Quelle longévité pour Camille Kovalev et Pavel Kovalev ! Et quelle ténacité, toujours présents après 7 ans de compétitions ensemble (et un mariage il y a 4 ans), avec leur lot de blessures, de hauts et de bas, mais que l’on suit toujours avec plaisir. Plaisir semble justement être l’élément moteur cette année, Camille et Pavel sont en forme aujourd’hui et transmettent leur énergie à la patinoire pourtant bien vide et bien grise. Le rythme du programme est soutenu et tenu de bout en bout, ils dégagent une belle énergie sur une version revisitée du ‘Libertango’, avec une chorégraphie et des costumes qui collent au thème. Tout n’est pas parfait, certes : si le triple Twist passe bien, c’est Pavel qui retourne le triple boucle piqué, très solide d’habitude, alors que Camille peut être plus fébrile. Le triple Salchow lancé est atterri un peu trop sur l’avant, Camille doit poser les mains pour le stabiliser. L’ensemble est très correct, je note comme souvent chez eux une pirouette parallèle à l’unisson quasi parfaite, ce que peu de couples arrivent à faire. Ils remportent 54.67 points et ont déjà plus de 6 points et demi d’avance. Sans vouloir leur porter malchance, ils semblent en bonne voie pour leur premier titre, qui leur ouvrirait, qui sait, la porte des championnats d’Europe, ce qui serait une première pour eux.
Camille (avec un grand sourire derrière le masque) :
On est contents, même si on est un peu déçus par rapport à ce qu’on fait aux entraînements. Dans l’ensemble on est satisfaits de notre performance mais on veut plus ! Il y a eu plusieurs accrocs, sur le triple boucle piqué que Pavel retourne, erreur qu’il ne fait jamais ! L’arrivée du triple Salchow lancé, c’était assez visible. Moins évident à voir peut-être, mais je ne suis pas sorti dans la bonne direction à la fin de la pirouette parallèle, c’est dommage on était synchrone, et on sait que la sortie est un élément que les juges regardent de très près, c’est l’image qui reste de l’élément. Ensuite du coup on était un peu loin l’un de l’autre pour le début de la séquence de pas.
Mais on prend du plaisir à s’entraîner, et du coup aussi en compétition, on n’est plus dans le mode ‘il faut que je réussisse mon saut’, ‘il faut faire un résultat’, on relativise ! S’il y a des erreurs, et bien il y a des erreurs, ça arrive à tout le monde, on se concentre sur le moment présent et le plaisir qu’on a à patiner.
Pour la saison prochaine, on aimerait continuer, bien sûr ! Par contre mes parents, qui financent une grande partie de notre sport, vont partir à la retraite, ça va être plus dur financièrement. Une option est qu’on trouve du travail, mais ça réduirait forcément notre temps d’entraînement… il faut qu’on creuse et qu’on voit ce qu’il est possible de faire, en tout cas la motivation et l’envie sont toujours là !
Un peu plus en difficulté, Coline Keriven et Noël-Antoine Pierre n’ont pas semblé être vraiment dans la glace sur ce programme court. Les premières approximations se sont fait sentir dès le premier élément : le triple Twist est toujours de niveau basique et ne décolle pas vraiment (mais c’est un des éléments les plus durs à améliorer), et à la réception Noël-Antoine doit retenir Coline qui manque de trébucher. Sur le triple boucle piqué qui suit, Coline atterrit sur deux pieds, en manque de rotation, et chute. C’est surtout sur la pirouette parallèle qu’ils doivent s’en vouloir : Coline n’est pas très stable sur la première position, le niveau ne monte pas et l’élément récolte des notes d’exécution négatives. Cela n’empêche pas Coline de donner le tempo des changements de position, que l’on entend clairement des gradins ! Sur les autres éléments par contre, de belles notes d’exécution, surtout sur la séquence de pas (niveau 3) et le porté en fin de programme (niveau 4). Je les ai trouvés très en progrès sur le Salchow lancé, qui a beaucoup gagné en amplitude. Ils empochent 48.08 points : dommage car si les erreurs techniques leur coûtent cher, ils ne sont pas très loin sur les composantes.
Dernière compétition de la journée, le ballet sur glace !
Comme pour les couples, seulement deux équipes présentes, ce qu’on ne peut que regretter. Mais une première : cette année, aux championnats de France les équipes présentent leur nouvel exercice chorégraphique, alors que les éditions précédentes c’était l’exercice de l’année passé qui était en vigueur, les nouveaux programmes étant présentés sur les compétitions 100% ballet, qui sont plus tard dans la saison.
Pour rappel, l’exercice chorégraphique du ballet comporte trois exigences, qui changent chaque année (hors pandémie…). Cette saison, le thème est ‘contemporain’, le procédé chorégraphique est ‘flocking’ (évolution de type nuée d’oiseaux), et la gestuelle ‘accélération’. Et ce programme se patine sans décor, sans costume (donc avec tenues noires), par contre tout le reste est libre.
Premiers à s’élance sur la glace, les 17 Vertacomicoriens de Villard-de-Lans, parmi lesquels on retrouve des danseurs seniors et juniors. Gros niveau technique, très belle exécution, j’ai trouvé le ‘flocking’ assez lisible, avec par exemple les cinq patineurs évoluant d’un côté et les 12 patineuses de l’autre, avant que tout le groupe ne fasse plus qu’un.
Suite à un soucis informatique les notes n’ont pas pu être données, mais je pense qu’ils ont pris la tête.
Les Métropolitains des Français Volants de Paris ont une base plus ‘artistique’ que ‘danse sur glace’, très visible notamment sur les enchaînements d’Axel simple. Beaucoup de difficultés techniques donc, 12 patineurs qui partent dans la pirouette allongée, ça fait son effet.
J’attends avec impatience le libre demain, en souhaitant beaucoup de courage aux patineurs, car ils n’ont pas un planning très sympathique : entraînement à 7h45 le matin, pour une compétition quasiment 10 heures plus tard, quand les autres disciplines n’ont que de 5 heures d’écart en moyenne.