Charlène Guignard et Marco Fabbri creusent encore plus l’écart avec leurs poursuivants, ils remportent le libre avec 124.43 points, et 207.95 points au total. Beaucoup d’engagement sur cette danse libre pour les quadruples champions d’Italie, le thème n’est pas neutre : ‘My love will never die’. L’amour est au cœur de leur interprétation, ils terminent leur prestation par un doux baiser. Leur planche de note est assez impressionnante, constituée quasiment uniquement +3, +4, et +5, on trouve difficilement les deux ‘+2’ attribués par les juges sur les 81 notes. Après leur victoire au Lombardia Trophy, cette première place à Angers les propulse vers la Finale du Grand Prix à Turin, sachant que le titre européen semble leur tendre les bras. Réponse en Finlande en janvier.
Laurence Fournier Beaudry et Nikolaj Sorensen ont choisi cette année de nous projeter au Nouveau Monde, à l’heure des mercenaires espagnols. Plusieurs morceaux musicaux s’entremêlent, dont quelques notes de ‘La lettre à Elise’ au milieu du programme, le tout en version hispanisée, cela rend le tout assez tonique. La robe longue de Laurence peut paraître gênante pour certains pas, mais la large fente accentue au contraire les mouvements, avec des effets esthétiques comme dans la pirouette de couple.
Au point où l’on regarde presque plus la robe que les pieds des danseurs. La technique est pourtant là, ils sont un peu en deçà des Italiens, mais leur qualité d’exécution leur permet d’augmenter leur note de base de plus de 20 points. Ils totalisent 119.55 points sur le libre, pour un total de 201.93 points et la médaille d’argent.
Evgeniia Lopareva et Geoffrey Brissaud conservent leur troisième place, et remporte ainsi leur première médaille en Grand Prix. Les musiques d’Edith Piaf ‘L’accordéoniste’ et ‘Mon dieu’ constituent un thème assez lugubre, mais ils se projettent complètement dans leur interprétation et nous emportent avec eux, plus facilement qu’aux Masters, où on les voyait de dos. Avec plus de vécu, ce programme sera particulièrement intéressant à suivre en fin de saison. Ils empochent 113.98 points sur le libre et 187.15 points au total, soit plus de 9 points de plus que l’année dernière à Grenoble. On pense déjà aux championnats d’Europe, le podium ne parait pas impossible…
Classement inchangé également pour Loïcia Demougeot et Théo Lemercier, qui terminent 4èmes comme lors de leur premier Grand Prix en Amérique. 109 points tout ronds engrangés sur le libre pour 179.76 points au total, c’est leur meilleur score de la saison. Ils enchaînent les musiques de ‘Swelll’ avec un choix inédit, la ‘3ème gnossienne’ d’Erik Satie, grand bol d’air bienvenu dans les patinoires ! Vu depuis le point de vue des juges la ‘séquence chorégraphique de caractère’, qui doit doit rester dans la largeur de la patinoire est plus convaincante qu’aux Masters, elle reçoit même un +4 pour son exécution. Loïcia et Théo se révèlent comme un couple à suivre, ils ont tout à fait leur place parmi les meilleurs européens.
Je suis moins convaincu par Eva Pate et Logan Bye. Les élèves d’Igor Shpilband ont choisi le thème celtique de ‘Riverdance’ cette année, c’est un choix plutôt risqué : si la musique plait toujours au public, qui suit avec ses applaudissement, quand elle s’emballe et que le rythme s’accélère jusqu’à son maximum en fin de programme, on attend des jeux de pieds très rapides, qui ne viennent pas vraiment. Dommage, par contre les costumes sont piles dans le thème. Ils terminent 5èmes avec 174.03 points, mais sont 6èmes du libre avec 104.57 points.
Juulia Turkkila et Matthias Versluis arrivent quant à eux à contrebalancer quelque peu leur contre-performance de la ryhtm dance. Ils remontent d’une place au final avec 172.48 points, avec le 5ème meilleur libre (108.63 points) sur le thème romantique des musiques de Schubert. Ils espéraient sûrement mieux, notamment en vue des championnats d’Europe à domicile.
Dernier couple français engagé, Marie Dupayage et Thomas Nabais conservent leur 9ème place avec 97.45 points pour un total de 161.09 points. Leur programme sur ‘Innocent Dance’ est remarqué, la chorégraphie originale plait, et les costumes sont toujours aussi beaux. Eux qui pouvaient talonner Loïcia et Théo l’année dernière sont un peu plus décrochés cette année, mais ils débutent leur carrière sur les Grand Prix séniors.
‘On est très contents de notre danse libre, notre objectif était de patiner propre, c’est fait ! Surtout patiner devant un public aussi nombreux, qui nous soutient, c’est quelque chose, on est sur un petit nuage ! On n’avait pas de pression, nous n’étions pas attendus, on avait surtout envie de bien faire, de montrer qu’on est là sur la scène des grands.
On a perdu quelques niveaux, notamment sur la pirouette qui n’est que de niveau 2, mais on s’y attendait. On a fait une erreur, comme en début de saison, mais c’est quelque chose qu’on a corrigé à Nice, on sait le faire il faut juste rester attentifs. Dommage car sans ça on aurait passé la barre des 100 points sur le libre. Pour la suite, on va faire une compétition à Varsovie puis une autre à Zagreb juste avant les championnats de France.
Quelques constats sur l’ensemble de la compétition : à suivre sur les prochaines échéances, mais la disparition du pattern de danse imposée obligatoire dans la ryhtm dance, qui laisse sa place à une séquence de pas dans le thème, laisse penser qu’on ne reverra pas de si tôt les pas de ce qui était il y a peu une double épreuve des compétitions de danse. Dommage, cela corsait l’exercice et permettait de comparer assez facilement les patineurs entre eux. La rythm dance tend à ressembler à un mini programme libre, avec un thème ou plutôt un tempo imposé.
Je ne suis pas un grand fan de la suite de pas chorégraphique qui doit être exécutée bord à bord dans la largeur de la patinoire, et qui donc se retrouve devant les juges, en plein milieu de la glace. Cela ralentit généralement la vitesse de patinage et peut parfois ressemble plus à de la gesticulation. Un peu plus de liberté et de temps pour les autres éléments pourrait être une idée pour les futures danses libres.