Au terme d’une compétition excessivement relevée, Ksenia Stolbova et Fedor Klimov empochent l’or, le podium du programme court restant inchangé avec Sui/Han en argent et Wang/Wang en bronze.
Avouons-le, ce libre couple fût sûrement la meilleure compétition de ce Trophée Eric Bompard 2014, avec beaucoup de sans-fautes et quelques prestations de références.
A ce petit jeu, les russes Stolbova/Klimov ont confirmé leur excellent saison olympique en s’imposant assez largement. Sur une version française de ‘Notre Dames de Paris’ (les paroles étaient en anglais lors de leur précédent Grand Prix), Ksenia et Fedor n’ont pas tremblé en présentant un libre parfait. Les sauts parallèles très synchrones, le triple Twist ‘facile’, le triple flip lancé bien glissé… le tout avec un patinage très ample, beaucoup d’air et d’espace dans leur évolution, les lignes très pures et beaucoup d’émotion. Déjà très physiques, ils placent le triple Salchow lancé dans les toutes dernières minutes, élément de leur programme que les juges ont le mieux noté. Pour aller chercher la perfection, il faudra peaufiner quelques pirouettes et la spirale de la mort, les portés étant déjà au maximum.
Véritables virtuoses techniques, Sui/Han pêchent encore sur les sauts individuels. Malgré tout, les sauts sont réalisés, ce qui est un point de progrès chez eux, mais la combinaison de trois sauts est désynchronisée entre les deux patineurs. Ce sera le seul élément noté négativement par les juges. Le reste est un festival, avec notamment un époustouflant quadruple Twist en début de programme. Les sauts lancés ne sont pas en reste : si le Salchow n’est plus, pour l’instant, qu’en triple alors qu’ils passent le quadruple, le flip est lui aussi assez ample pour ajouter une rotation supplémentaire.
Pour compléter le podium, il y a d’un côté les américains Simeca/Knierrim, sur ‘Un américain à Paris’ de Gershwin (pile dans le thème… si le TEB n’avait pas été délocalisé !), , pas excessivement original mais bien senti, de l’autre les chinois Wang/Wang sur ‘My Fair lady’ (surtout la partie ‘I could have danced all night’), un peu sirupeux mais bien vendu. A l’instar de leurs compatriotes , Wang/Wang sont plus fébriles sur les sauts parallèles (Xuehan escamote la combinaison sur le triple boucle piqué et ne fait qu’un double Salchow), l’avantage va donc aux américains pour plus de 3 points. Une fois n’est pas coutume, le Twist tourne en faveur des américains (niveau 4), et les sauts lancés, boucle et flip, sont équivalents chez les deux couples. Les pirouettes sont aussi américaines. Malgré tout, les chinois n’ont un retard que de 1.5 points sur le libre ; ce qui fait la différence ? L’exécution, tout simplement, les juges ayant plus favorablement notés Xuehan et Lei. Au final, Siemca/Knierim sont 3eme du libre, mais Wang/Wang conservent le bronze grâce à la faible différence de points et leur avance sur le court.
Du sourire, sur les visages de Vanessa James et Morgan Ciprès, une ambiance de folie dans la patinoire Mériadeck : les champions de France en titre ont sorti le grand jeu pour faire vibrer le public bordelais et surtout se rassurer. Après un Skate Canada pas vraiment au niveau de leurs espérances, un retour en France depuis l’arrêt de leur collaboration avec Stanislav Morozov à Moscou, et un programme court assez moyen, Vanessa et Morgan ont tout passé, dont la combinaison de sauts où tous les regards étaient tournés vers Vanessa (à la faute hier sur le court sur cet élément). Au final, aucun problème ! Avec deux triples sauts parallèles, deux triples lancés et un triple Twist plus stable, ce programme est une bouffée d’oxygène qui devrait leur permettre de reprendre leur progression internationale.
