Mondiaux 2012 : libre couple

Après un programme libre aprement disputé, les allemands Savchenko / Szolkowy remportent leur quatrième titre mondial. Auteurs d'une remontée magistrale, les russes Volosozhar / Trankov prennent l'argent devant l'inattendu couple japonais Takahashi / Tran.

 

Les deux premiers groupes donnent déjà le ton, avec plusieurs programmes assez bien réalisés. Les américains Marley/Brubaker (10ème au final) s'en sortent le mieux, avec un patinage solide pour ce tout nouveau couple. Ils sont devancés par les russes Kawaguti / Smirnov (7eme) sur le 'Clair de Lune' de Debussy, musique assez éloignée de leurs prestations passées, mais leur permettant de renouveler leur style : glissé, délicat, tout en douceur, cela leur va bien et leur permet de se classer 4eme sur le libre.

Avec l'avant dernier groupe le niveau va monter d'un cran. Les canadiens Duhamel / Radford font un quasi sans faute, avec uniquement un simple saut pour Meagan dans la combinaison initiale triple flip/double boucle piqué/double boucle piqué. La musique de Coldplay est une jolie trouvaille, qui tranche des airs rabâchés. Le patinage est enlevé, les dfficultés présentes, ils confirment à Nice leur statut de meilleur couple nord-américain (5eme).

Les chinois Sui/Han s'élancent ensuite sur la glace sur des airs de flamenco, et réalisent rien moins que deux quadruples différents : Salchow lancé, réceptionné sur deux pieds, et Twist un peu plus tard. La fraîcheur et la gaité qui se dégage de leur patinage apporte une touche revigorante, mais la qualité d'éxécution n'est pas toujours au rendez-vous pour ce couple un peu fou-fou. L'erreur sur le dernier porté, avorté, leur coût cher : ils ne sont que 9eme.

Si le thème de 'Nessum Durma' de Denney / Coughlin n'est pas réellement une nouveauté, il est toujours agréable à entendre et rappelle la performance du ténor lors de la cérémonie d'ouverture. Néanmoins, les américains ont fait le choix peu judicieux de préférer un version 'guitare électrique' sur la fin de programme, qui n'est pas du meilleur goût. Le simple Axel de la part de Caydee sur ce programme libre est leur seule erreur sur toute la compétition : si leur qualité de patinage peut encore progresser, ils sont le couple le plus régulier.

Tatiana Volosozhar et Maxim Trankov n'ont plus rien à perdre après leur erreur du programme court qui les a relégués à la 8ème place, alors que le titre leur était promis. Soutenu par un public conquis à leur cause, ils vont réaliser un programme exceptionnel : les sauts lancés sont énormes, les sauts individuels pilés (Salchow et boucle piqué en combinaison), les portés sont sûrs, le triple Twist digne des meilleurs chinois. Un petit bijou qui fait se lever le public d'un seul homme. Très grande émotion donc dans le Parc des Expositions, le public comprend qu'il vient d'assister à une prestation qui frise la perfection.

Mais les russes ne font que clore l'avant dernier groupe, il reste encore les quatre meilleurs couples du programme court ! C'est dire le niveau de cette finale mondiale.

Six minutes d'échauffement plus tard, Pang/Tong et Bazarova/Larionov craquent quelque peu sous la pression. Les chinois, qui font figure de vétérans, payent leur manque de compétition cette année : erreurs sur les deux sauts individuels, triple Twist moins à l'aise qu'à l'habitude, et surtout extrêmement surprenant de leur part : un retournement sur le triple boucle lancé. Shéhérazade ne leur aura pas réussi ce soir.

Les russes quant à eux peinent à dépasser le cap d'outsider mondial. Fébriles sur les notes de 'Docteur Jivago', le flip lancé et le double Axel individuel sont chutés, et Yuri n'arrivent pas à monter Vera sur un porté.

A ce stade de la compétition, Volosozhar / Trankov virent toujours en tête. Suspens terrible pendant les 4 minutes du programme des allemands Savchneko/Szolkowy, car s'ils sont en tête après le programme court les russes ont frappé fort. Concentrés, précis, ils démarrent en fanfare avec le triple flip lancé et la séquence de deux triples boucle piqués. Le reste du programme est du même acabit, hormis le simple Axel de Robin et le fait qu'il ait simplifié une pirouette. Verdict… les allemands sont deuxième du programme libre derrière les russes ! Mais pour onze centièmes de points, ils conservent leur titre.

Et il reste encore la médaille de bronze à attribuer ! Pour l'instant autour du cou des chinois, elle leur semble promise tant les japonais Takahashi/Tran, très bons sur le programme court, ne sont pas attendus sur le podium. Erreur… Nullement décontenancés de patiner en dernière position pour leur première participation aux championnats du monde, ils vont tout donner. Quelques imperfections viennent émailler le programme, comme un double retournement sur le triple Salchow, incomplet, et le triple Salchow lancé qui est atterri sur deux pieds comme d'habitude, mais une prestation tout à fait honnête et un maximum d'éléments de niveau 4. Ils remportent ici la toute première médaille mondiale en couple pour le Japon.

Comme le prédisait à l'époque un ancien champion français, 'pour ses premiers championnats du monde, on rate soit le court, soit le long'. Ce sera le long pour nos français James / Ciprès : avec beaucoup trop d'erreurs (boucle lancé en simple, double Axel escamoté, porté avorté, …), ils terminent à la dernière place. Par contre, si leur parcours n'a pas été évident, et un peu plus long que prévu pour certains, leur potentiel se confirme, et ces championnats leur auront permis d'engranger une bonne dose d'expérience.

Au final, une compétition extrêmement relevée, peut-être la meilleure discipline de ces championnats. Un retournement de situation pour les russes qui reviennent de l'avant dernier groupe pour remporter le libre et frôler le titre, alors que les allemands sont restés solides pour s'imposer une nouvelle fois. Le bronze, plus surprenant, est pour la toute première fois pour le Japon, alors que les chinois et les canadiens auraient également pu figurer sur le podium. Soulignons également le public généreux qui a encouragé et soutenu les patineurs dans une atmosphère incroyable. De quoi se faire de jolis souvenirs de Nice.

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