Malgré la tension et même si elle n’a pas réalisé un programme libre à la hauteur de son potentiel, Laurine Lecavelier s’impose avec près de vingt-cinq points d’avance. En difficulté, Maé-Bérénice Meité conserve sa seconde place devant Alizée Crozet.
Laurine Lecavelier a commis des erreurs sur ce programme libre : pas de combinaison avec le triple Lutz, chute sur la combinaison double Axel-trouble boucle piquée, non-déclenchement du triple boucle avant d’enchaîner sur le triple Salchow. Elle s’est cependant battue jusqu’au bout pour ne pas céder face à la pression, et sa performance reste largement suffisante pour créer un écart important par rapport à la concurrence. Ce premier titre de champion de France senior était un tremplin important à atteindre, et Laurine peut être soulagée et fière de ce succès même si elle mesure les progrès qu’il lui reste encore à accomplir. Elle propose un programme ambitieux techniquement, exigeant dans l’interprétation et elle doit encore renforcer une maîtrise dans l’exécution en prévision des prochaines échéances.
Maé-Bérénice Meité ne prend que la troisième position du libre, mais reste à la seconde place au classement final. Elle n’a pas réussi à corriger l’impression décevante du programme court, en chutant sur le triple Lutz et trébuchant à la réception du double Axel et du triple boucle. Loin de son meilleur niveau, Maé-Bérénice est en recherche de confiance et n’avait pas ici la condition nécessaire pour tenir ses programmes.
Alizée Crozet s’empare de la troisième place du podium grâce à sa régularité, mais elle n’a pas brillé sur le programme libre : le Lutz ne passe qu’en double et elle chute sur un triple Salchow. Ses sauts sont cependant à rotation complète et Alizée peut être satisfaite de ce classement, même si elle doit encore beaucoup progresser.
Beaucoup de regrets pour Julie Froetscher, distancée après le programme court, puisqu’elle échoue à moins d’un point du podium. Elle obtient tout de même la meilleure note technique du programme libre et a montré sa capacité à se relancer après un échec, réussissant notamment un triple Lutz et un triple flip. Sa seule erreur notable est une chute sur une seconde tentative de triple Lutz, et elle peut considérer cette prestation comme une référence pour la suite de sa carrière.
Troisième du programme court, Léa Serna n’est que sixième du programme libre et elle prend la cinquième place du classement. Déstabilisée d’entrée par un échec sur le triple boucle piquée, elle n’a pas réalisé les triples sauts les plus difficiles (pas de Lutz, double flip) et échoue également tout près du podium. Léa obtient d’ailleurs un score final identique à celui de Julie Froetscher, mais le classement du programme libre fait la différence.
Elodie Eudine prend la sixième place sans avoir démérité, avec une fiabilité sur le triple Salchow et le triple boucle piquée. Sa performance manque cependant de personnalité, de nuances et elle est logiquement devancée par ses concurrentes sur la note de composantes.
Pauline Wanner espérait remonter au classement mais doit se contenter de la septième place. Avec deux chutes et de nombreuses erreurs, elle n’a pas montré son meilleur visage.
Nadjma Mahamoud, huitième, a elle aussi déçu sur ce programme libre. Trop fébrile sur le Salchow (triple chuté, seconde tentative ne passant qu’en double), elle n’était pas en réussite sur le plan technique et sa prestation manquait de dynamisme.
Sandra Ramond remonte à la neuvième place grâce à une prestation honorable et sans chute. Elle devance Héloïse Pitot, qui n’a pas pu se relancer après un début de programme manqué. A signaler qu’Anna Malkova, huitième du programme court, a déclaré forfait.
Laurine :
Je suis contente d’être championne de France… mais je suis déçue par mon programme. Tout passe très bien aux entraînements, c’est rageant de s’entraîner si dur pour craquer en compétition. Surtout sur la première partie de programme, j’ai subi mon programme, et je rate la combinaison sur le Lutz alors qu’elle ne pose aucun problème normalement ! J’ai quand même pu me relancer sur la deuxième partie. A Zagreb c’était différent, j’avais raté le court, et je n’avais plus rien à perdre, du coup j’ai tout donné dans le libre. Ici c’était différent, j’avais quelque chose à perdre justement, c’est ce qui m’a joué des tours, j’étais sur la retenue, je n’aurais pas dû.
Pour les fêtes j’aurai plusieurs jours de repos, ensuite dès janvier on va préparer les championnats d’Europe. Je ne sais pas exactement ce qui m’attend au niveau du plan d’entraînement, je fais toute confiance à Katia pour ça. Oui, on est très proche, on s’est tout de suite très bien compris dès les premiers jours. Parfois on n’a même plus besoin de se parler. Et j’ai changé beaucoup de chose, par exemple au niveau de la préparation des compétitions, maintenant je prends vraiment du plaisir à être sur la glace, ce qui n’était plus forcément le cas auparavant.
Maé :
Je suis déçue d’avoir perdu mon titre c’est sûr, mais c’est le jeu, un jour on gagne, un jour on perd… Je m’en veux surtout de ne pas avoir été assez attentive, j’ai fait affuter mes lames récemment et le problème est qu’il ne restait plus grand-chose à affuter ! Du coup j’ai dû changer ma façon de patiner, beaucoup plus en force pour tenir les carres. C’est dommage, j’ai des lames toutes neuves qui m’attendent à la maison… C’était une erreur à ne pas faire, c’est aussi comme ça qu’on apprend. Ca va me relancer pour la préparation pour les Europes, je n’ai pas l’habitude de baisser les bras. Et même si aujourd’hui le programme était dur à tenir, j’avais à cœur de jouer à fond la présentation, j’ai appris que la technique ne fait pas tout. Et non, je ne reste pas en France pour les fêtes, je repare aux Etats Unis pour m’entraîner !