Les promesses de Brian
La compétition messieurs a débuté ce Vendredi à Orléans. Brian Joubert remporte le programme court devant Florent Amodio et Alban Préaubert.
A la suite de l’annonce de sa collaboration avec le chorégraphe Antonio Najarro, le nouveau programme court de Brian Joubert était attendu avec fébrilité et impatience. La réalisation n’a pas déçu, au contraire : Brian a su trouver, par le flamenco, une expression musicale lui permettant d’exploiter son potentiel tout en mettant en valeur ses qualités naturelles. Sa puissance, sa vitesse, sont d’autant plus visibles qu’accompagnées d’une gestuelle rigoureuse, dynamique et ferme sans être ostentatoire. La composition doit être davantage maîtrisée, notamment dans les séquences de pas encore sur la réserve, mais l’ensemble est déjà remarquable d’équilibre. Ce n’est pas rien.
Si dès l’entraînement du matin, l’effort de composition semblait évident, l’incertitude restait forte sur sa condition physique. En plaçant d’entrée sa combinaison quadruple-triple, Brian a assuré l’essentiel et montré que ses repères étaient bien là, suffisants pour prendre le large par rapport à ses concurrents. Si le triple Axel est retourné car trop juste dans la rotation, le triple Lutz passe ensuite proprement malgré peu d’amplitude. Le manque de préparation est visible, ce qui peut laisser des interrogations pour le libre, mais les bases de la saison sont posées, du moins sur ce court. Et c’est un effort qui devra lui servir à moyen terme.
Florent Amodio prend la deuxième place, à une distance respectable de Brian, tout en conservant intactes ses chances de victoire pour demain. Après un triple Axel impeccable, il lance sa combinaison avec triple Lutz, un peu trop précipitée, et le second triple devient un double boucle piqué. Ce sont de précieux points perdus, même s’il se relance ensuite sur le triple flip.
D’un point de vue structurel, la composition de son programme laisse perplexe. Les sauts, les pas, et enfin les pirouettes. Peu de transitions et un vrai manque d’équilibre entre les parties. Sur la chorégraphie, l’impression est également mitigée. Florent utilise son enthousiasme, son énergie pour emporter l’adhésion, mais oublie certaines qualités qui lui permettent d’être un patineur complet : la glisse, la fluidité de la gestuelle, sont absentes d’un programme efficace mais pour l’instant inégal et maladroit. Il devra montrer davantage en Grand Prix pour espérer progresser dans la hiérarchie.
Alban Préaubert s’empare de la troisième place, avec un programme enlevé et créatif adapté à ses qualités. Cependant, deux lourdes fautes sur les sauts (un triple Axel désaxé et transformé en double, un triple boucle retourné) l’empêchent de prétendre à mieux, malgré une réussite sur sa combinaison triple flip-triple boucle piqué. Et s’il semble en meilleure condition physique que l’an dernier, l’exécution des éléments est parfois forcée.
Chafik Besseghier avait pour objectif de se rapprocher du podium, son aisance à l’entraînement sur les sauts pouvant lui donner confiance. Malheureusement, le bilan est en demie-teinte, même si c’est sans doute un nécessaire apprentissage. La combinaison d’entrée n’est que triple-triple, la faute à une crispation dans la préparation du quadruple. Et après un triple Axel convaincant, il hésite à nouveau sur le Lutz, incomplet dans la rotation. Après ces erreurs, il semble à la recherche d’un second souffle en fin de programme, ce qui ne lui permet pas de montrer sa valeur. Il aura à cœur de se rattraper sur le libre.
Enfin, Dimitri Christodoulidès et Gaëtan Roy prennent les cinquième et sixième places, avec deux programmes très proches dans leurs difficultés (combinaison 3-2, double Axel, triple Salchow).
Réaction de Brian :
Je sais que ma préparation est encore insuffisante, mais le premier objectif est dans un mois avec le début des Grand Prix (Coupe de Chine, 5-7 novembre). Pour l’instant, j’enchaîne chaque jour à l’entraînement court et libre, pour me sentir bien sur ces deux programmes. Et je sais que ce travail paiera.
(Sur le libre de demain) : je vais patiner sans pression, l’important étant de trouver une connexion avec le public et les juges, et de mettre les choses en place pour pouvoir progresser.