GP France : Papadakis/Cizeron logiquement en tête, surprises en série dans autres les programmes courts

Dernière étape des Grand Prix cette année, le GP ‘Internationaux de France de patinage 2018’ va notamment décider des dernières places pour la Finale du Grand Prix qui de déroulera à Vancouver le mois prochain. 
A l’issue des programmes courts, si Gabriella Papadakis et Guillaume Cizeron passent en tête comme on pouvait s’y attendre en danse, les autres disciplines nous ont réservé leur lot de surprises, avec la première place de Mai Mihara chez les dames, de Jason Brown chez les messieurs, et de  Boikova/Kozlovksii en couples.

 

Messieurs :


La victoire surprise de Jason Brown (version cheveux courts !) dans le programme court est tout à fait révélatrice de l’évolution du système de pointage cette année. Il fallait patiner propre, et à ce petit jeu Jason Brown a fait un excellent programme. Sa note technique est une des plus modestes de la compétition, due à l’absence de quadruple ; par contre ses excellentes notes d’exécution lui ont permis de l’augmenter de plus de 12 points ! Et Jason est toujours fort sur les composantes avec une jolie glisse et un programme mettant en valeur sa grande souplesse ; 96.41 points au final, son record de la saison.

Alexander Samarin est deuxième avec un programme simplifié : le triple boucle piqué prévu en combinaison sur le quadruple Lutz d’entrée est replacé sur le quadruple boucle piqué, car le Lutz est retourné (avec quelle amplitude !), mais Alexandre ne fait ‘que’ quadruple-double. Dommage il avait une belle carte à jouer pour virer en tête ; il cumule 90.86 points.

Nathan Chen, champion du monde en titre et grand favori de la compétition, n’est pour l’instant que 3eme (86.94 points). Le quadruple flip passe bien aux 6 minutes, mais il chute sur cet élément, qui plus est incomplet et avec carre douteuse. La chute entraîne automatiquement des notes d’exécution de -5, qui avec le jeu des coefficients se termine par le perte de 4.13 points… ce qui représente par exemple à peu près tous les bonus engrangés sur ses deux autres sauts et sa suite de pas. Le message est clair avec ce nouveau code : la propreté avant la prise de risque !

Très belle prestation de Romain Ponsart, surprenant 4eme avec un programme sans faute avec quadruple, triple Axel et combinaison triple-triple (84.97 points).

Même contenu technique pour Kevin Aymoz, avec une réception moins nette sur la combinaison, il termine avec 81 points et patinera dans le deuxième groupe demain.

 

 

Chez les dames, on attendait Evgenia Medvedeva à la première place… elle n’a cependant pu qu’empêcher les Japonaises de réaliser le triplé en prenant la 3eme place provisoire (67.55 points).

Evgenia est apparue très, très concentrée, presque en contradiction avec sa chorégraphie sur le blues de Natalie Cole ‘Oranged colored sky’. Elle a en effet beaucoup à prouver après avoir dû se contenter de l’argent olympique l’année dernière, alors que l’or lui paraissait promis en début de saison dernière. Elle est également partie s’entraîner avec Brian Orser au Canada, ce qui génère beaucoup d’attente. C’est  l’année des changements, de style aussi, il est donc assez normal que tout ne soit pas à son niveau maximum, même s’il est clair qu’elle ne vise que l’excellence. Son erreur principale est sur la combinaison flip/boucle piquée simplifiée en triple/double, alors que la carre du Lutz est jugée douteuse. Elle pourrait remonter d’une place (ou deux ?) demain.

La victoire du court revient à Mai Mihara avec 67.95 points, sans erreur majeure hormis une sous-rotation sur le boucle piqué de sa combinaison triple-triple avec le Lutz. Son thème sur ‘It’s magic’ est un peu sirupeux à mon goût, par contre la technique japonaise, fluide, légère et précise, fait des merveilles.

Mai devance donc sa compatriote Rika Kihira (67.64 points) qui aurait pu écraser toute concurrence si elle avait passé son triple Axel, pourtant réalisé facilement ce matin et encore pendant l’échauffement. Là encore une souplesse dans le genou impressionnante.

