On attendait beaucoup de ce libre et la compétition a été extrêmement décevante et frustrante. Patrick Chan, malgré deux chutes, remporte un troisième titre mondial. Denis Ten crée la surprise en conservant la seconde place et obtient son premier podium mondial, tout comme Javier Fernandez, troisième. Brian Joubert a beaucoup tenté mais rétrograde à la neuvième place. Florent Amodio, dans un mauvais jour, est finalement douzième.
Patrick Chan réussit l'exploit de remporter un troisième titre mondial devant son public, mais sans la manière sur ce programme libre. Deux chutes sur le triple Lutz et le triple Axel, un retournement et un saut doublé ont considérablement fragilisé le programme. Il garde la première place grâce à son avance du court, et en ayant entamé sa prestation par deux quadruples sauts limpides, dont un en combinaison. La qualité de certains éléments permet de compenser les multiples erreurs commises, et c'est une caractéristique du système de points actuels de considérer un programme comme une somme. L'impression visuelle est cependant frustrante et la note de composantes ne tient sans doute pas suffisamment compte de la défaillance sur les sauts, interrompant la fluidité de la prestation. Chan espère en tout cas proposer tout autre chose lors des Jeux Olympiques l'an prochain, et ce score malgré tout très élevé provoque inévitablement des discussions sur les travers du système de notation (CoP).
Denis Ten, irréprochable sur le court, n'a pas cédé sous la pression et prend la première place du libre, consolidant sa seconde place finale. Sa seule erreur provient d'un flip en double, et il réalise notamment un quadruple boucle piquée puis une combinaison triple Axel-triple boucle piquée. Son patinage est précis et enthousiasmant même si l'exécution reste un peu scolaire, et il lui manque encore une certaine maturité d'interprétation. Cette médaille d'argent inespérée lui offre en tout cas un nouveau statut : à seulement 20 ans, il a encore l'avenir devant lui et va désormais devoir confirmer et trouver une régularité.
Le podium est complété par Javier Fernandez, qui termine en beauté une saison exceptionnelle. Il a alterné les hauts et les bas sur le libre, puisque le quadruple Salchow ne passe qu'en double et qu'il ne déclenche pas le Lutz. Il réussit cependant deux quadruples ainsi qu'une combinaison triple-triple en seconde moitié de programme : c'est suffisant pour combler son retard du court même s'il reste loin de son score des Euros. Fernandez consolide ainsi sa place parmi les meilleurs mondiaux et va pouvoir aborder la saison olympique avec énormément d'ambitions.
Comme Fernandez, Yuzuru Hanyu effectue une remontée pour s'emparer de la quatrième place. Il retourne sa tentative de quadruple Salchow, mais la performance technique est par ailleurs très solide. Il a tenu son programme sur la durée alors qu'il n'était pas dans sa meilleure condition et il faut souligner sa combativité. La chorégraphie n'est cependant pas à la hauteur de son potentiel, est clairement insuffisante à ce niveau. Il lui faudra montrer davantage à l'avenir.
Kevin Reynolds se contente de la cinquième place. Comme prévu, il a pris tous les risques sur les sauts avec trois quadruples et une combinaison triple-triple, mais la plupart de ses tentatives sont dégradées. Sa gestuelle manque par ailleurs de finesse et il est encore trop limité pour espérer un podium mondial.
Daisuke Takahashi, pour sa probable dernière apparition aux Mondiaux, ne prend que la sixième place. Il n'a pu retrouver l'état de grâce de son championnat national : le quadruple boucle piquée est incomplet et il chute sur le second triple Axel. Ce résultat est forcément loin de ses espérances mais il va vite se remobiliser en vue de l'échéance olympique. Son compatriote Takahito Mura obtient une remarquable huitième place : il réalise un programme complet mis à part une mauvaise réception sur le quadruple boucle piquée. Il a montré que son début de saison, marqué par un succès à Bercy, n'était pas sans lendemain et il sera désormais attendu.
Max Aaron, champion des Etats-Unis, prend une septième place très satisfaisante. Son patinage manque de maîtrise et de finesse, mais ses qualités athlétiques et sa volonté emportent l'adhésion. A part un Salchow passé en double, il enchaîne les sauts avec notamment un second triple Axel quasiment réceptionné dans les barrières. Il dispose d'une importante marge de progression et il devra confirmer ses performances dès l'automne prochain. Son compatriote Ross Miner se contente de la quatorzième place, sans avoir pu convaincre.
Brian Joubert prend la neuvième place, résultat forcément en dessous de ses attentes. Il a cependant montré qu'il était toujours compétitif et peut se projeter vers l'avenir. Il réussit deux quadruples sauts mais son programme n'est pas adapté à la notation actuelle. Pénalisé par trois sous-rotations, Brian commet aussi l'erreur de répéter le triple flip, après avoir déjà réalisé deux quadruples triple boucle piquée et deux triples Salchow. En conséquence, le second flip est annulé et il perd trop de points pour espérer conserver sa position.
Florent Amodio n'a pas pu se ressaisir et sa douzième place est une contre-performance. Au-delà des multiples erreurs, il n'a pas semblé prêt pour cette compétition et cela va nécessairement devoir précipiter une remise en question. Il était beaucoup trop loin de son meilleur niveau et il manquait de la conviction et de l'intensité dans son patinage.
Michal Brezina est dixième et a logiquement rétrogradé au classement : il chute à deux reprises sur le quaduple Salchow et la performance est terne et sans personnalité. Il devance Peter Liebers, onzième, qui a réalisé la meilleure performance de sa carrière.
Le troisième patineur canadien, Andrei Rogozine, prend la treizième place place grâce à une solide performance technique. Ses lacunes sur le plan artistique sont cependant très importantes. Nan Song, en difficulté physiquement, est quinzième et ne parvient pas à améliorer son classement de l'an passé. Il devance Misha Ge, qui progresse régulièrement même si ses qualités d'interprétation tombent ici dans l'excès. Maxim Kovtun gagne quelques places mais sa dix-septième place laisse la sensation d'un échec.
Liens : Classement du libre, Protocoles et Classement final