France Elite 2015 : Un nouveau nouveau départ pour Romain Ponsart, au Colorado

On avait retrouvé Romain Ponsart en compagnie de Brian Joubert aux Masters, mais leur collaboration s’est terminée après le Bompard. Romain s’entraîne désormais aux Etats-Unis auprès de Kori Ade et Vincent Restencourt.

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Romain :
Après les Masters, j’ai eu une réunion avec la fédération pour faire le point sur mes conditions d’entraînements à Poitiers. Je ne veux pas revenir dessus, pour moi l’épisode Brian Joubert, c’est du passé, j’ai tourné la page.
La fédération m’a dit clairement qu’il n’y avait pas de place pour moi à Champigny, où je n’avais de toute façon pas l’intention de retourner, ni au pôle à Bercy. J’ai atterri à Charleville où le club m’avait proposé de venir m’entraîner. A ce moment-là j’ai reçu un appel de Vincent Restencourt et de Kori Ade qui m’ont proposé de venir à Colorado Spring pour m’entraîner au centre 7K (7K = 7000, pour 7000 pieds, soit l’altitude du centre au Colorado). J’ai accepté tout de suite, c’était une vrai chance de m’entraîner avec de tels coachs ! J’y suis arrivé fin novembre, et tout de suite les conditions étaient fabuleuses.

Je m’entraîne avec des patineurs comme Jason Brown, et d’autres patineurs de mon niveau, c’est une des choses qui me manquaient à Poitiers. A l’époque j’ai insisté sur le fait que la distance entre Paris et Poitiers était le point le plus dur à supporter, mais en réalité les problèmes étaient plus profonds, je ne voulais pas rentrer dans les détails. Je n’ai pas de problème à m’entraîner loin de ma base habituelle, la preuve je suis aux Etats-Unis, et ce n’est pas une solution temporaire, avec mes coachs on a une vision pour les JO de 2018.

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J’ai été vraiment très bien accueilli, alors que j’étais le petit nouveau qui arrive en cours de saison, et qui va forcément monopoliser du temps des entraîneurs. Mais c’est comme si j’étais là depuis longtemps, Jason Brown par exemple est un mec en or ! Il m’a très vite montré comment ça fonctionnait, le centre où on effectue la récupération physique, …

Après les Masters j’ai vraiment connu un passage très difficile, j’avais perdu le quadruple, le triple Axel n’était pas au mieux… sur les réseaux sociaux c’était très dur, j’ai reçu des courriers très négatifs, voire des insultes ! Du grand n’importe quoi. Pour faire simple, j’ai tout coupé, c’est plus sain.

Ce qu’on a beaucoup travaillé en trois semaines, c’est la réappropriation des éléments : récupérer le quadruple, le triple Axel, puis la séquence quadruple suivi du triple Axel… mine de rien ça fait longtemps que je n’ai pas inclus le quad dans mes programmes, il faut que je me réhabitue, c’est un gros défi mental, j’y laisse beaucoup d’énergie. Je suis un peu déçu sur le programme court, je chute sur le quad, et je ne déclenche pas le triple Axel, il faut que je reprenne mes marques.

 

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En début de saison, je visais le titre de champion de France ; mon optique maintenant est très différente : l’horizon est centré sur 2018, je vais y allé étape par étape. Je ne m’attendais pas à faire un sans faute ici.

La différence au niveau de l’entraînement ? Disons que l’essentiel pour moi, c’est l’ambiance, qui est vraiment très différente, je suis au milieu d’un groupe, ça change beaucoup de chose. Aussi, le programme est très vite adapté à la forme du jour : si un jour on est à bloc, on va travailler pas mal, à l’inverse si on est plus fatigué, on va privilégier la qualité.

Au final, je n’ai aucun regret sur tout ce qui s’est passé dernièrement, car au final je me retrouve dans un endroit très motivant, avec un très bon entourage, qui me fait confiance, et où je me sens bien, même mieux qu’en France. Le fonctionnement du centre est aussi très différent, je peux dire que mes trois dernières semaines n’ont rien coûté à moi ni à la fédération, mes entraîneurs m’ont trouvé un sponsor.

Mon objectif reste toujours le championnats d’Europe et du monde. Pour les Europes, Florent prendra très certainement une place, surtout qu’il a annoncé qu’il arrêtait juste après ; si je ne vais pas à Bratislava, j’irai sûrement à Torun.

 

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Vincent Restencourt :
Après la fin de ma carrière, je me suis tourné vers l’entraînement, mais ma vision ne collait pas avec celle de la fédération. J’ai alors appelé Surya Bonaly, une très bonne amie, qui m’a redirigé vers Uschi Keszler, la coach d’Elvis Stojko, c’est comme ça que j’ai commencé à entraîner aux Etats Unis. La transition n’était pas évidente, ça m’a fait beaucoup de changement très rapidement, j’ai travaillé d’arrache pied ! Mais j’aime bien la mentalité américaine, les patineurs patinent avant tout pour leur pays, ils ont une vrai mentalité d’équipe, ils se soutiennent, c’est ce qui manque en France.

Ensuite, la fédération américaine m’a contacté pour me demander de conseiller des patineurs sur les quadruples ; je leur ai dit que si je ne devais en conseiller qu’un seul, ce serait Jason Brown ! Je suis donc arrivé à Colorado Spring, d’abord pour une semaine, et finalement j’y suis resté. J’ai fait mon trou là bas, comme on dit, et je ne rentrerai en France pour rien au monde.

Par contre je suis toujours de très près ce qui se passe de votre côté de l’Atlantique ! Quand j’ai vu que Romain n’avait plus d’entraîneur, j’en ai parlé à Kori, et elle m’a fait confiance, on a proposé à Romain de venir à 7K. Quand il est arrivé, comment dire… physiquement et mentalement, il n’était vraiment pas en forme.

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Kori Ade :
C’était une occasion de repartir de zéro, une chance même. Ca ne rimait à rien d’essayer de reconstruire quelque chose sur des fondations bancales. On a fait comme si on ne connaissait rien de lui, on est parti d’un canevas vierge, sans idées préconçues. Et il faut dire qu’il l’a très bien accepté, il était prêt pour ça et très ouvert, ce qu’on ne voit pas si souvent. Avant ces championnats on n’avait que 3 semaines, il est tout à fait clair qu’on ne demandait pas à Romain d’être parfait, on est parti pour un travail à long terme.

Notre style d’entraînement ? On considère que chaque patineur est différent, et qu’il doit bénéficier d’un programme vraiment personnalisé. On n’est pas là pour imposer une seule façon de faire à tout le monde, ça ne collerait pas. J’ai assemblé autour de moi plusieurs entraîneurs : Vincent pour la partie technique de saut, Rohene Ward pour le packaging du patinage en général, il est également très bon sur la technique. Moi, j’ai plutôt le rôle du manager, j’essaye de voir ce qui convenir le mieux à chacun. Un patineur peut s’entraîner plusieurs semaines essentiellement avec Vincent, pour travailler plus la technique, puis avec Rohene pour les techniques de patinage, voire revenir avec Vincent s’il doit revoir des éléments ou maîtriser un nouveau saut.

Notre centre fonctionne sur un système de bourse et de sponsoring, quand nous avons des patineurs qui viennent s’entraîner chez nous et forcément en qui on croit, on fait en sorte qu’ils puissent le faire dans de bonnes conditions. Si vous connaissez de riches mécènes, vous savez vers qui les envoyer ! On fait ça pour développer le sport en général, pas forcément que les patineurs américains ; notre objectif est de développer un centre international, on est donc vraiment content d’avoir Romain !