découvrir et de montrer de nouvelles facettes… On continue à explorer la danse sur glace, tout en gardant à l’esprit que nos programmes doivent plaire, y compris aux juges. Il y a 2 ans, avec notre libre sur le piano, on y était peut-être allé un peu fort, désormais on y va plus pas à pas. Il reste évidemment beaucoup de travail encore sur cette danse. Par exemple, avec Gabriella on ne se regarde pas du tout pendant la première minute et demie du programme, pour finalement se regarder sur les paroles ‘Here we are’, mais j’aimerai que ça ressorte encore plus.”