Romain Ponsart, le nouveau départ poitevin

Habituellement entraîné par Annick Dumont à Champigny, Romain Ponsart a choisi cette saison de partir sur Poitiers, sous les conseils de Brian Joubert. Avant de s’élancer sur la glace bordelaise pour le Trophée Eric Bompard, nous le retrouvons à la sortie des Masters.

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Ce qui m’a amené à Poitiers ? Pour être franc, j’ai été très déçu la saison dernière de la sélection pour les championnats d’Europe. La deuxième place se jouait entre Chafik et moi, clairement. On m’avait dit ‘les deux premiers aux championnats de France vont à Stockholm’, je finis 2eme derrière Florent. Je pensais donc que c’était bon, mais non, il a fallu participer à la compétition de Torun, où je finis devant Chafik, et encore derrière faire un autre test de forme, où j’ai mieux patiné que lui… et finalement c’est moi qui suis resté à la maison ! Du coup, je n’avais plus du tout confiance en Annick Dumont, qui pourtant m’entraînait jusqu’alors, et avec qui nous avions traversé pas mal de galère. Je ne peux pas en être sûr à 100%, mais je pense qu’elle a fait en sorte que ce soit Chafik qui parte. Peut-être que j’ai exagéré les choses, mais en tout cas le constat était clair : je ne me sentais plus soutenu, et je sentais que je stagnais. C’était le moment de changer d’entraîneur.

Et le seul avec qui je voulais aller, c’était Brian. Il me connait depuis longtemps, c’est comme un grand frère ! Sur la tournée de l’Equipe de France on a patiné ensemble, on a joué à se lancer des défis, il me donnait des conseils, mais après on a sérieusement abordé la question. Il m’a simplement demandé si j’étais vraiment motivé pour atteindre le haut niveau. J’ai répondu positivement, même si ça exige beaucoup de sacrifices. J’ai tout laissé à Paris, ma famille, mes amis, ma copine… je me retrouve tout seul à Poitiers, à travailler comme un dingue ! Je n’avais jamais autant aligné les heures de glace auparavant. C’est simple, de Poitiers je ne connais que mon appartement et la patinoire, le soir je suis tellement fatigué que je n’ai même pas envie de sortir.

 

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Tous les matins, je suis à la patinoire à 7h45 pour l’échauffement et une séance plus dédiée à la chorégraphie. Je rentre prendre mon petit déjeuner, et je reviens à 10h45 pour la grosse séance de la journée, qui dure jusqu’à 13h voire 13h45. Là, je sais que Brian va m’en demander beaucoup… je travaille beaucoup le cardio, la répétition des triples sauts, même quand je suis très fatigué et que j’ai les jambes qui commencent à flageoller. Après le break de l’après-midi, je reviens à 16h15 jusqu’à 18h pour une session plus technique, plus pointue, pour travailler les quadruples par exemple.

Cet été, j’ai eu des vacances en juin, mais ma copine n’en avait pas à ce moment-là, et mes amis à l’INSEP était en plein dans leur saison sportive, je n’ai pas fait grand-chose du coup, je suis resté en France. En mai, je suis allé monter mon programme court avec Stanislas Morozov, j’y suis retourné en juillet pour le libre. C’est là que j’ai pris l’habitude de patiner à jeun le matin, ça m’a réussi car j’ai perdu 8 kilos ! J’ai beaucoup aimé travailler avec Morozov, il était complètement investi dans son travail avec moi. Il refusait de donner des cours pendant qu’on travaillait, il perdait donc de l’argent ! C’est vraiment valorisant de travailler avec quelqu’un comme ça. Ensuite, il y a eu la Summer Cup à Lyon, et en août j’étais à Poitiers, la patinoire était ouverte. Les rares fois où Brian n’est pas là, c’est Véronique Guyon qui me conseille.

Mon objectif cette année est clair : je veux être champion de France. Ca ne passe pas forcément par une victoire aux Masters (la suite de la compétition lui a donné tort, ndlr), car je sais que je n’ai pas toutes les cartes pour battre le Florent des grands jours. En effet, on a décidé avec Brian de ne pas mettre les quadruples, même si le piqué passe bien et que je progresse assez vite sur le Salchow. Un tel saut, ça pompe beaucoup d’énergie, et la suite du programme s’en ressent, les autres sauts sont moins bien faits, plus sur l’avant… ici je veux patiner propre. Ensuite, je dois monter en puissance au TEB et au France, avec les fameux quadruples.

 

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La différence des entraînements avec Brian… tout ! Ce qui est bien avec Brian, c’est qu’il me connait depuis que j’ai 8 ans, il me connait par cœur et il arrive à me faire faire ce qu’il veut sans que je m’en rende compte. Par exemple, pendant la grosse session de fin de matinée, très souvent je suis vraiment fatigué, et là, il me pousse à faire des triple Axels. Frontalement, je dirai non, mais il commence par un jeu, on fait un concours de saut, c’est génial car il a encore un sacré bagage technique ! Et à la fin, il me défie sur triple Axel, qu’il passe encore ! De mon côté je le passe aussi, mais c’est lui qui gagne en fin de compte car il est arrivé à ses fins. J’apprends tous les jours !

Sur la gestion des compétitions, il m’aide beaucoup également. On travaille tellement à l’entraînement, que les programmes de compétitions deviennent banals. Je suis beaucoup moins stressé, c’est plus facile ainsi. La tournée m’a également beaucoup aidé sur ce point. Pour la suite, on a choisi de ne pas trop faire de compétitions cet automne : une petite compétition à  Sofia (où finalement Romain sera forfait, ndlr), le Trophée Eric Bompard, et les Elite en décembre. Ca me donne du temps pour rentrer les quadruples.