Madison Hubbell/Zachary Donohue s’emparent de la première place, juste devant Piper Gilles et Paul Poirier. Alexandra Stepanova et Ivan Bukin complètent le podium provisoire.
Madison Hubbell et Zachary Donohue s’entraînent désormais à Montréal et cherchent à confirmer une progression dans la hiérarchie internationale (leur meilleur résultat aux Mondiaux est une dixième place). Leur patinage a en tout cas gagné en maîtrise et en personnalité, à travers une danse courte déjà très aboutie. Les niveaux techniques obtenus sont très satisfaisants et leur interprétation de la chanson “Hallelujah” leur permet d’exprimer une sensibilité assez nuancée, sans surcharge dramatique.
Piper Gilles et Paul Poirier ont recherché l’originalité dans leur danse courte, avec la rencontre d’univers musicaux très contrastés : la chanson “Lucy in the Sky with Diamonds des Beatles est ainsi notamment encadrée par une valse extraite des “Indes Galantes” de Rameau. Les césures chorégraphiques peuvent apparaitre un peu forcées et outrancières dans leur audace, mais les danseurs canadiens parviennent à convaincre en étant vraiment investis dans ce programme, avec conviction et générosité. Légèrement devant les Américains sur la note de composantes, il se content de la seconde place en raison d’éléments techniques un peu plus faibles. Troisièmes du Skate America, ils restent en tout cas en lice pour une qualification en finale du Grand Prix.
Alexandra Stepanova et Ivan Bukin prennent la troisième place. Leur chorégraphie manque de vie et de présence pour rivaliser avec celles de leurs concurrents, mais leur technique est en place et leur permet d’assurer l’essentiel. Les anciens champions du monde junior peuvent tout de même faire mieux car leur potentiel est élevé, et ils visent au moins un nouveau podium national.
Penny Coomes et Nicholas Buckland se contentent de la quatrième place. A la recherche d’un nouveau souffle car la saison précédente a été perturbée par des blessures, ils manquent encore de repères dans l’exécution et obtiennent une note technique décevante, perdant des points sur les twizzles et les pas.
Seulement septièmes du Skate Canada, Laurence Fournier Beaudry et Nikolaj Sorensen prennent une cinquième place rassurante, se rapprochant peu à peu de leur meilleur niveau. Ils devancent les champions du monde junior en titre Anna Yanovskaia et Sergei Mozgov, qui ne parviennent pas pour l’instant à s’affirmer en senior. Alisa Agafonova et Alper Ucar prennent la septième place pour leur premier Grand Prix, mais leur niveau est nettement inférieur à celui de leurs concurrents.
Enfin, il faut rappeler le forfait de dernière minute de Gabriella Papadakis et Guillaume Cizeron. Gabriella est insuffisamment rétablie après sa commotion cérébrale et ils espèrent retrouver la compétition le mois prochain, à l’occasion des championnats de France Elite d’Epinal.
Laurence Fournier Beaudry / Nikolaj Sorensen
On est très content de notre danse courte, au Canada on avait connu quelques problèmes dessus, notre objectif ici était de patiner propre, le pari est gagné ! On est monté assez rapidement dans la hiérarchie ces derniers temps, on travaille beaucoup pour continuer dans la même veine. Ce qu’on cherche à faire surtout, c’est de trouver et d’affiner notre propre style. Vu que l’on a des physiques assez athlétique, on cherche à combiner élégance et puissance, de belles lignes, mais pas forcément une gestuelle avec de grands mouvements qui en jettent.
Laurence : j’ai eu un traumatisme crânien le 22 juillet de l’année dernière, on ne l’a pas forcément traite comme il faut, et je le paye maintenant. C’était sur un porté à l’envers, je suis tombée directement sur la tête, avec 4 points de suture à le clef. Mais on avait notre première compétition 2 mois après, on a continué à s’entraîner pour ça. Les symptômes ne sont venus que plus tard, vers les championnats d’Europe. J’ai du mal avec tout ce qui est rotations, les twizzles et les pirouettes, je ne peux pas en faire beaucoup, j’ai rapidement la tête qui tourne. J’ai aussi souvent de gros mal de crâne et une très grande fatigue qui peut arriver assez vite. C’est vraiment frustrant, car je voudrais faire plus, m’entraîner plus longtemps, mais il faut vraiment traiter le problème maintenant.
Nikolaï : quand on va rentrer au Canada elle va suivre les mêmes traitement que ceux que suit Gabriella, le protocole a été développé pour les soldats qui avaient ce genre de traumatisme. Ca coûte assez cher, les médecins recommandent 10 séances, pour environ 4000 dollars au total, mais je pense qu’il faut que je passe par là. S’il faut qu’elle arrête de patiner une saison entière, pas de problème pour moi, on a notre carrière, certes, mais ce serait bien qu’on ne soit pas en trop mauvais état après ! Ca ne met pas plus de pression, dans le sens où vu sa blessure, il faut que je sois impeccable au cas où elle rate. Par contre, je suis encore plus prévenant, je l’entoure beaucoup. Cet accident nous a beaucoup rapproché, ça fait au moins un point positif dans tout ça. On doit travailler ensemble de toute façon, on n’a pas d’autres choix.
Du coup, cette danse courte, on en très content, c’est la première qu’on patine sans faute !