Masters 2017 – J3 – Nouveau chef d’oeuvre de Gabriella et Guillaume

Que dire, que dire de cette danse libre de Gabriella et Guillaume… Allons à l’essentiel : c’est tout simplement une nouvelle œuvre d’art qu’ils nous offrent.

Suivant un sage conseil, j’ai fait l’impasse sur les entraînements de danse du midi, pour me poser un peu après deux jours de compétitions déjà assez intenses certes, mais surtout pour ne voir aucune bribe de la nouvelle danse de Gabriella et Guillaume. Le thème de la Sonate au clair de lune de Beethoven avait déjà fuité, mais c’était tout. Restaient 4 minutes à découvrir et à savourer, vierges de toutes impressions forcément partielles.


D’entrée, les costumes me plaisent : sobres, sans aucune paillette, et tellement élégants. Et dès les premières notes de la Sonate au clair de Lune de Beethoven, on retrouve Gabriella et Guillaume, non pas dans ce qu’ils savent faire de mieux, mais simplement dans ce qu’ils sont vraiment. Deux patineurs hors du temps, souples, déliés, qui arrivent en quelques secondes à vous transporter ailleurs, dans leur monde où musique classique rime aussi avec modernité et danse contemporaine.

C’est encore une fois un petit bijou à garder précieusement et à savourer en plein, dans les meilleures conditions. Comme un trésor à chérir, à utiliser avec parcimonie, puisque par défaut ils ne feront que de trop rares représentations en compétition (on en voudrait toujours plus !).

L’équipe de Gadbois leur a ciselé une chorégraphie d’une justesse incroyable, enrichie de trouvailles simples et donc géniales… et encore une fois, il faut aussi tout le talent de Gabriella et Guillaume, avec leur bagage technique et leur répertoire chorégraphique adéquats, pour l’exprimer. L’ensemble est d’une homogénéité incroyable, on les regarde tous les deux, pas plus l’un que l’autre ; la musique n’écrase rien, mais n’est pas en retrait non plus, aucun élément n’est trop fort ou ne ressort trop au point qu’on ne voit que lui.

Et tout passe très vite, bien sûr. Mais je me souviens de plusieurs passages particulièrement bien sentis, comme la transition de l’adagio vers le presto : la musique s’accélère d’un coup, au moment même où Gabriella et Guillaume entament le porté rotatif qui tourne à une vitesse folle, pour enchaîner sur la pirouette de couple, dont Guillaume sort en effectuant deux tours d’une pirouette solo. Idées tout simples, mais qui fonctionnent pleinement : la pirouette n’est plus un élément imposé mais une partie de la chorégraphie à part entière.

Dans la même idée, à la fin d’un porté, Guillaume semble déposer Gabriella sur la glace, pour la resoulever deux ou trois de suite en tournant : gestes a priori assez simples (surtout pour eux !), qui permettent d’arrêter le décompte de temps du porté, et tout est pile en musique ! Je ne sais pas en combien de temps ils ont réglé les détails à la fraction de seconde près, mais c’est tellement précis qu’on ne discerne plus rien des éléments, on est simplement un spectateur heureux de recevoir un aussi beau spectacle.

Ouf, les dernières notes de musique s’achèvent, il est temps de reprendre ses esprits. Bien sûr, tout le public se lève !

Ensuite, en y réfléchissant avec un peu de recul, on se dit que le choix de la Sonate pouvait être risqué, car c’est une musique très connue (et néanmoins sublime), impossible de créer la surprise de ce côté-là. De même, l’enchaînement des parties musicales ne semble pas vraiment pouvoir être différente : une fois le thème annoncé, on ne peut que commencer par l’adagio. Pour la deuxième partie, le presto s’impose pour faire une différence nette, et pour reprendre logiquement l’adagio en fin de programme, histoire de renforcer l’homogénéité du programme.
Très vite le choix de placer la pirouette et le porté rotationnel sur le changement de rythme semble d’une logique évidente. Et pourtant, cette évidence dans le montage musical pourrait être un challenge encore plus grand pour des patineurs, car il faut l’assumer… si la musique et le montage ne sont pas en soit novateurs, ce sont les patineurs qui doivent porter la danse. Mais quand on s’appelle Gabriella et Guillaume, le défi est quasiment gagné d’avance.

Pour le panel technique, on est à la limite de ce que peut encaisser le système de notation : une suite de pas niveau 3, histoire d’avoir un élément à reprendre, tout le reste au maximum. Même chose pour les juges : sur les notes d’exécution, ils n’ont quasiment connu qu’une touche, le +3, et pour les composantes le 10.

Bref, le voyage à Villard de Lans valait bien le coup, même pour des spectateurs qui ne seraient venus que pour la danse libre. Pour être honnête, il se pourrait même que j’évite de revoir en vidéo ce programme, pour en profiter encore une fois en direct pendant le Grand Prix de France dans un mois, histoire de garder les impressions intactes.

 

 

Bon, outre l’attente du nouveau libre de Gabriella et Guillaume, il y avait un autre match dans le match : qui de Lauriault/Le Gac ou d’Abachkina/Thauron pour prendre la deuxième place ?


3eme de la danse courte, ce sont Marie-Jade et Romain qui passent en premier. Cette année ils ont choisi un jazz lent puis ‘Another bites the dust’ pour finir leur libre. Toujours très élégants, leur choix musical ne m’a pas emporté, ce qui reste tout à fait personnel. Très fort techniquement, ils placent la barre très haut.

Angélique et Louis s’élancent à leur tour. Quelques secondes de piano, puis Lara Fabian entame ‘Je suis malade’. Ils sont très à l’aise sur l’interprétation, il y a beaucoup de moments d’emphase dans le programme, qui sont utilisés pour placer un porté par exemple, ce qui donne beaucoup de vie et de rythme à l’ensemble. Malheureusement ils sont très proches de l’un de l’autre dans les twizzles, trop peut-être, et Louis manque quelques rotations.
C’est ici que tout se joue : Marie-Jade et Romain ont des twizzles de niveau 4 et récoltent 1.2 points des juges, soit un total de 7.80 points , alors que pour Angélique et Louis le niveau est de 2 et les notes des juges en moyenne à -0.17, soit 4.43 points. Plus de 3 points de différence, alors qu’un peu plus de 2 leur aurait suffi pour rester en deuxième position.

La danse courte s’est jouée sur la suite de pas, le libre sur les twizzles ! Car sur les composantes, les juges semblent toujours très partagés et les mettent à égalité (4 centièmes de différence sur la danse courte, 6 dixièmes sur la danse libre).

 

En quatrième place avec 118.95 points, Adelina Galyavieva et Laurent Abecassis reprennent leur libre de l’an dernier, la vie et les déconvenues d’un petit rat de l’opéra, toujours ponctué de pointes d’humour.

Lorenza Alessandrini et Pierre Souquet remontent d’une place dans le libre, mais terminent 5eme au total (117.06 points). Leur choix musical de ‘Liily’ est très prenant, les niveaux des éléments techniques sont plus hauts que dans la danse courte, mais cette dernière place n’est sûrement pas ce qu’ils espéraient pour ces Masters. Comme pour le match pour la 2eme place, la revanche aura lieu aux championnats de France à Caen !

 

(Note personnelle pour une personne qui se reconnaîtra peut-être : essayez d’écrire vos propres articles au lieu de recopier en sauvage ceux des autres, votre piratage de ce même article du libre danse des Masters l’année dernière, ca s’est vu. Merci.)

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