Comme sur le programme court, Kévin Aymoz s’impose sur le libre avec moins d’un point d’avance pour remporter un succès relativement inattendu, même si son potentiel est connu depuis plusieurs années. Chafik Besseghier prend une seconde place évidemment frustrante, d’autant plus qu’il a tout tenté pour conserver son titre. Romain Ponsart, troisième, a montré qu’il était de nouveau proche de son meilleur niveau.
Kévin Aymoz n’a pas cédé face au contexte et à la tension du moment, ce qui lui permet de remporter de justesse un premier titre de champion de France. Certes, sa performance technique n’est pas impressionnante puisqu’il ne tente ni quadruple saut ni combinaison triple-triple, mais il réussit à enchaîner les difficultés dont deux triples Axel sans faiblir. Malgré deux réceptions plus fébriles, il s’accroche jusqu’au bout et fait la différence grâce à sa note de composantes, qui récompense une qualité de glisse et une sensibilité artistique qu’il doit encore développer. La difficulté pour lui va être désormais de confirmer ce nouveau statut, alors qu’il patine encore cette saison en junior au niveau international.
Chafik Besseghier peut légitimement être déçu de ce résultat, après avoir pris beaucoup de risques. Il réussit un exploit athlétique en réalisant trois quadruple sauts (deux quadruples boucle piquée, un quadruple Salchow), et parvient à replacer un triple Axel en toute fin de programme alors que son premier essai n’était passé qu’en double. Il perd cependant des points à cause de plusieurs réceptions approximatives et chute sur le triple Lutz. S’il devance logiquement Aymoz sur la note technique, ce n’est pas suffisant en raison de composantes trop faibles. Chafik a montré beaucoup de combativité et de caractère, mais ses lacunes au niveau de la gestuelle et de la chorégraphie sont ici lourdes de conséquences.
Romain Ponsart a confirmé l’impression positive laissée sur son programme court, puisqu’il réussit de justesse un quadruple boucle piquée avant d’enchaîner avec deux triples Axel limpides, puis une combinaison triple-triple. Il est même un candidat au titre jusqu’à la dernière minute, mais deux erreurs à la suite (Lutz doublé, double Axel chuté) lui sont alors préjudiciables. Romain peut cependant être largement satisfait de cette troisième place finale, et sa performance met en valeur l’élégance et la fluidité de son patinage même si la chorégraphie manque de transitions.
Ce podium est donc le reflet d’une compétition disputée et relevée, avec un résultat forcément discutable tant les qualités et caractéristiques des patineurs étaient différentes. Dans ces conditions, la sélection des deux places pour les championnats d’Europe s’annonce délicate et il faut surtout espérer que ce championnat de France soit un tournant positif pour la suite de la saison.
Simon Hocquaux remonte d’une place au classement pour terminer en quatrième position, mais il se retrouve à presque quarante points du podium. Plus fébrile techniquement que sur le programme court, il trébuche à la réception du triple Axel et commet par la suite trop d’approximations, qui ne peuvent être compensées par sa qualité de patinage.
Luc Economides confirme ses progrès et a su réagir après un début de programme difficile, puisque sa tentative de triple Axel est en sous-rotation et sa combinaison avec triple Lutz est maladroite dans l’exécution. Il se relance ensuite avec une combinaison triple-triple et affirme davantage sa personnalité sur la glace.
Adrien Tesson perd deux places par rapport au court et ne prend que la sixième place finale. Il n’a malheureusement jamais pu trouver son rythme lors de son programme, échouant notamment sur le triple Axel (la première tentative est non déclenchée, la seconde chutée) et le triple Lutz. Adrien peut logiquement être déçu de cette prestation qui ne reflète pas son niveau.
Philip Warren prend la septième place, laissant comme sur le court une impression en demie-teinte. Le potentiel technique est présent avec un triple Axel solide en combinaison, mais la performance est très inégale (second triple Axel non déclenché, combinaison avec triple Lutz dégradée) et manque de nuances.
Adam Siao Him Fa prend une quatrième place prometteuse sur le libre grâce à une prestation enthousiaste et énergique, même s’il ne remonte que d’un rang au classement pour s’emparer de la huitième place. Mis à part une chute sur le triple Axel, il est particulièrement en réussite sur les sauts avec notamment deux combinaisons triple-triple.
Landry Le May est neuvième, après avoir tenté un triple Axel chuté et dégradé. Il ne déclenche pas ensuite le triple Lutz mais parvient à se relancer sur le triple boucle et le triple Salchow. Antonin Herreboudt conserve sa dixième place sans avoir démérité, même si son niveau technique est encore inférieur à celui de ses concurrents.
Kevin Aymoz :
“Ce titre de champion de France, ce n’est pas que je n’en revais pas, c’est que je ne m’y attendais pas du tout cette année. J’ai changé beaucoup de choses depuis l’an dernier, je m’entraîne loin de ma famille à Annecy, il m’a fallu du temps pour tout digérer. C’est aussi pour ça que je n’ai pas changé de programme court. Résultat, tout mon début de saison a été plutôt catastrophique. Mais il y a trois semaines, je me suis dit qu’il fallait que je me ressaisisse ! Comme pour hier sur le court, les entraînements n’étaient pas bons du tout, je n’ai pas fait grand-chose aux 6 minutes d’échauffement… mais je ne pouvais pas m’arrêter à ça !
Et aujourd’hui je sors un bon libre… tout ne s’est pas joué sur le premier triple Axel, mais c’est sûr que si je ne l’avais pas passé, ça aurait été beaucoup, beaucoup plus dur. Je ne jouais pas la place, je voulais surtout prouver à mes entraîneurs, à la fédération, et à moi-même, ce que je vaux vraiment. Ca fait plaisir ! Je m’investis beaucoup dans mes programmes, j’y mets de moi, de mes problèmes, je pense que c’est nécessaire pour vraiment vivre les programmes et apporter quelque chose de plus.
Pour l’instant, avec mon entourage on se concentre sur le fait de faire des programmes propres et denses. Donc pas de quadruple pour le moment, mais je devrais les travailler bientôt, boucle piqué et Salchow. Car maintenant un seul quad ne suffit plus !”