Les trois premières places sont donc dans un mouchoir de poche (0.40 points), Mai, Rika ou Evguenia peut remporter la compétition avec un bon libre… à l’inverse la moindre petite erreur pourrait s’avérer fatale en cas de sans faute des adversaires directes. Sachant que la troisième patineuse japonaise, Marin Honda n’est pas loin derrière, à la quatrième place avec 65.37 points (programme propre, mais sauts de la combinaison manquant de rotation).

Maria Sotskova a changé de registre chorégraphique, elle a choisi cette année le thème de ‘Fever’ puis de la samba, un très bon choix (et un très joli costume), malheureusement les deux sauts de sa combinaison sont eux aussi sanctionnés de sous-rotation. Déçue à l’annonce de ses notes, elle est 5eme (61.76 points).

Chez les patineuses françaises, contenu technique identique (triple boucle piqué – triple boucle piqué, triple Lutz, double Axel), mais réussite surtout pour Maé Bérénice Méité (7eme, 60.86 points) et Léa Serna (9eme, 55.31 points). Laurine Lecavelier est elle à la 11eme place (51.66 points) : joli programme orientalisant sur ‘Maktub’, dommage le triple Lutz, pourtant solide, est ouvert trop tôt et donc fortement incomplet. Ses notes d’exécution auraient pu monter, elle a toutefois les meilleures composantes des patineuses françaises engagées.

 

Surprise encore chez les couples, on attendait Vanessa James et Morgan Ciprès, ce sont finalement les Russes Aleksandra  Boikova et Dmitrii Kozlovskii qui virent en tête avec 68.83 points et un quasi sans faute, seule la spirale de la mort pêche dans l’exécution (seulement notée niveau 1). La deuxième place est pour les solides patineurs nord coréens Tae Ok Ryom et Ju Sik Kim sans erreur (67.18 points).

Vanessa et Morgan sont donc à la troisième place provisoire avec 65.24 points : Vanessa n’a pas terminé la rotation du triple boucle piqué, comptabilisé comme un double, qui récolte quasi unanimement les fameux ‘-5’ des juges. Si la technique a un peu pâli aujourd’hui, ils ont logiquement les meilleurs notes de composantes, ce qui permet de rester optimiste pour demain.

Très bonne impression des Américains Tarah Kayne et Danny O’Shea, (4eme, 63.45 points) avec un programme tout en douceur sur la musique de ‘Turning page’ par Sleeping at last. Ce sont les seuls qui entament leur programme par la spirale de la mort, tous les autres couples débutant par le triple Twist. Leur prise d’élan du triple Salchow lancé est particulièrement difficile avec un mini porté en bascule, et surtout le saut est bien atterri ! Même type de prise d’élan difficile du saut lancé pour les canadiens Camille Ruest et Andrew Wolfe avec un roue en salto arrière sur l’épaule d’Andrew de la part de Camille. Très beau patinage à l’unisson.

 

En danse, la seule question éventuelle était de savoir qui de Victoria Sinitsina et Nikita Katsalapov ou Piper Gilles et Paul Poirier seraient à la deuxième place derrière Gabriella Papadakis et Guillaume Cizeron. Résultat sans appel : ce sont les Russes qui se positionnent pour l’argent, avec 77.91 points ils ont déjà plus de trois points et demi d’avance sur les Canadiens. Beaucoup plus loin devant, Gabriella et Guillaume survolent comme attendu la compétition avec déjà 84.13 points. Après avoir eu la chance de voir leur tango aux Masters, revoir ce programme en compétition est toujours un plaisir, il semble que Gabriella et Guillaume peuvent sortir des petits bijoux sur n’importe quelle danse imposée. De la tension, du relâchement, du piquant, il y a de tout cela dans leur interprétation, avec bien sûr leur fluidité habituelle. Par contre, à lire attentivement les protocoles, leur première partie du Tango Romantica est nettement perfectible, ils ne récoltent qu’un niveau 1 et ne valident qu’un seul ‘élément clef’ (keypoints) sur 4, preuve que ce Romantica est particulièrement ardu. Peut-être verrons-nous cette saison enfin un couple de danseurs avec tous les éléments clefs validés…

Les autres patineurs français sont pour l’instant 6eme (Marie-Jade Lauriault et Romain Le Gac) et 11eme (Adelina Galyavieva et Louis Thauron).