Javier Fernandez empoche son deuxième titre d’affilée, les russes Voronov et Menshov font le doublé pour l’argent et le bronze.
Même avec plusieurs petites erreurs, Javier Fernandez reste sans conteste le meilleur européen depuis 2 ans. Son programme libre est très intelligemment construit, son entraîneur Brian Orser étant féru de transitions ; les quelques pas entre le Lutz et le boucle en sont un parfait exemple. Trois quadruples au total, avec un déclassement de la combinaison quadruple-triple, le Lutz ne passe qu’en double, mais Javier place en deuxième partie la séquence triple flip / triple Salchow. De très bonne augure pour Sochi, mais un Patrick Chan parfait sur le libre est encore à plus de 20 points…
Sergei Voronov, le revenant ! Après un long passage à vide, il confirme sa deuxième place du court avec un libre très solide à deux quadruples et deux triples Axels. Il s’affirme ici, avec quelque surprise, comme le meilleur russe, ce qui ne doit pas faciliter la fédération sur son choix pour le quota olympique.
S’il est habitué des programmes courts à problème (aucun court parfait cette saison), Konstantin Menshov a aussi l’habitude de très bien réussir ses libres. Il n’a pas dérogé aujourd’hui, et effectue une remontée spectaculaire de la 11eme place du court pour venir cueillir le bronze. Programme sans faute, deux quads, un triple Axel, les trois combinaisons, vraiment rien à se reprocher.
Michal Brezina pouvait espérer répéter son résultat de l’année dernière, où il avait enfin gravi la marche qui le séparait du podium. Mais devant une partie du public venu de la République Tchèque le soutenir, il est retombé dans certains de ses travers en simplifiant la combinaison triple/triple sur le flip et en ne faisant qu’en double boucle. Son programme sur Sherlock Holmes ressemble par certains aspects assez aux Incorruptibles qu’il nous avait présenté il y a peu. Avec un peu plus d’originalité et un peu plus de vitesse dans son patinage, il pourrait espérer beaucoup mieux.
Le casse-tête de la fédération russe s’appelle aujourd’hui Maxim Kovtun : ayant devancé Plushenko aux championnats russes, en se positionnant comme premier russe ici il pouvait encore espérer que la balance penche en sa faveur pour la place olympique. 5eme au final et dernier russe, il a commis trop d’erreurs en début de programme en ne déclenchant pas ses 2eme et 3eme quadruples prévus.
A l’instar de son compatriote, Tomas Verner est lui aussi retombé dans ses mauvaises habitudes en ne réalisant plusieurs sauts qu’en simple, alors que sa saison avait très bien démarrée. Il passe de la 3eme à la 8eme place.
Et les français direz-vous ? Et bien, disons que çela fait 14 ans qu’on avait plus eu un podium sans français… Celui qui s’en tire le mieux est Brian Joubert. Très lucide quant à ses possibilités actuelles, il ne tente qu’un quadruple, qu’il retourne. Le triple Axel passe par contre beaucoup mieux que dans le court, et il remet la combinaison triple Lutz-triple boucle piqué. En lisant sur ses lèvres à la toute fin du programme, on pouvait comprendre ‘pas mal’, et effectivement ce libre est fort honnête, le concerto d’Aranjuez lui permet de s’exprimer pleinement. Reste à placer la troisième combinaison et à augmenter le niveau des pirouettes qui sont toutes de niveau 2.
Florent lui a complètement craqué. Il a apparemment pris une trace dans la préparation de son premier quadruple qu’il ne tourne qu’en double. Et le pire ne faisait que commencer. Passage à vide total par la suite : le deuxième quadruple ne passe pas, l’Axel se transforme en saut de valse, et la première pirouette doit être recommencée (ce qui compte pour deux blocs de pirouettes, et invalide la toute dernière). Il tente tout de même de placer un triple Axel, mais chute. Programme libre à oublier très vite, ou plutôt à comprendre pour mieux le digérer, car sa 20eme place du libre n’a rien à voir avec son niveau.
Chafik termine 12eme, juste devant Florent. Après avoir enfin réussi son quadruple en compétition, il se déconcentre sur l’Axel qui suit ainsi que sur le Lutz. Malgré tout, il se reprend avec son triple Axel en suite de trois sauts, et la combinaison triple-triple en deuxième partie de programme, avant de fatigué en ne tournant le Salchow qu’en double. C’est l’expérience qui rentre !
Javier : Il y a eu plusieurs erreurs sur ce libre, mais dans l’ensemble je suis très content de mon deuxième titre. Il va falloir tout reprendre avec attention pour que j’évite de perdre des points sur plusieurs éléments, car à Sochi chaque point va compter !
Oui, Patrick Chan a son meilleur est à plus de 20 points devant moi sur le libre. Qu’est-ce que je peux faire pour combler ce retard ? Le rendre malade, placer 10 quadruples dans mon programme.. (rires) ? Non, sérieusement, il a une qualité de patinage et des composantes très élevées, ce que je n’ai pas, il faut que je continue à travailler dur et à ne rien lâcher pour essayer de me rapprocher de lui.
Sergei : Je n’avais pas vraiment de résultat en tête quand je suis arrivé à Budapest, j’ai essayé de rester concentrer sur mon patinage pour faire de mon mieux. Je m’entraîne avec Lipnitskaia, j’ai regardé la manière dont elle s’entraîne, ça m’inspire forcément. Je veux aussi remercier mes coachs, car c’est grâce à eux si je suis ici aujourd’hui, ils m’ont fait faire des choses dont je ne me croyais pas capable. Pour la sélection olympique, clairement le choix n’est pas de notre fait, nous les patineurs, c’est notre fédération qui choisira. Plushenko fait un test demain, on verra ce qui en ressort.
Konstantin : Je n’ai pas passé un seul programme court sans faute cette saison, il y avait toujours un erreur sur un saut. Quand je passais le quad et le triple Axel, c’est le Lutz qui passait problème. On a donc décidé avec mes coachs d’augmenter la difficulté en plaçant un deuxième quadruple pour les championnats russes et ici à Budapest, mais a priori je n’ai pas encore ce contenu technique dans les jambes. Après mon libre je suis simplement allé m’assoir dans les gradins pour regarder la fin de la compétition, quand à un moment j’ai réalisé que j’étais troisiéme… j’ai dû aller me changer et rechausser mes patins à toute vitesse pour la cérémonie des médailles ! Tout le monde me demande comment j’ai fait pour continuer à patiner toutes ces années, c’est simplement que je me sens toujours dans le coup, physiquement je ne sens pas mes 30 ans, je peux toujours passer mes quadruples. Quand je ne pourrais plus, là je verrai, mais pour l’instant je ne me projette pas dans le futur.