Sixièmes, Della Monica/Guarise se sont eux aussi rassurés, sans fautes majeurs sur le ‘Masque de Zorro’. Matteo doit toujours améliorer la réception de ses sauts (un héritage de son passé de roller artistique ?), mais Nicole passe bien les sauts lancés.
Le triple Twist de Moore-Towers/Marinaro manque cruellement d’amplitude, ce qui trahit leur faible expérience ensemble, mais ils ont déjà beaucoup d’ambitions en réussissant un enchaînement de deux triples boucles piqués en entrée de programme.
Avec quasiment 20 points de retard, les autrichiens Ziegler/Kiefer auront été les seuls patineurs vraiment à la peine sur ce programme libre. Pourtant très fiable sur les sauts individuels, Miriam a doublé le Salchow. Leur programme a surtout été entaché d’une chute sur le boucle lancé, et, fait inhabituel à ce niveau, sur la spirale de la mort (ici en photo juste avant l’erreur technique).
Stolbova/Klimov : on était plus confiant, plus sûr aujourd’hui, ne serait-ce parce que c’était plus notre première sortie. On a pu mettre plus d’émotion dans notre programme. Bien sûr nous avons un chorégraphe qui monte nos programmes, mais quand nous avons un thème fort comme cette année avec Notre Dames de Paris, on fait des recherches pour comprendre à fond notre musique. Généralement on trouve des éléments que l’on peut rajouter à notre personnage. Ce n’est pas forcément plus facile à patiner qu’un programme ‘normal’, mais c’est plus intéressant.
Sui/Han : On a très bien patiné, aussi bien que l’on pouvait, mais oui, il y a encore des éléments que l’on pourrait améliorer. Pour la Finale du Grand Prix on espère faire encore mieux ! Par exemple la combinaison de trois sauts en entrée de programme n’est pas complètement syncho, il y avait peut-être encore de la nervosité. Et oui, par le passé on a déjà passé le quadruple flip lancé à l’entraînement. Surtout après la blessure de Wenjing l’année dernière on reprend les éléments calmement un par un. Mais on espère un jour avoir trois quadruples dans notre libre.
Quand on travaille un nouveau porté, il nous faut environ un mois pour que tout soit en place.
Wang/Wang : on est content, on a très bien patiné, à notre niveau. Il reste encore des choses à améliorer, après tout ce n’est que notre deuxième saison en sénior.
Vanessa / Morgan
Ce programme libre, il est pas mal du tout ! C’était important de passer tous les éléments techniques à la maison, où on a toujours une petite pression en plus. Ca nous donne beaucoup de confiance pour la suite. Le début de saison n’a pas été vraiment facile : on a d’abord dû s’adapter à nos nouvelles conditions d’entraînement en Russie, avec Stanislav Morozov. C’est un super coach, il nous a appris beaucoup, il est très sincère dans sa démarche. Si on pouvait l’avoir toujours en même temps que Claude Perri, on serait champions du monde !
En fait en Russie les conditions n’étaient plus vraiment optimales : on ne pouvait s’entraîner sur glace que le matin, avec 6 couples de huit ans. Notre fédération a fini par conclure que cela ne pouvait plus durer, et deux jours plus tard nous étions de retour en France ! Nous sommes toujours en bon terme avec Stanislav, mais depuis qu’on s’entraîne en Russie, bizarrement, il y a un nouveau règlement dans la patinoire qui dit qu’elle ne peut pas accueillir patineur étranger. Stanislav est important en Russie, mais il y toujours une hiérarchie au dessus qui décide. De notre côté, on va s’efforcer que continuer à faire ce qu’il nous a enseigné.
Mais bon, du coup on est de retour en France depuis 2 semaines, avec Claude Perri. Ca a été un peu galère niveau logistique pour retrouver nos repères en très peu de temps. Le programme court hier n’était pas très bon, d’ailleurs il ne nous correspond pas. Il nous faut une musique qui bouge, qui nous entraîne, là on manque trop de connections, de vitesse. On va donc le changer très rapidement : il devrait être en rodage pour les Elites et fin prêt pour les Europes.