Euros 2011 : Court Messieurs

Un coup d’oeil au classement suffit pour constater la prise de pouvoir de la jeune génération. En effet, Florent Amodio devance sur ce court Michal Brezina et Artur Gachinski. Les écarts restent tout de même très faibles, et un retour de Brian Joubert ou de Tomas Verner, en difficulté ce jeudi, n’est pas inenvisageable.

 

Il savait qu’il avait le talent et l’expérience nécessaire pour viser très haut pour son premier championnat d’Europe : Florent Amodio a su faire face à la pression et aux attentes pour donner le meilleur de lui-même. Serein et extrêmement concentré, il n’est jamais sorti de son programme et a transmis sa fougue, sa musicalité, sa passion, avec l’aisance et l’insouciance de la jeunesse. Et si on a pu regretter en début de saison des choix de programme manquant de nuances et de recherche dans leur composition, force est de constater que Florent s’investit dedans avec beaucoup de force et de sensibilité. Et pour cette saison, c’est suffisant pour emporter l’adhésion, alors qu’il gravit peu à peu les échelons de la hiérarchie internationale. Euphorique au Trophée Bompard, il est retombé sur terre aux championnats de France où il a malgré tout pris une belle deuxième place…mais cela lui a permis de se remobiliser, de se remettre en question pour arriver dans les meilleures conditions à ce championnat d’Europe. Il se retrouvera samedi dans une situation inédite, et il a les armes pour y faire face. A lui de conserver son calme, pour ne pas se laisser griser par l’enthousiasme de la performance, et vivre ce moment dans toute son intensité.

Son rival le plus sérieux est Michal Brezina : le patineur tchèque était dans l’inconnu suite à une première partie de saison perturbée. Il a en tout cas répondu présent sur ce programme court : son patinage, à la fois souple et puissant, est remarquablement complet, et sa composition de programme reflétait avec beaucoup d’aisance les tensions rythmiques du discours musical. Comme Florent Amodio (ils sont nés tous les deux en 1990), il a l’expérience et la maturité nécessaires pour affronter cette situation, et jouer sérieusement le titre samedi. Il restera tout de même une interrogation sur sa condition physique, car il est plus difficile de compenser sur un libre le manque de compétition.

Artur Gachinski prend la troisième place, grâce notamment à une combinaison quadruple-triple remarquablement exécutée. En meilleure forme que sur les Grand Prix, il aura aussi une belle carte à jouer sur le libre. A 17 ans et sortant des rangs junior, ce sera cependant une situation nouvelle. Il est aussi pour l’instant pénalisé par une composition de programme très faible, qui ne peut que le desservir sur la note de composantes. Mais il pourra certainement progresser à l’avenir, à condition de d’abord confirmer une régularité technique.

Kevin Van der Perren a lui aussi réussi une combinaison quad-triple, ce qui lui permet de prendre la quatrième place juste derrière Gachinski. Pour le reste, on retrouve forcément les lacunes du patineur belge : des pirouettes à l’arrêt, des pas bâclés, une glisse sans fluidité….mais euphorique sur les sauts et en pleine confiance, il sait qu’il peut compenser. Il sera forcément un client sur le libre, pour viser à 28 ans une nouvelle médaille.

Tomas Verner et Brian Joubert prennent les cinquième et septième places. Le programme du Tchèque fut marqué par une chute sévère sur le triple Axel…de plus, son programme manquait d’ampleur, de sensibilité, en étant davantage une redite des années précédentes. Il reste dans la course, mais devra proposer bien mieux sur le libre, qui lui a réussi cette saison en Grand Prix. Pour Brian, la situation est encore bien plus précaire puisqu’il ne patinera pas dans le dernier groupe. Après un accroc à la réception du quadruple (mais la combinaison est assurée), il chute sur un triple Lutz hésitant dès sa préparation. C’est la même erreur qu’aux Jeux, tellement frustrante alors qu’il s’agit de son saut le plus sûr. Physiquement, il a semblé à la peine pour tenir un programme très exigeant de caractère et de gestuelle. Et cela provoque forcément des inquiétudes pour samedi…si pour l’instant, c’est une désillusion au cours d’une saison complexe, en dents de scie, on peut tout de même espérer que Brian se reprenne. Pour au moins tout donner, quel que soit le résultat.

Samuel Contesti s’intercale entre Tomas et Brian : comme à son habitude, il était bien plus en confiance qu’au début de saison, et a livré un programme plein de fougue et d’humour, même si manquant parfois de subtilité. Avec la réussite sur les sauts même si ceux-ci sont passés de justesse. Il sera lui aussi un candidat au podium samedi, alors qu’il est souvent plus à l’aise sur les programmes libres.

Kristoffer Berntsson est huitième grâce un programme sensible et poétique : les réceptions de sauts sont écrasées mais il a assuré l’essentiel. Il devance Peter Liebers qui confirme ses bonnes performances de la saison.

Déception par contre pour Alban Préaubertet Javier Fernandez. Une chute sur le triple boucle pour Alban l’empêche de prétendre à mieux alors qu’il n’avait pas droit à l’erreur. Il tentera de remonter sur un libre où il n’aura rien à perdre. Quant à Fernandez, il trébuche deux fois sur sa séquence de pas et son programme manquait de rodage, après une préparation récente un peu difficile. On attendait mieux également d’Adrian Schulteiss, mais il ne pouvait espérer davantage : son début de saison était chaotique, il a changé d’entraîneur, et il n’avait ni la condition physique ni la confiance. Konstantin Menshov est lui aussi très loin…cependant, à 27 ans et sans aucune expérience des grandes compétitions, ce relatif échec restait assez prévisible. Son titre national est déjà une récompense presque inespérée.

La Suisse qualifie deux patineurs pour le libre : Laurent Alvarez a agréablement surpris avec la seizième place, alors que Stéphane Walker prend la vingt-quatrième et dernière place qualificative. C’est terminé par contre pour Morris Pfeihofer, trop fébrile sur les sauts.

Kim Lucine se qualifie en vingtième position, avec un programme relativement propre. Mais l’absence de triple Axel coûte cher à ce niveau.

 

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