… le Canada est le seul autre pays à repartir avec une médaille.
Dans cette Finale du Grand Prix Junior, seuls les 6 meilleurs de chaque discipline s’affrontent en face à face direct après s’être croisés plusieurs fois sur les compétitions de l’automne où ils ont gagné leur qualification.
Sur le papier, du très haut niveau donc, digne du dernier groupe des championnats du monde, mais sur la glace, la différence est souvent criante entre les trois premiers et les trois derniers, la différence provenant souvent de l’âge des patineurs. En effet, la catégorie junior est par définition assez hétérogène, avec des patineurs très jeunes qui entrent dans l’adolescence et les futurs séniors qui sont déjà de jeunes adultes, plus rapides, plus puissants, plus matures.
A ce petit jeu, c’est la Russie et le Japon qui déploient le plus gros potentiel, avec l’essentiel des participants qualifiés, ce qui est en soi déjà une prouesse, mais surtout la quasi-totalité des médailles.
Couples
Commençons par l’exception : une fois n’est pas coutume, l’or en couple échappe à la Russie, et la Chine n’avait aucun représentant : ce sont Julianne Seguin et Charlie Bilodeau qui s’imposent. Programme parfait, l’exemple même du programme où on sent que l’idée même d’une erreur est impensable, tellement les patineurs sont dans la glace. A les écouter, c’est même plus que ça !
Julianne : on est très content de notre programme, on en a profité à fond. C’est Marie-France Dubreuil et Patrice Lauzon qui ont monté la chorégraphie. Ils nous ont proposé plusieurs musiques, et parmi les 5-6 notre choix a été clair dès le début. Ils nous ont fait un programme dans lequel on se sent bien, que l’on patine avec beaucoup d’émotion, sans même penser aux éléments, on sait qu’on peut les faire aussi bien qu’à l’entraînement. On s’entend très bien entre nous, on a une grande complicité, et notre objectif majeure est de partager notre émotion et notre joie de patiner ce programme.
Pour ce qui du reste du prodium, ne pas chercher plus loin, puisqu’on retrouve deux couples russes. Lina Fedorova/Maxim Miroshkin ont choisi une musique très russe, avec costume à l’unison. Beaucoup d’entrain, et une belle réussite sur le triple Twist d’entrée, assez énorme. Un petit bug pour lui sur la combinaison de sauts, mais ils sont les seuls patineurs à ce jour à proposer une pirouette Biellmann parallèle, celle de Maxim étant même plus jolie que celle de Lina. Un peu trop de puissance sur le triple Salchow, retourné, mais un ensemble très cohérent.
Maxim : après beaucoup de frustration l’année passée, on est vraiment content d’être sur le podium ici. Et le quadruple Twist, oui, on y pense déjà, on le travaille au sol et il passe bien. On espère l’inclure assez rapidement dans nos programmes.
A la troisième place, Maria Vigalova et Egor Zakroev étaient convaincants sur ‘le fantôme de l’opéra’ ; leur patinage est déjà ample et rapide, mais plusieurs petites erreurs ne leur permettent pas de terminer plus haut, même si le trio de tête devance dans l’ensemble de plus de 30 points les autres concurrents.
Egor : on est très déçus, honnêtement on est venu ici en visant l’or, mais nos erreurs nous ont coûté très cher.
Danse
En danse, c’est simple, le podium est 100% russe. Trois couples de danseurs, mais trois styles déjà bien différents.
Anna Yanovskaya / Sergey Mozgov présentent un tango endiablé, expressif et avec beaucoup de maturité. Leur âge joue pour eux. Les gestes sont précis, les mains se retrouvent à chaque fois au centimètre près, du très beau travail.
Alla Loboda Pavel Drozd sont beaucoup plus classiques sur le thème de Giselle, les lignes sont donc poussées à l’extrême et les pointes de pieds tendues. De très belles carres, notamment sur la suite de pas, où le chocktaw est très dans le genou.
Betina Popova Yuri Vlasenko ont eux choisi le thème des mille et une nuits. Patinage très engagé, presque féroce, mais un peu désordonné parfois. Un peu en deça de leur potentiel, ils sont 2 points en dessous de leur meilleur score de la saison.
Dames
Chez les dames, la japonaise Wakaba Higuchi remonte de la cinquième à la troisième place, grâce notamment à ses combinaisons triple Lutz-triple boucle piqué et double Axel-triple boucle piqué.
Les deux premières places sont, là encore, pour la Russie avec Evgenia Medvedeva en or et Serafima Sakhanovich en argent. Deux petits gabarits, à l’image de Lipnitskaia ou Radionova en senior, avec une technique de saut loin d’être toujours parfaite avec un déplacement moindre mais une très grande vitesse de rotation ce qui leur assure une certaine virtuosité. Combinaisons au maximum de difficulté, de type triple flip-triple boucle piqué, pirouette de niveau 4. Le meilleur exemple de leur potentiel ? Le dernier bloc de saut de Sakhanovich : triple Lutz-triple boucle piqué…
Messieurs
Le meilleur pour la fin, avec la victoire du japonais Shoma Uno chez les messieurs. Un tout petit gabarit là encore, mais une qualité de glisse assez exceptionnelle. Ses sauts n’ont pas une hauteur désarmante, mais quel longueur, quel déplacement ! Dans son double Axel, on pourrait en caser plusieurs de Medvedeva. Et une grande assurance, avec quadruple boucle piqué d’entrée. La suite est à l’unison, avec un sans faute, sur un programme très équilibré sur Don Juan de Marco et sur lequel il peut s’exprimer à la hauteur de son âge. Le public ne s’y est pas trompé, en se levant d’un bond pour la seule standing ovation de la journée.
Derrière lui, un autre japonais, Sota Yamamoto. Un patinage moins ambitieux, le triple Axel ne passant pas aujourd’hui, mais toujours deux combinaisons avec triple boucle piqué, et une bonne avance du court qui lui permet de terminer 2eme malgré sa 3eme place du libre.
Alexander Petrov complète le podium, avec deux triple Axels et deux triple Lutz, saut sur lequel il avait chuté la veille. Le chinois Boyang Jin, deuxième du programme court, a beaucoup tenté, mais a également beaucoup chuté, dont deux fois sur les trois quadruples tentés.
