France Elite : la synchro !

En patinage synchronisé, on avait l'habitude des duels fratricides entre Bordeaux et Lyon, et cette année n'a pas dérogé à la règle même si Rouen a failli s'intercaler entre les deux adversaires historiques. Au final, la victoire est pour les Zoulous de Lyon qui s'imposent devant les Atlantides de Bordeaux.

Petit rappel pour les néophytes : le patinage synchronisé est une discipline assez récente de patinage (comparé à l'artistique et la danse), qui consiste à faire évoluer une quinzaine de patineurs à très courte distance les uns des autres dans une suite de figure des plus simples (lignes droites) au plus compliqué (deux cercles centrés tournant en sens inverse), le tout avec des transitions type étoile à trois branches – étoiles à quatre branches, et en mouvement s'il vous plait (les patineurs en question étant majoritairement des patineuses). Le clou d'un programme étant les entrecroisements qui déclenchent généralement dans le public des 'wow' d'admiration quand les lignes semblent se rentrer dedans mais se reforment avec succès et sans se rentrer dedans.

Mais en fait rien n'est simple, car si positionner des patineurs sur une même ligne droite parait d'abord aisé, faire évoluer cette ligne sur la patinoire sans briser un temps soit peu la rectitude de l'ensemble peut devenir excessivement compliqué. Si un seul patineur n'est pas exactement à sa position, c'est toute la géométrie de l'ensemble qui en pâtit.

Les chutes peuvent aussi être fatales, car dans le meilleur des cas le patineur doit se relever le plus vite possible pour retrouver sa place au sein du groupe, qui ne l'a pas attendu pour continuer son évolution, et dans le pire des cas une première chute peut en entraîner une cascade d'autres (ce qui, avouons le, semble réjouir le spectateur moyen).

Pour les amateurs de la discipline qui en possèdent les bases, notez que cette discipline est également soumise au nouveau système de pointage qu'est le CoP. Conséquence directe : les twizzles, les choctaw et contre rocking fleurissent de partout pour augmenter le niveau de difficulté, les séquences d'arabesque se font avec double changement de carre, et il n'est pas rare de voir des pirouettes ou des portés. Les entrecroisements ne se font plus simplement en ligne droite avec opposition frontale avant, mais avec une évolution en sens inverse en parallèle avec virage à 90 degrés au dernier moment. Le tout sous les yeux des juges en bord de piste qui évaluent tout ceci avec les maintenant habituelles 'composantes' entre -3 et +3.

Pour ceux qui douteraient encore du statut véritable de ce sport et qui pensent qu'on y retrouve uniquement 'ceux qui n'avaient pas le niveau pour continuer en individuel ou en couple', rajoutons que les entraînement de ces athlètes se font à haute dose quasiment tous les jours de la semaine, et généralement après la journée habituelle, en n'oubliant pas la séance du dimanche matin à 7h. Et si ce n'était pas assez, il faut encore penser à changer les suites de pas pour s'adapter à la taille de la patinoire de la prochaine compétition, comme sur ces championnats où la patinoire était plus courte de 4 mètres par rapport à une patinoire olympique.

Pour revenir à la compétition, les Zoulous ont complètement maîtrisé leur sujet : patinage très proche, très propres, avec une grande vitesse et une belle qualité d'exécution. Les portés du début de programme libre tournent dans les deux sens, les entrecroisements se font sans problème dont le dernier en triangle à la toute fin du programme. Le thème de James Bond si cher à Yu-Na Kim semble leur coller à la peau. Score sans appel : plus de 20 points de différence avec leurs adversaires.

C'est plutôt du côté des Atlantides de Bordeaux qu'on a eu chaud : 2ème du programme court, l'équipe s'empare du titre de vice-championne de France avec la troisième place du libre. Le thème égyptien est plutôt bien senti, mais il reste quelques imperfections de ci de là, comme des petites mains qui traînent pour un peu pousser le patineur qui vient en face sur un entrecroisement. Une impression peut être un peu moins fluide, avec cependant une bonne vitesse d'exécution.

La Team Synchro Energie n'est pas passé loin, l'écart est de deux tout petits points exactement avec les bordelais. La deuxième place de libre ne suffit pas, il faut se contenter de la médaille de bronze. La musique est bien composée, avec un crescendo aboutissant sur les notes entraînantes de 'Ritmo de la Noche', mais là encore des imperfections comme une chute sur l'évolution en quatre lignes parallèles, ou un grand aigle non tenu.

En quatrième place, l'équipe Ex'L Ice, qui sans démériter était d'un niveau quelque peu inférieur (plus de 15 points de retard).

Prochain grands rendez-vous à venir : la French Cup à Rouen du 2 au 4 février puis la Spring Cup à Milan 15 jours plus tard. A l'issue de ces deux compétitions, on connaîtra le nom de l'équipe qui représentera la France aux championnats du Monde de Göteborg en avril.

5 comments

  1. Merci pour cet article de patinage synchronisé, puisqu’en parle que rarement,
    en revanche depuis 4 ans Bordeaux a complètement maitrisé la discipline , donc dire que qu’on a l’habitude du duel “Bordeaux-Lyon”, je ne suis pas tout à fait d’accord!

    Cordialement

  2. Merci pour l’article; C’est vrai que le patinage synchronisé est peu médiatisé !
    Mais quand on ne connait pas bien une discipline on se renseigne sur le vocabulaire spécifique, et ses règles.
    Le patinage synchronisé ne se pratique pas à une quinzaine mais à 16 exactement. Les principaux éléments sont les lignes, cercles, roues, blocs, intersections, mouvement en isolation et etc…. La majorité des éléments sont patinés “attachés”, sauf les cercles et les blocs (No hold), et les mouvements en isolation. Les roues et les cercles peuvent “se déplacer” sur la glace. Les passages d’un élément à un autre s’appelent des transitions et moins on les voit mieux c’est.
    C’était un bref résumé !

    Sportivement

  3. Un grand merci pour l’article.

    Xavier, si tu regardes dans l’histoire de la synchro française, Benjamin a tout à fait raison de dire que Bordeaux et Lyon ont toujours été de grands adversaires. Et si Bordeaux a remporté le titre les années précédentes, Lyon maîtrise aussi la discipline cette année. 😉

    Fan2Synchro, si en Senior Elites les équipes sont effectivement composées de 16 patineurs, elles peuvent regrouper une quizaine voire moins dans d’autres catégories. Pour le reste des remarques, je ne pense pas que l’objectif de l’article était de faire un cours sur les éléments du patinage synchronisé aux néophytes, mais plutôt de parler de ce qui s’est passé sur la glace à Dammarie-les-Lys.

    Tout ça pour dire que vos remarques sont du détail et ne relèvent pas la seule grosse erreur de l’article. Mais vu tous les articles produits pour ce week-end on ne peut que féliciter la rédaction qui, je le rappelle, n’est pas une cohorte de 80 journalistes sportifs.

  4. Petite précision au commentaire de Fan2syncho: Le patinage synchronisé peut se pratiquer à moins de 16. Cela dépend de la catégorie. Et certains cercles peuvent aussi être attachés, cela dépend toujours du niveau de l'élément…

    Et les Ex'L Ice venant d'arriver, il est normal qu'ils aient du retard, mais s'ils ne participent pas, ils ne verrons aps le niveau. Cette année déjà ils se rapprochent des 3 autres grandes équipes.

    Il faut bien un peu de challenge non ?

     

    (soit dit en passant, les entrainements peuvent commencer vers 6h ou se terminer vers 23h…. il faut bien s'organiser avec l'emploi du temps de chacun… )

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