Masters : Florent, le plaisir retrouvé

 

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Mon programme court est loin d’être parfait, mais ce n’est pas l’objectif ici, le but est de retrouver mes sensations. Je suis beaucoup plus serein, je retrouve du plaisir. Même imparfait, ce programme m’a fait plaisir, c’est une des premières fois que je reprends du plaisir à patiner depuis pas mal de temps.

Comme vous le savez la saison passée a été très dure pour moi. Pour les mondes, j’arrivais vraiment à saturation… j’avais prévenu : si je devais aller aux Mondes, je n’y allais pas avec mes programmes olympiques, j’en avais marre des musiques, je ne pouvais plus les entendre ! Bref, il me fallait un break.
J’ai enchaîné très rapidement avec la tournée Art on ice. Tout le monde était très fatigué, mais il y avait la dynamique de groupe, et le contact avec le public était fabuleux. Et comme par magie, je repassais sans problème le triple Axel et le quadruple Salchow, alors que les conditions étaient loin d’être les meilleures, surtout avec la fatigue.

Après les galas, j’ai eu une grosse remise en question, est-ce que je voulais continuer la compétition ou pas ? J’ai beaucoup réfléchi à tout ça, à tout mon parcours, d’où je venais, ce que j’avais réalisé, ce que le patinage m’avait apporté, ce qui me faisait réellement plaisir. Peu à peu la machine s’est relancée. Je suis revenu sur la glace pour m’entraîner, mais c'était clair : je ne fais pas de saut, on oublie la musique de fond, je mets la mienne, celle que j’aime. Et j’ai repris avec simplement de la glisse, des pas. Le plaisir est revenu comme ça. Et au fond de moi je sais que je peux faire encore beaucoup mieux, je veux aller chercher les médailles, je sais qu’elles sont à ma portée. Je sais que je peux faire quelque chose de grand dans le patinage.

Pour ça, je me suis entouré d’un équipe qui me comprenne, qui me connaissent, et qui m’aime tout simplement, qui veuille que je me réalise en faisant de belles choses. Peu importe si tel ou tel entraîneur est considéré comme le meilleur du monde, pour moi mes deux coachs actuellement Bernard Glesser et Fabian Bourzat, ce sont les meilleurs du monde …. pour moi, car ils me connaissent vraiment bien. Bernard, il fait quasiment parti de ma famille, il m’a suivi pendant tout le début de ma carrière. Et il a aussi changé son approche du patinage de haut niveau, je reviens avec lui après 4 ans de séparation, mais je ne reviens pas avec le Bernard de 2010. Il sait qu’il me faut beaucoup de rigueur, des plans d’entraînement précis… On a en quelque sorte évolué en parallèle, et on se retrouve. Avec Fabian, et bien lui aussi m’a connu quasiment tout petit ! J’arrivais à l’époque en Equipe de France, sans trop rien connaître du haut niveau ; j’avais tout à découvrir, il m’a pris sous son aile et m’a donné des coups de main. Après les JO on était ensemble sur la tournée de l’Equipe de France et sur Art on Ice, il m’a donné des coups de pied au [fesses] pour que je bosse mes sauts. Donc qu’il devienne mon coach, ca c’est fait naturellement.
J’avais un peu d’appréhension au début, car c’est un danseur, et pour un danseur l’artistique est un autre monde. Après un petit temps d’adaptation, j’ai été réellement surpris de voir qu’il pouvait tout à fait corriger ma technique de saut ! C’est quelqu’un de très intelligent, il s’est adapté très vite. Ils ne se connaissaient quasiment pas avec Bernard, je suis en quelque sorte leur trait d’union.

J’ai connu le travail avec un duo de coach l’année dernière avec Katia  et Shanetta. Ca se passait très bien entre Katia et moi, et entre Shanetta et moi, mais entre Katia et Shanetta, ce n’était pas vraiment l’osmose parfaite. Là, tout s’est très vite bien enclenché. Il y a beaucoup de communication, malgré le fait que Bernard soit à Cergy et Fabian à Détroit :  Fabian est là pour les Masters, et quand je vais aller le rejoindre à Detroit Bernard nous rejoindra un peu plus tard, chacun est toujours au courant de ce qui se passe. Sinon il y a skype ! Et je retournerai de temps en temps à Detroit, on a établi un planning intelligent. Ca me fait du bien, car je ne serai pas tout le temps à Cergy, j’ai besoin d’en sortir de temps en temps, Detroit ça me change d’air ! et il y a des patineurs comme Madison et Evan qui sont au très haut niveau, ça boostent beaucoup.

Le chorégraphe qui a monté mes deux programmes, c’est Sean Cheeseman. Je l’ai rencontré sur Art on Ice, c’est un grand danseur, il a déjà travaillé sur des clips de Janet Jackson ou Madonna. Il connait le patinage car il a pratiqué étant petit. On a rapidement eu un bon feeling, c’est dans cet esprit et avec ce type de personne que je veux évoluer maintenant.

Cette saison, l’objectif est donc de me retrouver. Ce n’était pas facile non plus au niveau physique cet été car j’ai contracté une blessure cet été, une belle entorse tibia/péroné. Ca m’a handicapé plus que ce que je pensais au départ ; du coup plus de flip ni de Lutz, je n’en ai refait pour la première fois que la semaine dernière. Ca devrait être bon maintenant, j’ai eu ma dernière séance de mésothérapie la semaine dernière. J’en ai profité pour travailler le triple boucle, donc c’est le grand retour dans mes programmes. Pour ma première compétition cette saison au Lombardia Trophy, j’avais une de ces peurs ! il fallait de nouveau se mettre à nu devant tout le monde, je savais que j’étais encore loin d'être au point malgré tout le travail qui avait été fait, c’était assez stressant, mais le plaisir pointait déjà le bout de son nez.

Donc, le physique va suivre doucement, et je vais continuer à progresser avec mon nouvelle équipe et mes deux super coachs. Comme dit Fabian, il y a tout à améliorer, mais le patinage me fait de nouveau rêver en ce moment.

 

 

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Fabian :
J’avais convenu avec Igor la saison dernière que j’irai travailler avec lui directement après les JO. Il n’y a pas de contraintes particulières pour travailler là-bas en tant qu’entraîneur, il y a quelques licences à avoir mais c’est plus des papiers à remplir. L’entraînement reste un secteur privé, rémunéré à l’heure, il n’est pas obligatoire d’avoir un Brevet d’Etat comme en France (de toute façon, je l’ai).

Florent, je commence à le connaître depuis un bon bout de temps maintenant, donc quand il a été question de l’aider, si je pouvais le faire c’était avec plaisir. Il y a beaucoup de choses à revoir, quand je l’ai récupéré il ne savait à peine patiner en avant ! Mais il a l’essentiel de la technique, je n’ai pas à tout lui réapprendre. Certains éléments de base, comme les 3, peuvent apparaître différents entre artistique et danse, mais si vous regardez attentivement les meilleurs patineurs artistiques, comme Patrick Chan, leur technique est quasi similaire à celle de la danse. Donc avec Florent on travaille beaucoup la glisse, et quand je vois une erreur sur un saut, je lui corrige. Mais je n’ai pas besoin de lui apprendre à sauter, il sait déjà le faire !

Personnellement, la compétition ne me manque pas du tout. Le côté chiant, le stress, les twizzles, je vis très bien sans. Je patine encore tous les jours, je fais des portés avec les élèves pour leur montrer comment les réaliser, et à 15h le boulot est terminé, j’ai du temps pour moi : je fais vraiment ce qui me plaît.